- Accueil
- > Les Annales
- > n° 1
- > Deuxième partie : datation
- > Coroplathie et datation dans l’Égypte gréco-Romaine : état de la question
Coroplathie et datation dans l’Égypte gréco-Romaine : état de la question
Par Élodie Rotté
Publication en ligne le 15 avril 2013
Résumé
The question of dating the Egyptian terracotta figures is at the heart of the Egyptian coroplastic studies, which has known a new impetus for the last few years. It is, however very problematical as there are few archaeological data available to researchers since most of the artefacts come from ancient excavations and looting. Once these observations noticed, we must determine how to effectively overcome these shortcomings: which studies should be conducted and which techniques should be implemented in order to propose reliable dating?Most of the studies on terracottas conducted for this aim are technical and iconographical. Nevertheless, the information given by these studies could only be used as starting points for a reflection on the dating of terracottas without archaeological context.The advances of dating by physicochemical analysis brings hope for dating terracotta figures, nonetheless they face technical, methodological and financial limitations that restrict their implementation.
La question de la datation des figurines de terre cuite est au cœur des études de la coroplathie égyptienne, qui connaît depuis quelques années un nouvel élan. Elle s’avère cependant problématique puisqu’elle doit faire face à d’importantes lacunes concernant les données archéologiques des objets qui, pour la plupart, proviennent de fouilles anciennes ou de pillages. Une fois fait ce constat, il s’agit de déterminer comment pallier efficacement ces lacunes : quelles études mener et quelles techniques mettre en œuvre afin de proposer des datations fiables ?Les études les plus couramment effectuées sur les figurines de terre cuite dans ce but sont de nature technique et iconographique. Néanmoins, les éléments fournis par ce type d’analyses ne peuvent servir que de points de départ à une réflexion sur la datation des figurines sans contexte archéologique.Les progrès des analyses physico-chimiques de datation apportent également un espoir de dater des figurines mais elles se heurtent à des limites techniques, méthodologiques et financières, qui en restreignent la mise en œuvre.Enfin, depuis une trentaine d’années, plusieurs sites fournissent des ensembles coroplathiques dont les données archéologiques sont attentivement relevées et qui offrent donc de nouvelles perspectives.
Mots-Clés
Table des matières
Texte intégral
Introduction
1La question de la datation des figurines de terre cuite provenant d’Égypte est tout à fait d’actualité car l’étude de la coroplathie égyptienne connaît depuis quelques années un nouvel élan. Ces études se heurtent effectivement à la question de la datation de leur objet d’étude.
2En effet, une grande partie du matériel à disposition des chercheurs provient de fouilles anciennes ou de pillages. Bien souvent leur lieu et leur contexte de découverte, et donc leur datation précise, nous sont inconnus. Lorsqu’elle est établie, c’est donc sur l’appui de critères techniques, iconographiques et stylistiques. Face à une telle lacune, nous verrons si l’emploi des techniques archéométriques de datation apporte des solutions adéquates. Enfin, nous montrerons que depuis une trentaine d’années, plusieurs sites fournissent des ensembles coroplathiques dont les contextes sont scrupuleusement relevés. Ces nouvelles données vont donc permettre, non seulement de dater précisément ce nouveau matériel et, par comparaison, de redater le matériel ancien, mais également de mener des études plus détaillées sur l’évolution iconographique et technique des figurines ainsi que celle de leurs modalités de production et de consommation.
Le matériel connu
3La plus grande partie du matériel à disposition des chercheurs consistait jusqu’à très récemment en des collections de musée. La plupart des grands musées nationaux possèdent en effet des figurines de terre cuite, lesquelles sont publiées au sein de catalogues. On peut citer les collections du Département des Antiquités Égyptiennes du musée du Louvre1, du Department of Greek and Roman Antiquities et du Department of Ancient Egypt and Sudan du British Museum2 ou encore du Department of Classical Antiquities du Museum of Fine Arts of Budapest3. Nous avons cependant affaire, dans les musées, à un matériel dont les données archéologiques sont souvent déficientes. Donald Bailey résume la situation dans son catalogue: « Except for material from official excavations, all find-posts are uncertain. This is the position not only with the British Museum terracottas, but with all comparanda noted in other museums and private collections4. » Nous verrons donc comment ces collections se sont constituées et les conséquences qui en ont découlé sur la collecte et la conservation des informations relatives à leur datation.
Les collections privées et les filières parallèles
4Les collections privées étaient majoritairement composées d’objets provenant de fouilles clandestines, de pillages, ou achetés à des sebakhins5 et à des antiquaires. Elles sont la première source des collections de musées, ceux-ci les ayant principalement acquises grâce à des dons et des legs.
5Une autre partie des collections des musées s’est directement constituée grâce à des filières parallèles. Ainsi, l’achat d’objets provenant de fouilles clandestines n’est pas rare. Donald Bailey mentionne la découverte d’une série de terres cuites à Teadelphia au cours d’une fouille clandestine6 et signale que certains fouilleurs, comme Petrie, se procuraient librement du matériel archéologique auprès des sebakhins7. Élisabeth Delange rapporte des propos de Clermont-Gayet, à propos des fouilles d’Éléphantine, mentionnant le fait qu’il se fournissait en antiquités auprès de marchands et d’antiquaires d’Alexandrie et du Caire. Il avait même obtenu un crédit spécial, prévu à cet effet, auprès de l’Académie des inscriptions et belles-lettres8. De plus, la législation en matière de fouilles archéologiques n’était pas aussi stricte qu’aujourd’hui et la recherche du bel objet avait encore souvent la primeur sur la compréhension de l’histoire et de l’évolution des sites. Perdrizet rapporte qu’à la fin du xixe siècle les musées étrangers envoyaient dans le Fayoum certains de leurs employés, à la recherche de figurines de terre cuite afin d’élargir leurs collections9.
6Le matériel provenant de collections privées ainsi que celui acquis par les filières parallèles étant issu de pillages, de vols et de fouilles clandestines, son origine reste très souvent inconnue ou approximative. De plus, ces informations restent peu fiables dans la mesure où les sebakhins et les antiquaires n’avaient aucun intérêt à révéler leurs sites d’approvisionnement. Nous avons donc affaire à un matériel isolé de son contexte de découverte et du matériel associé qui aurait pu permettre de proposer une datation.
Les fouilles officielles
7Cependant, une grande partie des collections de musées est constituée de matériel mis au jour lors de fouilles officielles. Une part importante des figurines de terre cuite conservée au Musée du Louvre provient en effet d’Antinoé10. Les fouilles de ce site eurent lieu entre 1897 et 1910 et furent financées par plusieurs institutions publiques et privées, dont le Musée du Louvre, ainsi que par un industriel français, Émile Guimet. Les objets mis au jour lors de ces campagnes furent répartis entre les organismes ayant financé le projet. Certaines figurines revinrent donc directement au Musée du Louvre et d’autres furent remises à Émile Guimet. Celui-ci fonda le Musée Guimet de Lyon en 1912 et y fit déposer une partie des figurines, plus tard déplacées au Musée des Beaux Arts de Lyon. Un dernier lot fut placé au Musée Guimet de Paris, puis cédé au Louvre en 194811.
