Editorial

Par Amélie Rigollet
Publication en ligne le 13 avril 2017

1De jeunes chercheurs se réunirent, à l’appel de l’association Janua, le 7 avril 2016, pour commenter le rapport entre un « pouvoir » et ses « instruments », protéiformes. En effet, les « instruments de pouvoir » peuvent avoir différentes acceptions selon leurs cadres d’interprétation. Ces instruments peuvent installer ou renforcer une autorité, grâce à leurs natures variées et leurs multiples utilisations. Les enjeux, les succès ou échecs éventuels de leurs usages furent commentés à travers huit communications. Les fruits de ces observations sont rassemblés dans cette cinquième édition numérique des Annales de Janua, pour permettre aux chercheurs et aux curieux de croiser diverses perspectives à diverses époques.

2Au cours de la journée, deux axes d’analyse furent retenus. Une première session, relative aux « Souverains et instruments de pouvoir », se focalisait sur la manière dont un pouvoir recourt à différents instruments – objets ou symboles – pour renforcer son autorité. Ainsi, Justine Breton, en se concentrant sur Excalibur, constate un « déplacement symbolique perceptible dans la représentation de l’épée » entre les œuvres de Geoffroy de Monmouth et Robert de Boron, qui traduirait « l’évolution de la conception de l’autorité royale elle-même, entre les xiie et xiiie siècles ». Benoît Lefebvre compare la perception de trois symboles guerriers, l’arc, la flèche et le carquois. Il relève un décalage de sens entre mondes orientaux et romains, et remarque un glissement symbolique, mélioratif, de la perception de l’arc à Rome. A partir de sources littéraires de l’Antiquité tardive (ive siècle), Maxime Emion observe la récurrence du « motif de l’improvisation de la pourpre et du diadème, insignes du pouvoir impérial, lors de l’élévation au pouvoir des usurpateurs ». Ces instruments de pouvoir deviennent ainsi des « outils de communication politique ». Jean-David Richaud examine la manière dont la titulature est utilisée par les Seldjoukides (xie-xiie siècles), pour développer une politique complexe d’intégration en territoire turc, « tout en restant fidèles à leurs origines ».

3La seconde session de la journée commentait des sources variées, « des arts aux registres en passant par le paysage urbain : les instruments de pouvoir et leurs multiples facettes ». Malgré la diversité des types d’instruments de pouvoir étudiés dans cette session, un fil directeur relie les différentes communications : la revendication ou l’affirmation d’une domination, matérielle et symbolique, sur un espace donné. Anne-Charlotte Panissié démontre que les trépieds consacrés à Apollon sont récupérés politiquement par la confédération hellénistique béotienne pour affirmer la mainmise fédérale sur le sanctuaire du Ptoion. Il s’agirait donc d’une appropriation de « cet instrument de culte pour en faire un instrument et un signe de pouvoir » pour « l’ethnos des Béotiens ». Lise Levieux, à travers le cas de ville de Rouen à la fin du Moyen Âge, démontre que « les différents acteurs, aussi bien religieux que laïcs, présents dans l’espace urbain, ont marqué le territoire de façon matérielle autant qu’immatérielle », soit par la « monumentalisation », par « la création de territoires définis comme espaces socialisés appropriés » ou encore par le choix des itinéraires processionnels. Clémence Arnault analyse le rôle de l’art dans la domus pompéienne, et « s’interroge sur la manière dont le choix des thèmes mythologiques selon le type de pièce de la domus peut être un moyen d’afficher son exemplarité sociale et d’exercer un pouvoir sur les membres d’un groupe social ou politique ». Enfin, Emmanuel Melin étudie la manière dont l’échevinage de Reims, au xve siècle, effectue des compilations d’archives dans un climat conflictuel, pour se défendre juridiquement face au pouvoir archiépiscopal. « En vingt ans, l’échevinage s’est doté d’instruments de gestion et de mémoire, qui sont autant d’attributs du pouvoir ».

4Je tiens à remercier les différents acteurs qui ont contribué à l’aboutissement de ce processus éditorial. Tout d’abord, je remercie l’association Janua, qui est à l’initiative de la journée et de la revue. Plus précisément, Mélanie Riveault, Sarah Casano, Alexandre Noguera, Caroline Lambert ont géré la première partie de ce projet, depuis l’appel à candidature jusqu’à l’organisation de la journée d’étude. J’adresse un remerciement particulier à Sébastien Biay, membre de l’association, pour son rôle de président de séance. L’Université de Poitiers, les laboratoires HeRMA et CESCM ont soutenu ce projet, qui n’aurait pu aboutir sans leur contribution. Le comité scientifique a assuré la qualité de cette revue, depuis la sélection des candidats jusqu’à la relecture scientifique des articles. Martin Aurell, Nadine Dieudonné-Glad, Laurent Hablot, Estelle Ingrand-Varenne, Yves Lafond, Vincent Michel, Nicolas Prouteau, Ghislaine Stouder doivent ainsi être salués.

5Je remercie également les relectrices qui ont assuré la qualité formelle de ces articles, à savoir Juliette Kocher, Pauline Maouchi, Caroline Lambert et Alessia Chapel. Je remercie les huit auteurs, pour leur persévérance au cours de ce long cheminement éditorial. Je rends également hommage au travail rigoureux de Vanessa Ernst-Maillet, secrétaire d’édition et atout précieux de la revue, responsable de la mise en ligne des articles. Sylvain Sonnet, du service I-Médias, a également contribué à cette dernière étape. Enfin, je remercie chaleureusement Alessia Chapel, pour m’avoir épaulée lors des minutieuses relectures finales.

Pour citer ce document

Par Amélie Rigollet, «Editorial», Annales de Janua [En ligne], n° 5, Les Annales, mis à jour le : 02/04/2019, URL : https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr:443/annalesdejanua/index.php?id=1706.

Quelques mots à propos de :  Amélie Rigollet

Statut : Doctorante et A.T.E.R., Université de Poitiers – Laboratoire : CESCM, UMR 7032 – Sujet de thèse : La famille de Briouze (1066-1326) - Directeurs de thèse : sous la codirection de Martin Aurell (CESCM, Université de Poitiers) et de Daniel Power (University of Swansea) - Thématiques de recherche : Normandie, îles britanniques, chevalerie, seigneurie, pouvoir, conquête, frontières, violence, monographie familiale, parenté – Contact : amelie.rigollet@univ-poitiers.fr