8Le traitement et la conservation de ce matériel ont eu des conséquences importantes sur sa connaissance et son étude. Il a été dispersé et a subi de multiples transferts durant lesquels il a été mélangé avec du matériel d’autres provenances, si bien que désormais les quelques informations de terrain concernant ces figurines ont été égarées. Pire encore, la provenance des objets ne peut plus être assurée.
9Hormis ces difficultés, on pourrait penser que la situation du matériel mis au jour au cours de fouilles officielles serait meilleure. Or, les fouilles de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle avaient bien souvent pour objectif la recherche de « beaux objets », destinés aux collections des musées occidentaux. Cette quête se faisait alors au détriment de l’étude des contextes archéologiques mais également de l’attention portée aux objets moins prestigieux dont faisaient partie les figurines de terre cuite. Aussi, le recueil des informations de terrain est bien souvent déficient12. Françoise Dunand rapporte les propos suivants concernant une fouille à Éléphantine : « à l’extrémité orientale du temple romain », « en grattant un peu un petit coin du kôm »13. Petrie, en 1904, déclarait quant à lui à propos de figurines découvertes sur le site d’Ehnasiya: « […] of the 166 figures he illustrates, 73 or fewer (it is not clear) came from houses to which he gives a date, and an unknown number were found in undatable circumstances […] »14.
10Il est tout de même important de citer le cas particulier d’Ehnasya, où Petrie découvrit en 1904 d’importants lots de terre cuites dans des maisons, qui ont pu être respectivement datées de la première moitié du iiie siècle (maison N), du milieu du iiie siècle (maisons M et K) et du milieu du ive siècle (maisons B, D et H)15. Ces données fournissent ainsi un terminus ante quem très intéressant pour ce type de matériel.
11Ces mauvaises conditions d’acquisition du matériel coroplathique ont eu pour conséquence une perte d’informations, si bien que l’origine d’une partie des objets est aujourd’hui totalement inconnue. On ne connaît plus ni leur date16 ni leur condition d’entrée dans les musées, pas plus que leur site de provenance et encore moins les circonstances et le contexte de leur découverte. Face à l’absence de données archéologiques qui pourraient nous permettre d’établir la datation de ces objets, plusieurs pistes d’étude s’offrent à nous.
L’apport des études technique et iconographique
12Au vu des lacunes concernant les données archéologiques, les chercheurs se doivent de pallier les problèmes de datation de ces objets. Une étude technique et iconographique approfondie apporterait-elle alors une solution efficace ?
L’étude des techniques de fabrication
13L’étude des techniques de fabrication pourrait peut-être permettre de proposer une datation à ces figurines car leur fabrication résulte de procédés qui ont évolués au cours du temps17. La plus ancienne est le modelage, qui consistait simplement à façonner les figurines à la main18. Cette technique fut employée depuis l’époque prédynastique jusqu’au Nouvel Empire, qui voit apparaître l’utilisation du moulage.
14En effet, les artisans égyptiens n’attendent pas l’arrivée des Grecs pour adopter cette seconde technique. Du Nouvel Empire à la Basse Époque19, on voit se développer l’emploi du moulage en plein20, appelé parfois estampage21.
15On peut noter qu’à cette époque, apparaissent dans les établissements du nord de l’Égypte (Naucratis, Tell el-Herr), des figurines moulées, importées du monde grec. Mais il semble qu’il faille attendre la conquête de l’Égypte par Alexandre en 332 avant J.-C., et sans doute plus précisément la fondation d’Alexandrie en 331 avant J.-C., pour voir se généraliser l’emploi du moulage en creux22. Cette technique, qui consiste à mouler séparément l’avers et le revers d’une figurine et à les assembler avant la cuisson, eut rapidement un grand succès et fut utilisée durant toute l’époque gréco-romaine, de la fin du ive siècle avant J.-C. jusqu’à la fin du ive siècle après J.-C. Elle perdura à l’époque byzantine, qui vit cependant le retour, pour certain types iconographiques, du moulage en plein et du modelage.
16L’évolution du mode de cuisson des figurines de terre cuite sur un site pourrait également être une piste envisageable. Hanna Szymańska, qui publie les Terres cuites d’Athribis en 2005, remarque en effet qu’à Athribis, entre le début de l’époque ptolémaïque et l’époque romaine, la cuisson des objets est mieux maîtrisée, comme en atteste leur couleur et leur poids23. Toute généralisation doit cependant être évitée et cette amélioration doit être reliée au développement des ateliers de coroplathes sur le site.
17Enfin, Pascale Ballet note qu’on observe généralement un affaiblissement des détails et un empâtement général des figurines entre l’époque ptolémaïque, de laquelle sont issus une grande partie des prototypes, et l’époque romaine, à laquelle sont produits des avatars tardifs des ces prototypes24. Ce phénomène s’explique par la pratique intensive du surmoulage25. Ainsi le relief très émoussé d’une figurine et les retouches sommaires parfois opérées à sa surface peuvent être des indices d’une datation tardive.
18En l’état actuel des connaissances, la chronologie des techniques de fabrication est assez élémentaire. Elle s’appuie sur des données recueillies lors des fouilles anciennes, ainsi que sur des comparaisons avec du matériel provenant d’autres civilisations des bords de la Méditerranée (monde grec, Proche-Orient). Elle a ensuite été confirmée et précisée par quelques récentes études en contexte sur lesquelles nous reviendrons. La poursuite de telles études permettra sans doute de préciser cette chronologie mais il faut garder à l’esprit que les disparités techniques peuvent résulter de nombreux autres facteurs (ateliers, artisans…)26. De fait, l’étude des techniques de fabrication nous permet d’attribuer assez aisément la plupart des figurines de terre cuite à l’une des grandes époques de l’Histoire égyptienne. Cependant, il s’agit là de périodes s’étalant sur plusieurs siècles et nous ne pouvons nous contenter de telles fourchettes.
L’étude des matériaux
19L’analyse des matériaux de fabrication, qu’elle soit macroscopique ou microscopique, ne semble pas être pertinente pour déterminer la datation des figurines. A l’œil nu, nous pouvons distinguer deux grands types d’argiles : les argiles limoneuses, présentes tout le long du Nil, et les argiles calcaires27. Les premières furent invariablement utilisées durant toutes les époques et sur tout le territoire égyptien. L’emploi des argiles calcaires, provenant de la côte nord de l’Égypte, était moins fréquent28. De plus, à partir du ier siècle après J.-C., sont produites dans les ateliers d’Assouan des figurines faites d’une pâte rosée dite kaolinite, mais cela ne concerne qu’un nombre réduit d’objets29. Enfin, un petit nombre de figurines serait fait à partir de ce que l’on appelle le « Ptolemaic Black Ware »30, une argile limoneuse couverte d’un engobe et cuite en atmosphère réductrice, lui donnant une couleur noire après cuisson.
20On notera également, comme le mentionne Pascale Ballet31, qu’en dehors de ces grandes subdivisions, il existe sans doute des variations de composition liées soit à des particularismes géographiques, soit à des techniques de préparation de l’argile. Celles-ci pourraient fournir, à terme, des indications de datation, mais ces pistes n’ont, à l’heure actuelle, été que très faiblement exploitées32. Quelques chercheurs ont en effet entrepris des analyses physico-chimiques afin de déterminer la nature des matériaux employés, cependant tous avaient pour objectif non pas de dater les figurines, mais de déterminer leur provenance et déceler d’éventuels ateliers33. D’une manière générale, l’étude des matériaux ne fournit aucune indication quant à la datation du matériel coroplathique.
L’analyse des éléments figuratifs
21On peut supposer que l’analyse de certains éléments représentés sur les figurines elles-mêmes nous fournira des renseignements sur leur datation. L’étude des vêtements portés par les personnages, de leur coiffure, de leurs bijoux ou encore des éléments de mobiliers qui les entourent est en effet une piste intéressante pour tenter de proposer une datation fiable.
Les costumes : vêtements quotidiens, cultuels et professionnels
22Ainsi, les personnages que représentent les figurines gréco-romaines portent des vêtements inspirés de la mode grecque, très répandue en Égypte durant toute la période tardive34. Le vêtement féminin se compose donc le plus souvent d’une tunique longue et d’un manteau drapé, le costume masculin d’une tunique courte et éventuellement d’un manteau court lui aussi. Les jeunes enfants, comme le petit dieu Harpocrate, sont quant à eux soit tout simplement nus, soit vêtus d’une tunique courte retroussée35 (fig. 1). L’étude des vêtements quotidiens est donc un critère assez peu concluant pour attribuer une datation précise à nos objets de terre cuite.
23De la même manière, les vêtements cultuels ont peu varié au cours du temps en Égypte et si leur représentation sur les figurines de terre cuite n’apparaît qu’à l’époque hellénistique, ils ont incontestablement une origine égyptienne. On peut citer, par exemple, le vêtement porté par la déesse Isis ainsi que par les femmes liées à son culte, composé d’un manteau à franges, noué sous la poitrine36. Ou encore le costume des prêtres qui consiste le plus souvent en un simple pagne long noué à la taille37, vêtement immuable depuis les débuts de l’époque pharaonique jusqu’à la période romaine.
24Il faut cependant nuancer le constat. Grâce au matériel mis au jour sur le site d’Athribis et étudié par Hanna Szymańska, quelques jalons ont pu être posés sur la chronologie des vêtements et des couvre-chefs représentés sur la petite plastique de terre cuite38. Ces indications peuvent donc servir de point de départ à une réflexion sur la datation des terres cuites.
Figure 1 : Harpocrate. Musée du Louvre : Inv. AF 7740. (Cliché : Musée du Louvre). On remarque la couleur gris foncé, qui témoigne d’une cuisson réductrice. On note également que le jeune dieu est nu et qu’il porte la bulla ainsi que des anneaux aux bras et aux chevilles. (Voir l’image au format original)
Les coiffures
25L’étude des coiffures concerne surtout les figurines féminines des époques grecque et romaine. En effet, on peut envisager des points de comparaison entre les coiffures représentées sur ces objets et celles figurées sur les portraits ptolémaïques et romains, qu’il s’agisse de statues, de bustes, de monnaies39 ou encore de portraits peints, notamment ceux dits « du Fayoum », figurant sur des cartonnages accompagnant les momies romaines40. Hanna Szymańska propose à ce sujet de nombreuses et très pertinentes comparaisons dans son ouvrage sur les terres cuites d’Athribis41.
26Bien que la succession des modes capillaires soit assez bien connue grâce aux représentations impériales, il ne s’agit pas cependant d’un critère de datation absolu. En effet, on remarquera tout d’abord que l’identification, et donc la datation, de certains portraits royaux est encore fortement discutée42. De plus, on notera que suivre la mode n’était pas obligatoire : une coiffure portée par exemple par une impératrice lors d’une visite pouvait perdurer dans la localité concernée. Enfin, il est nécessaire de mentionner un possible décalage temporel entre la mode à Rome et à Alexandrie, et son arrivée dans la chora égyptienne43.
27On peut également ajouter que ces comparaisons sont difficiles dans la mesure où les figurines sont des objets de petites dimensions et rarement de bonne qualité, ce qui ne facilite pas la lecture de certains détails comme des coiffures.
28Si l’étude des coiffures est un élément non négligeable pour la datation de certaines figurines de terre cuite, il faut cependant rester prudent et combiner, dans la mesure du possible, les informations recueillies avec d’autres critères de datation.
Les bijoux et le mobilier
29Dans l’Égypte gréco-romaine, les bijoux étaient portés autant par les femmes que par les hommes et les enfants, ce qui explique leur présence sur de nombreuses figurines anthropomorphes. On observe ainsi sur les figurines de terre cuite une variété de colliers, chaines, pendentifs, bracelets, anneaux de chevilles et boucles d’oreilles. Le dieu enfant Harpocrate, par exemple, est souvent représenté avec un pendentif circulaire autour du cou44. Il porte parfois également des bracelets et des anneaux de cheville45 (fig. 1).
30Cependant, la chronologie des bijoux est peu précise, surtout pour la période gréco-romaine. Un même modèle a pu être reproduit durant une longue période et dans la mesure où il s’agit d’objets précieux, transmis de génération en génération. Leur « durée de vie » était ainsi prolongée, ce qui complique encore davantage leur datation. Enfin les bijoux sont très souvent représentés de manière élémentaire, très petits et le relief est généralement trop atténué pour pouvoir en distinguer clairement les détails46.
31Il est donc illusoire d’espérer identifier avec certitude le modèle de bijou représenté et de le comparer avec un objet daté afin de proposer une datation précise de la figurine.
32Enfin, les objets mobiliers qui entourent parfois les personnages sur les petits reliefs en terre cuite sont souvent trop communs, trop simplifiés et donc trop peu reconnaissables pour pouvoir servir de fondement à la datation des figurines.
L’étude du style
33L’étude du style est ici traitée à part car, bien qu’étant l’un des principaux critères employés jusqu’alors pour dater les figurines publiées dans les catalogues de musée, il n’en reste pas moins très subjectif. Le style se traduit en effet par le modelé des corps et des drapés ou encore dans l’expression des visages. On peut alors distinguer les canons de représentations égyptiens de ceux spécifiques aux représentations grecques.
34Souvent, sans doute par commodité, l’étude du style est associée pour plus de pertinence à l’étude typologique et iconographique47. Ainsi sont intégrés à cette étude l’identification des personnages ainsi que celle des costumes, des coiffures ou encore des attributs. À partir des éléments ainsi recueillis, les figurines sont alors jugées comme appartenant au style égyptien, grec ou à un style mixte48. D’une manière relativement arbitraire, dans les catalogues, les figurines de « style grec » sont souvent considérées comme étant les plus anciennes et les pièces de « style égyptien »49, les plus tardives.
35Dans les catalogues les plus récents, le style n’est plus présenté comme un critère de datation fiable50. Hanna Szymańska, dans son ouvrage sur les figurines d’Athribis, lui accorde tout de même une place très importante puisque ses troisième et quatrième chapitres traitent respectivement de « Style et chronologie » et d’« Évolution stylistique et typologie »51. Cependant, dans ces deux chapitres, la question du style est finalement peu abordée. Elle y traite davantage de typologie et d’iconographie52.
36La question du style est complexe. En effet, si des différences de traitement existent entre diverses figurines représentant un même sujet, cela n’en reste pas moins un critère subjectif : il est d’ailleurs souvent associé à des études typologiques et iconographiques afin de pallier sa faible pertinence. En l’absence de nouvelles études fondées sur des figurines préalablement datées par leur contexte archéologique, on ne peut faire coïncider cette échelle stylistique, allant de l’« égyptisant » à l’« hellénisé », avec une quelconque échelle chronologique.
37Les éléments fournis par une étude technique et iconographique attentive, peuvent, une fois combinés, servir de points de départ à une réflexion sur la datation des figurines sans contexte archéologique. Mais cette étude, aussi sérieuse soit-elle, ne peut que difficilement aboutir à l’établissement de datations précises et fiables. La mise en œuvre de techniques archéométriques de datation pourrait-elle constituer une aide efficace pour dater plus précisément ce matériel ?
L’apport de l’archéométrie
38Les techniques physico-chimiques de datation ont été assez peu employées pour établir la datation de figurines de terres cuites53. Trois de ces techniques peuvent théoriquement être mises en œuvre pour dater du matériel de céramique cuite : l’archéomagnétisme, le radiocarbone et la thermoluminescence. En pratique cependant, il semblerait que seule la thermoluminescence ait été employée pour ce qui concerne la petite plastique de terre cuite. Les principes physiques et/ou chimiques sur lesquels reposent ces techniques ne seront pas abordés ici54. Dans un premier temps, un exemple d’emploi de la thermoluminescence pour la datation de matériel coroplathique sera présenté, en mettant en évidence les résultats obtenus et les difficultés rencontrées. Dans un second temps, les limites de l’emploi de ces techniques et les évolutions possibles à moyen terme seront exposées.
La datation par luminescence des tanagras du Louvre.
39A l’occasion de l’exposition « Tanagra – Mythe et archéologie », qui s’est tenue à Paris au Musée su Louvre du 19 septembre 2003 au 5 janvier 2004, les conservateurs du Département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines ont pris la décision d’entreprendre des analyses physico-chimiques sur un corpus d’environ 170 statuettes en terre cuite55. Ils désiraient notamment mettre en évidence la présence parmi leur collection, d’imitations des xixe et xxe siècles afin de les séparer des figurines antiques56. Il a donc été décidé de soumettre l’ensemble des objets à la thermoluminescence (TL)57 et à la luminescence stimulée optiquement (OSL). Après analyse des 165 échantillons finalement prélevés, les figurines ont pu être classées en deux ensembles bien distincts. Le premier correspond aux figurines antiques ; l’âge moyen des objets qui la compose est de 2300 ans à plus ou moins 200 ans. (2300 +/- 200), ce qui signifie une date de cuisson comprise en moyenne entre 500 av. J.-C. et 100 av. J.-C. environ. Les objets qui composent le second groupe ont une datation moyenne de 150 ans à plus ou moins 50 ans (150 +/- 50), ce qui correspond à une date de cuisson comprise entre 1800 et 1900 environ. Il s’agit donc de copies du xixe siècle.
40L’objectif de ces analyses, entreprises par le Musée du Louvre et réalisées par le C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France), était non pas de dater avec précision les figurines de terre cuite mais d’identifier les imitations du xixe siècle, et en cela elles ont parfaitement rempli leur mission.
Les limites
41L’archéomagnétisme et le radiocarbone, qui sont théoriquement applicables aux objets en terre cuite (en particulier la céramique, les briques, les fours de potiers…), n’ont visiblement pas été employés pour dater les figurines de terre cuite d’Égypte. Cela s’explique par le fait que leurs principes de fonctionnement les rendent inadaptées à ce type de matériel58.
42La thermoluminescence possède aussi des limites. En effet, elle indique la date de la dernière chauffe de l’objet, soit normalement la cuisson. Cependant, si celui-ci a été soumis après sa cuisson à une autre forte source de chaleur, comme un incendie, c’est ce dernier évènement qui sera daté et non la cuisson. De plus, si l’échantillon a été soumis à une source artificielle de radioactivité après sa cuisson, les mesures seront faussées et la date calculée sera plus ancienne que la date réelle de l’objet. En archéologie, l'incertitude d'une datation TL est de l'ordre de 10 %, et, pour des objets sortis de leur contexte archéologique, dont les objets conservés dans les musées, l'incertitude augmente jusqu'à 20 %. On remarque d’ailleurs que la datation proposée pour les tanagras antiques du musée du Louvre était soumise à une marge d’erreur de 200 ans, ce qui est cohérent avec le pourcentage d’incertitude inhérente à la technique. Ceci met finalement en évidence la relative imprécision de telles analyses et leur quasi-inutilité pour l’établissement de datations fines pour les figurines de terres cuites.
43En plus des limites techniques énoncées ci-dessus, ces analyses présentent d’autres inconvénients qui restreignent leur emploi pour la datation des figurines de terre cuite. Il s’agit tout d’abord de techniques destructrices nécessitant de prélever un échantillon de quelques milligrammes à plusieurs grammes sur l’objet. Si cela est difficilement envisageable sur du matériel conservé dans des musées, cela est d’autant plus problématique sur du matériel de petite dimension comme le sont la plupart des figurines. De plus, ces analyses sont réalisées en laboratoire avec du matériel de haute technologie et nécessitent parfois beaucoup de temps, ce qui les rend relativement coûteuses.
44La mise en œuvre de ces techniques archéométriques n’est pas anodine. Elle nécessite une préparation scientifique rigoureuse et des questionnements pertinents s’intégrant dans un programme de recherche. Les limites qui s’y appliquent n’en font pas une solution aisément envisageable pour permettre de dater l’ensemble du matériel dont il est ici question.
De nouvelles données
45L’étude du matériel de musée et plus particulièrement sa datation pose, comme nous l’avons montré, de nombreux problèmes, qui ne peuvent être simplement résolus par l’emploi des techniques archéométriques. Cependant, depuis une trentaine d’années, plusieurs sites archéologiques fournissent des ensembles coroplathiques dont les données archéologiques sont attentivement relevées et qui offrent donc de nouvelles perspectives.
Des études et des publications en cours
46Parmi les sites archéologiques où ont été trouvées des figurines de terre cuite, on peut mentionner : Tebtynis, Athribis, Karanis, Tell el-Herr, Bouto, Coptos, Tanis ou encore Alexandrie (fig. 2). Les données archéologiques et les contextes relevés permettent non seulement de proposer des datations précises pour ce matériel mais également de dater une partie du matériel de musée grâce à des comparaisons iconographiques et techniques. Ces datations vont rendre possible une meilleure compréhension des modalités de production et de consommation des figurines ainsi que de leur évolution iconographique et technique.
47Ce matériel est actuellement en cours d’étude et de publication. L’ouvrage le plus ancien concernant le matériel provenant d’un site spécifique est la thèse soutenue en 1985 par Marti Lu Allen sur les figurines de Karanis59. Une partie des figurines découvertes dans les nécropoles alexandrines a été étudiée par Dominique Kassab-Tezgör. Elles se trouvent dans le premier volume de Nécropolis, édité en 200160. Anna Szymańska a, quant à elle, publié les figurines d’Athribis en 200561. Une partie seulement des figurines de Tell el-Herr a été intégrée à l’un des volumes de la publication du site en 2007, l’étude ayant été menée par Pascale Ballet62. Elle a également mené l’étude des figurines d’Éléphantine, publiée en 201263. Enfin, le matériel de Tebtynis64 et de Naukratis est encore inédit et en cours d’étude alors que celui de Tanis n’est, à ma connaissance, pas encore étudié.
Figure 2 : Carte des sites archéologiques cités. (Dessin : E. Rotté). (voir l’image au format original)
48L’exemple de la publication des figurines d’Athribis
49Dans la monographie Terres cuites d’Athribis65, Hanna Szymańska relate l’étude qu’elle a menée sur les figurines de terre cuite mises au jour sur le site d’Athribis (Tell Atrib), situé dans le sud du Delta, par la mission archéologique polono-égyptienne au cours des années 1985-1991. L’ensemble se compose de 269 objets. Comme l’auteur le précise dans sa préface, l’un des principaux intérêts de cet ensemble tient au fait qu’il provient de contextes archéologiquement datés, ce qui permettra de réexaminer la chronologie des objets du même type reposant majoritairement, comme nous l’avons vu, sur des critères stylistiques.
50Ainsi, dans son premier chapitre, après avoir présenté l’histoire de la ville d’Athribis et l’historique des fouilles, Hanna Szymańska fait une première mention des objets mis au jour en les classant par zone de découverte, à savoir le quartier ptolémaïque divisé en deux sous-zones : « ateliers » et « bains » d’une part et le quartier romain et byzantin de l’autre. Le classement est ensuite affiné et répond alors à des données chronologiques. Ainsi les figurines provenant de la zone des ateliers sont reparties en trois groupes correspondant chacun à une phase chronologique : la haute époque ptolémaïque (fin du ive s. av. J.-C. – règne de Ptolémée V), la moyenne époque ptolémaïque (règne de Ptolémée VI et seconde moitié du iie s. av. J.-C.) et la basse époque ptolémaïque et le début de la période romaine (ier s. av. J.-C. - ier s. ap. J.-C.) Les figurines découvertes dans le quartier romain et byzantin sont datées jusqu’au ive siècle de notre ère. Dans cette première partie, Hanna Szymańska présente le contexte de découverte de chaque objet en précisant systématiquement les éléments de stratigraphie et les objets datant (monnaie, céramique, lampe…). C’est ce travail très méthodique qui donne toute leur valeur aux datations proposées.
51Ces dernières permettent à l’auteur de présenter dans son troisième chapitre, intitulé « Style et chronologie », un aperçu de l’évolution stylistique et typologique des figurines d’Athribis entre la haute époque ptolémaïque (iiie s. av. J.-C.) et le début de l’époque romaine (ier s. ap. J.-C.). Il serait d’ailleurs très intéressant de reproduire ce type de travail sur d’autres sites dont les contextes sont bien établis et d’en comparer les résultats afin de voir s’ils sont cohérents. La reproduction à grande échelle de ce travail pourrait permettre de constituer une typochronologie assez fine et suffisamment fiable, et bien sûr de proposer par la suite des datations solides pour le matériel sans contexte.
52Dans le quatrième chapitre, « Évolution stylistique et typologique », elle est donc en mesure d’entreprendre une analyse de l’évolution de certains détails caractéristiques, comme les yeux, les coiffures, les costumes ou encore les couvre-chefs, qui pourront ensuite servir de critères de datation pour l’ensemble du matériel coroplathique.
Les limites
53Cependant, même dans le cas idéal où les contextes de découverte des figurines sont connus, grâce notamment à une stratigraphie bien établie, il ne faut pas perdre de vue certaines limites inhérentes à l’objet d’étude lui-même, mais également à l’histoire du site et aux méthodes archéologiques employées66.
54Il faut tout d’abord noter que le corpus étudié ne correspond qu’à une faible partie de l’ensemble des figurines produites ou importées sur le site et en tout cas utilisées par les habitants de la ville. Il faut également prendre en compte le fait que ce matériel est en grande partie fragmentaire. En effet, ces deux phénomènes faussent obligatoirement les résultats de toute étude fondée sur des données quantitatives, notamment les études de la production et de la consommation des objets. Elles biaisent en outre les conclusions qui pourraient en être tirées, notamment sur les pratiques cultuelles et l’appartenance ethnique des populations.
55De plus, les datations proposées correspondent bien souvent au terminus ante quem67 de la fabrication des objets, c’est-à-dire la date la plus récente à laquelle ils ont pu être fabriqués. Cette date correspond en réalité à celle de leur enfouissement, celle de leur fabrication pouvant être bien plus ancienne : hormis dans de rares cas (ratés de cuisson par exemple), l’objet a été en fonction un certain temps avant de se retrouver dans le contexte dans lequel il a été découvert68. Hanna Szymańska affirme que cette durée ne devait cependant pas dépasser la centaine d’années en moyenne pour les figurines de terre cuite, au vu de la fragilité du matériau et de leur caractère bon marché69.
56Il faut également prendre en compte la persistance de certains types iconographiques, qui peut être accentuée par la pratique du surmoulage70. Ainsi, la date de fabrication doit être distinguée de la date de création du prototype, un même type ayant pu être reproduit sur une très longue période71.
57Il est enfin nécessaire de s’assurer de la validité des datations des objets ayant servi de base à celle des contextes. Prenons l’exemple cité par Hanna Szymańska : les monnaies ayant eu cours sous le règne de Ptolémée VI ont continué à circuler pendant environ cent ans après le règne de celui-ci. C’est un fait auquel il faut prêter attention lorsque l’on utilise ce type d’objets pour la datation des contextes.
Conclusion
58Après ce bref bilan, il apparaît que, pour étudier le matériel coroplathique de manière approfondie à partir de datations fiables, il est nécessaire de s’appuyer sur les données fournies par les figurines découvertes lors de fouilles récentes. En effet, ces campagnes commencent à offrir des ensembles de matériel coroplathique dont les contextes sont relevés et dont les datations peuvent être établies avec plus de certitudes et de précisions. Il faut à présent poursuivre et généraliser l’étude des objets découverts par les diverses missions de fouilles en Égypte. Les figurines de terre cuite sont en effet encore trop souvent considérées comme un matériel de moindre importance par les archéologues et les responsables de missions, qui ne cherchent pas toujours à les faire étudier ou n’y voient pas une priorité. De même, il faut encourager et favoriser la publication de ces objets.
59Les figurines conservées dans les musées, provenant de fouilles anciennes, de pillages ou d’autres circonstances mal connues, méritent quant à elles d’être réexaminées. Pour cela, il est nécessaire d’entreprendre des projets de recherche complets, incluant prioritairement des comparaisons avec le matériel récemment découvert et archéologiquement daté, combinées à des études iconographiques et techniques. Enfin, les techniques archéométriques de datations ne semblent pas, à l’heure actuelle, fournir de résultats assez précis pour apporter des réponses satisfaisantes aux problématiques posées. Cependant, il pourrait être intéressant d’envisager la réalisation d’analyses physico-chimiques de caractérisation afin de mieux comprendre les modalités de production et de consommation, ainsi que le commerce de ce matériel passionnant.
Documents annexes
Notes
1 Dunand F., Catalogue des terres cuites gréco-romaines d’Égypte, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 1990.
2 Bailey D. M., Catalogue of the terracottas in the British Museum. Volume IV, Ptolemaic and Roman terracottas from Egypt, London, The British Museum Press, 2008.
3 Török L., Hellenistic and Roman terracottas from Egypt, Roma, "L’Erma" di Bretschneider, 1995.
4 Bailey D. M., op. cit., p. 2.
5 Paysans égyptiens qui récupèrent la terre fertile pour la répandre sur leurs champs. Ils ramassent sur les sites archéologiques des matériaux en décomposition, détruisant les structures, et récupèrent parfois le matériel archéologique qu’ils trouvent pour le revendre.
6 « At Teadelphia, […], Roman terracottas were found in a temple during clandestine operations […] », Bailey D. M., op. cit., p. 1.
7 « Even if such excavators as Petrie purchased freely from sebakhin […]. », Ibid., p. 2.
8 Delange E. (dir), Les fouilles françaises d’Éléphantine (Assouan), 1906-1911. Les archives Clermont-Ganneau et Clédat, AIBL xlvi, Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, 2012, p. 18.
9 Perdrizet P., Les terres cuites grecques d’Égypte de la collection Fouquet, Nancy : Berger-Levrault, 1921, p. IX. Donald Bailey rapporte quant à lui, qu’au début du xxe siècle, les autorités anglaises avaient envoyé des marchands rechercher des objets sur certains sites archéologiques et que des figurines de terre cuite, aujourd’hui conservées au British Museum, avaient été mises au jour à ces occasions : « Many were also found during the activities of dealers licensed by the authorities to excavate these sites at the beginning of the twentieth century. », Bailey D., op.cit., p. 1.
10 Dunand F., op. cit., p. 5.
11 Sur l’histoire de la collection Guimet voir : Galliano G., Un jour j’achetai une momie : Émile Guimet et l’Égypte antique : [Exposition, Musée des Beaux-Arts de Lyon, 30 mars - 2 juillet 2012], Paris, Ed. Hazan ; Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon, 2012.
12 C’est notamment le cas des figurines mises au jour sur le site de Medinet Habu, Thèbes ouest, lors des fouilles entreprises entre 1926 et 1933, sous l’égide de l’Institut Oriental de l’Université de Chicago et confiées à Uvo Hölscher. Voir à ce sujet: Teeter E., Baked clay figurines and votive beds from Medinet Habu, OIP 133, The Oriental Institute of the University of Chicago, Chicago, 2010 et plus particulièrement p. 20-21.
13 Ibid., p. 9. Elle ne mentionne cependant pas sa source. Élisabeth Delange ne rapporte pas ces propos dans son ouvrage. On remarque cependant que dans son « Inventaire des objets provenant des fouilles d’Éléphantine », présenté sous forme de tableaux, les informations concernant la provenance des figurines sur le site ne sont que très rarement renseignées : Delange E. (dir), op. cit. p. 467-509.
14 Bailey D. M., op. cit., p. 3. Voir un autre exemple concernant la découvertes de figurines sur le site de Memphis dans Petrie W. M. F., Meydum and Memphis III, BSAE 18, London, British School of Archeology in Egypt, 1910, p. 46.
15 Sur ces figurines et leurs contextes voir : Petrie W. M. F., Ehnasya 1904, EEF 26 (1), London : Sold at the offices of the Egypt exploration fund, 1905, pp. 26-27. Petrie W. M. F., Roman Ehnasya, EEF 26 (2), London: Sold at the offices of the Egypt exploration fund, 1905, pl. XLV-LII. Nachtergael G., « Les terres cuites « du Fayoum » dans les maisons de l’Égypte romaine », Chronique d’Égypte LX, Fasc. 119-120, Bruxelles : Fondation égyptologique Reine Élisabeth, 1985, p. 223-239. Nachtergael G., « Terres cuites inédites des maisons K et H d’Hérakléopolis Magna (fouilles de William M. Flinders Petrie) », Miscellània Papirologica Ramon Roca-Puig en el seu vuitantè aniversari, Janeras Fundacio Salvador Vives Casajuana, Barcelona, 1987, p. 229-240.
16 Donald Bailey déclare dans son introduction que les datations proposées dans son catalogue ne sont que des suggestions et des probabilités : Bailey D. M., op. cit., p. 3.
17 Pascale Ballet effectue un bref rappel de l’évolution des techniques de fabrication des figurines de terre cuite dans : Ballet P., « Une lecture culturelle de la petite plastique dans l’Égypte du Nord à l’époque gréco-romaine ? Les formes de l’hellénisation », Hommages à Françoise Dunand (sous presse). Je la remercie d’ailleurs de m’avoir aimablement transmis sont manuscrit. Voir aussi Ballet P. « Terres cuites gréco-égyptiennes du musée d’Alexandrie », Alessandria e il mondo ellenistico-romano, I centenatio del Museo Greco-Romano, Atti del II Congresso Internazionale Italo-Egisiono, Alessandria, 23-27 Novembre 1992, l’« Erma » di Bretschneider, Roma, 1995, p. 261 à propos des figurines de Tebtynis.
18 Quelques exemples de figurines modelées dans : Hornblower, G. D, “Predynastic figures of women and their successors”, dans JEA 15, 1929, pp. 29-47 et pl. VI-X ; Pinch G., Votive offerings to Hathor, Oxford : Griffith Institut : Ashmolean Museum, 1993, pp. 198-234 et pl. 46 à 49 et Desroches-Noblecourt C., « “Concubines du mort” et mères de famille au Moyen Empire. À propos d’une supplique pour une naissance », in BIFAO 53, 1953, pp. 7-47.
19 Voir notamment les figurines de « femmes nues dans un naos ». Rotte E., « Egyptian Plaques Terracottas of « Standing nude Women » from the Late Period: Egyptian Heritage or Foreign Influences », dans Newsletter of the Coroplastic Studies Interest Group, n° 7, janvier 2012, p. 13-16. Ressource en ligne.Voir notamment la bibliographie indiquée dans la note 1.
20 On parle également de moulage univalve.
21 Sur la technique de l’estampage voir : Badre L. « Les figurines anthropomorphes », dans Visions d’Orient. Des cités mésopotamiennes à la Jérusalem des croisées. La donation Camille Aboussouan, Réunion des Musées Nationaux, Musée d’Agen, Paris, 2002, p. 102. Yon M., Dictionnaire illustré multilingue de la céramique du Proche Orient Ancien, Lyon : Maison de l’Orient ; Paris : diff. de Boccard, 1981, p. 84 et 160. Muller est plus restrictif dans l’emploi de ce terme dans le domaine de la coroplathie, Muller A. « Description et analyse des productions moulées. Proposition de lexique multilingue, suggestion de méthode » dans Muller A. (éd.), Le moulage en terre cuite dans l’antiquité. Création et production dérivée, fabrication et diffusion : actes du XVIIIe colloque du Centre de recherches archéologiques, Lille III, 7-8 décembre 1995, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1997, p. 445-446. Cette définition s’applique par exemple aux figurines de « cavaliers perses » : Petrie W. M. F., Memphis I, London, School of Archaeology in Egypt, 1909, p. 17 et pl. XL, n° 42, 44, 45 et 46.
22 Pour tout ce qui concerne les problématiques liées à la technique du moulage voir : Muller A. (dir.), Le moulage en terre cuite dans l’Antiquité : création et production dérivée, fabrication et diffusion. Actes du xviiie colloque du Centre de recherches archéologiques, Lille III, 7-8 décembre 1995, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1997.
23 Szymańska A., Terres cuites d’Athribis, Turnhout, Brepols : Association Égyptologique Reine Élisabeth, 2005, p. 47.
24 Ballet P., « Le moulage des terres cuites dans l’Égypte gréco-romaine : état des problématiques », dans Muller A., Le moulage en terre cuite dans l’Antiquité. Création et production dérivée. Fabrication et diffusion, Actes du XVIIIe Colloque du centre de Recherches Archéologiques - Lille III 7-8 décembre 1995, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1997, p. 241-256 et surtout p. 247.
25 Sur la pratique du surmoulage voir : Muller A., op. cit., 1997, p. 449-456 et la bibliographie associée.
26 Ibid., p. 66. Voir aussi Muller A., Les terres cuites votives du Thesmophorion : de l’atelier au sanctuaire, Études thasiennes 17, École française d’Athènes, Athènes, de Boccard, Paris, 1996, p. 55-56.
27 Donald Bailey fait un bref rappel sur les matériaux de fabrication dans Bailey D. M., op. cit. p. 5. Voir aussi Ballet P., op. cit., 1995, p. 261 à propos des figurines de Tebtynis.
28 Elles furent cependant employées à Abou Mina pour le façonnage des « ampoules de Saint Ménas » à l’Époque copte. Bailey D. M., op. cit., p. 5 et 115-124 et pl. 74-88.
29 Voir Ballet P. et Lyon-Caen C., « Les figurines » dans Delange E. (dir), op. cit., p. 347-359.
30 On trouve également l’expression « Memphis Black Ware », le terme ayant été inventé par W. M. F. Petrie lorsqu’il en découvrit des exemplaires à Memphis.
31 Ballet P. « Problématiques égyptiennes », CCE 3 : Ateliers de potiers et productions céramiques en Égypte, IFAO, Le Caire, 1992, p. XIX.
32 Voir à ce sujet Szymańska A., op. cit., p. 46-49 à propos des figurines d’Athribis.
33 Sur les analyses physico-chimiques de caractérisation voir : Breccia E., Terrecotte figurate greche e greco-egizie del Museo di Allessandria, Monument de l’Égypte gréco-romaine, II, 1, Bergame, Istituto italiano d’arti grafiche, 1930, p. 22-24. Allen M. L., The terracotta figurines from Karanis: a study of technique, style and chronology in Fayoumic coroplastics (Thesis), University of Michigan, 1985.
34 Dunand F., op. cit., p. 11.
35 Voir dans les catalogues déjà cités les très nombreuses figurines d’Harpocrate et notamment les illustrations en couleur dans Ibid., n° 202 p. 19, n° 194 p. 23, n° 199 p. 24, n° 210 p. 25.
36 Voir par exemple Ibid., n° 528 p. 18.
37 Voir par exemple Török L., op. cit., n° 160, Pl. XIV.
38 Szymańska A., op. cit., p. 138-139.
39 Pour des comparaisons iconographiques avec des statues, des bustes et des monnaies, se référer aux ouvrages suivants : Kyrieleis H., Bildnisse der Ptolemäer, Mann, Berlin, 1975 ; Bergmann M., Studien zum römischen Porträt des 3. Jahrhunderts n. Chr., R. Habelt, Bonn, 1977; Fazzini R. A. et Bianchi R. S. (Comm. Exp.), Cleopatra’s Egypt: age of the Ptolemies, Brooklyn Museum, New York, 1988 et Stanwick, P. E., Portraits of the Ptolemies: Greek kings as Egyptian pharaohs, University of Texas Press, Austin (Texas), 2002.
40 Voir Doxiadis E., The Mysterious Fayum Portraits Faces from Ancient Egypt, Thames and Hudson, London, 1995, et son édition française : Doxiadis E., Portraits du Fayoum, Gallimard, Paris, 1995.
41 Szymańska A., op. cit., p. 136-38. On y trouvera des comparaisons entre le corpus des figurines de terre cuite d’Athribis et les ouvrages cités en note 35. La question de l’apport de l’étude des coiffures pour la datation des terres cuite est aussi abordée par Dunand F., op. cit., p. 11-12 et par Bayer-Niemeier E., Bildwerke der Sammlung Kaufmann, Band I : griechisch-römischen Terrakotten, Liebieghaus, Frankfurt am Main, 1988, p. 33-35.
42 Voir Szymańska A., op. cit., p. 137, n. 32 au sujet d’un portrait attribué à Cléopâtre Ier par Kyrieleis et à Cléopâtre III par Stanwick.
43 On mettra de côté les abondantes figurines dites « à cou fermé » dont les coiffures extravagantes ne peuvent être que le fruit de l’imagination des coroplathes, ou bien des représentations de coiffures rituelles et pour lesquelles aucun parallèle n’est connu. Voir par exemple : Dunand F., op. cit., p. 247-262, Török L., op. cit., p. 137 et Pl. CVII, n° . 201 (recto-verso). Voir à ce sujet la synthèse de Donald Bailey dans Bailey D. M., op.cit., p. 45-46 et Nachtergael G., « Les terres cuites gréco-égyptiennes du British Museum », Chronique d’Égypte LXXXV, fasc. 169-170, Bruxelles : Fondation égyptologique Reine Élisabeth, 2010, p. 331-346. On notera par ailleurs le fait que leur signification est encore discutée. Je tiens à remercier ici Geneviève Galliano, conservateur en chef au Musée des Beaux-Arts de Lyon, qui a eu l’amabilité de me transmettre quelques éléments bibliographiques au sujet de ces figurines.
44 Ce pendentif est parfois identifié à la bulla, amulette protectrice contre le mauvais œil, portée par les enfants libres à Rome. On retrouve également ce pendentif circulaire sur les figurines de terre cuite, autour du cou de certains protomes d’Apis, de babouins, de chats et de chiens Sothis. Voir par exemple : Bayer-Niemeier E., op. cit., Apis : Cat. n° 569, 571 et 575 = n° 1, 3, 4, Pl. 100 ; Babouins : Cat n° 579 et 583 = n° 1, Pl. 102 et n° 2 Pl. 103 ; Chats : Cat. 93 = n° 1, 2 et 4 Pl. 104 et Chiens Sothis : Pl. 110 à 112.
45 Dunand F., op. cit., p. 19.
46 Une tête de femme portant des boucles d’oreilles : Petrie W. M. F., op. cit., 1909, Pl. XLII, n° 60. Une figurine de femme nue, debout dans un naos, inédite, provenant de Tell el-Herr, port des boucles d’oreilles triangulaires. Elle date probablement de la Basse-Époque. Au sujet de ce type de figurines voir Rotte E., op. cit.
47 Voir notamment la partie « Dating and Style » dans Török L., op. cit., p. 22-25.
48 Voir notamment Ibid., p. 23 et n° 156 et 157, Pl. LXXXII-LXXXIII.
49 Il n’est pas aisé de définir ce qu’est le « style égyptien » cependant on peut le caractériser par les éléments suivants : rondeur des visages, empâtement des corps, raideur des plissés. Mais ces caractéristiques ne s’appliquent pas à tous les types iconographiques. Par opposition, le « style grec » se caractérise davantage par la finesse des traits des visages, le rendu réaliste des corps et la souplesse des plissés.
50 Françoise Dunand choisit de ne pas le retenir comme un critère déterminant pour la datation : Dunand F., op. cit., p. 10. Donald Bailey quant à lui, n’aborde pas la question.
51 Szymańska A., op. cit., p. 65-144.
52 Des cinq thèmes retenus pour son analyse de l’évolution stylistique et typologique, seul deux relèvent du style : l’étude du traitement des yeux et celle de la représentation d’Isis –Aphrodite. Ibid., p. 131-144.
53 Je tiens à remercier vivement Violaine Jeammet, Conservatrice en chef au Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines au Musée du Louvre, qui m’a apporté son aide précieuse sur ces questions.
54 Sur ces techniques voir notamment Giot P. R. et Langouet L., La datation du passé. La mesure du temps en archéologie, Rennes, G.M.P.C.A, 1992.
55 Bouquillon A., Colinart S., Porto E., Zink A., « Authenticité, matières et couleurs. Étude en laboratoire des Tanagréennes du Louvre », dans Jeammet V., Musée du Louvre, et Réunion des musées nationaux, Tanagra : mythe et archéologie : Musée du Louvre, Paris, 15 septembre 2003 - 5 janvier 2004 Musée des beaux-arts de Montréal, 5 février - 9 mai 2004, Paris : Réunion des musées nationaux et Montréal : Musée des beaux-arts, 2003, p. 298-301. Bouquillon A., Zink A., Porto E., « Les Tanagras du Louvre à la lumière des analyses scientifiques. Authenticité, Matières, Provenances », dans Becq J., Tanagras : de l’objet de collection à l’objet archéologique, Paris : Picard : Musée du Louvre Ed., 2007, p. 91-99 et Zink A. et Porto E., « Luminescence dating of the Tanagra terracottas from the Louvre collections », Geochronometria 24, 2005 p. 21-26. Ressource en ligne.
56 Giot P. R. et Langouet L. mentionnent d’autres exemples d’authentification d’objets en terre cuite et de détection de faux par l’emploi de la thermoluminescence dans Giot P. R. et Langouet L., op. cit., p. 191-192.
57 Sur cette technique voir Ibid. p. 173-194.
58 Pour l’archéomagnétisme, c’est l’établissement de la « courbe de variation séculaire » en Égypte qui est problématique, tandis que pour le radiocarbone, c’est le recueil du carbone au sein des objets qui pose problème. Voir ibid., p. 113 et 115.
59 Allen M. L., op. cit.
60 Kassab-Tezgör D., « Les figurines de terre cuite de la tombe B1 » dans Empereur J.-Y. (éd.) et Nenna, M.-D (éd.), Nécropolis 1, Le Caire : Institut français d’archéologie orientale ; Paris : diff. Impr. nationale, 2001, p. 409- 421.
61 Szymańska A., op. cit.
62 Ballet P., « Les terres cuites hellénistiques et romaines », dans Tell el-Herr. Les niveaux hellénistiques et du Haut-Empire, dir. D. Valbelle, Éditions Errance, Paris, 2007, p. 236-271.
63 Ballet P., op. cit., 2012.
64 Une petite partie du matériel de Tebtynis a été publié dans Ballet P., op. cit., 1995, p. 259-264, pl. XXVII-XXIX et dans Mathieu B. , « Travaux de l’Institut français d’archéologie orientale en 2000-2001 », BIFAO 101, 2001, p. 553-554, qui renvoie à l’étude engagée par P. Ballet. Le dossier des figurines de Tebtynis est actuellement traité par Estelle Galbois, maître de conférences à l’Université de Toulouse 2 – Le Mirail.
65 Szymańska A., op. cit.
66 Sur ces questions on se réfèrera à Giot P. R. et Langouet L., op. cit., p. 5-27.
67 Sur cette question voir Ibid., p. 14 et 23 notamment.
68 Ibid., p. 23.
69 Szymańska A., op. cit., p. 65.
70 Sur la pratique du surmoulage voir : Muller A., op. cit., 1997, p. 449-456 et la bibliographie associée.
71 Sur la distinction entre la date d’enfouissement, la date de fabrication et la date du prototype voir Muller A. Les terres cuites votives du Thesmophorion : de l’atelier au sanctuaire. Études Thasiennes 17, Athènes, École Française d’Athènes, 1996, 2 vol. , p. 60. Cette distinction est partagée par Dorothy Burr Thompson: Burr Thompson D., Terra cotta from Myrina in the Museum of Fine Arts, Boston, 1934 et par J. P. Uhlenbrock : Uhlenbrock J. P., “The hellenistic Terracottas of Athens and the Tanagra Style”, dans Uhlenbrock J. P. (éd.), The Coroplast’s Art. Greek Terracottas of the Hellenistic World. An Exhibition and Publication in Honor of Dorothy Burr Thompson, New-York, 1990, p. 48-53.