Les relations féodales dans le Poitou au début du xie siècle : de l’élaboration du conventum à sa fonction

Par Clément de Vasselot
Publication en ligne le 02 avril 2015

Résumé

This article wants to renew our comprenhension of the Conventum thanks to a prosopographic method. A lot of historians gave a commentary of this document which was essential to understand the beginning of feudalism and the Poitou in the first half of the xith century. On the one hand, the use of prosopography allows us to show that the story does not consider the respect of chronology. So, by using it, we can put in chronological order the different events and we can have a better understanding of the poitevine situation. On the other hand, we have see together these elements and those which have been noticed by the historiographic debate's holders. This has allowed to us to formulate new hypothesis on the composition background and on the text's fonction : it would not be either a simple notice or an epic tale but it would be a political account. It would be composed in a revolt context against the duke of Aquitany's power using four judicial notices in the aim to criticize and blame the duke. It would be intend to the seigneurial circle of one of the revolt's chiefs, the count of Angoulême.

Cet article s'attache à renouveler grâce aux apports de l'outil prosopographique l'approche du Conventum, un document maintes fois commenté dans l'historiographie car essentiel pour la connaissance de la société féodale et du Poitou au xisiècle. D'une part, la prosopographie nous permet de montrer que le récit ne tient aucun compte de la chronologie et de remettre les épisodes relatés dans l'ordre, amenant ainsi à une meilleure compréhension du contexte poitevin. D'autre part ces éléments mis en relations avec les différentes pistes relevées par les tenants du débats historiographique autour de ce document ont permis d'élaborer de nouvelles hypothèses sur le contexte de composition du texte et sa fonction : il ne s'agirait ni d'une simple notice, ni d'un récit épique mais d'un récit politique, composé, dans un contexte de révolte contre le pouvoir du duc d'Aquitaine, à partir de quatre notices judiciaires ayant pour but de critiquer et de condamner le duc et destiné à être lu dans le milieu seigneurial entourant l'un des chefs de cette révolte, le comte d'Angoulême.

Mots-Clés

Texte intégral

Introduction

1Le Conventum est un manuscrit latin de 342 lignes composé en Aquitaine au début du xie siècle et conservé à la Bibliothèque nationale. Les historiens ont pris l'habitude de l'appeler ainsi au xviie siècle à cause des nombreux accords (en latin conventum) qu'il rapporte et de sa dernière phrase : « Finiunt conventi inter comitem et Ugonem1. » Ce texte a été le sujet de débats nombreux visant notamment à déterminer sa nature. Il relate les nombreux conflits qui ont opposé le comte Guillaume de Poitiers, c'est-à-dire le duc d'Aquitaine Guillaume V le Grand, à son vassal Hugues dit « le Chiliarque » (terme grec signifiant « commandant de mille hommes »), seigneur de Lusignan qui revendiquait, en vertu du droit familial, des fiefs, des terres et des châteaux détenues par Guillaume d'Aquitaine qui les lui refusait et montait contre lui les vicomtes de Thouars, les seigneurs de Rancon et Bernard de la Marche. Le récit dépeint un comte perfide, abandonnant Hugues à son sort au milieu d'une guerre et refusant de respecter son engagement de défense vassalique lorsqu'il est agressé, tant et si bien que le seigneur de Lusignan finit par rompre son hommage et se révolter jusqu'à ce qu'un nouvel accord ait été trouvé entre les deux parties.

2Ce document est fondamental pour la connaissance et la compréhension des relations féodales dans le Poitou du xie siècle, et très peu d'ouvrages sur l'an mil et la féodalité font l'économie de son commentaire2. Il importe néanmoins d'approfondir davantage le contexte et les circonstances d'élaboration du récit. Même si les historiens lui donnent actuellement une valeur informative sur le Poitou médiéval et la féodalité, il n'a pas été rédigé dans ce but et le débat autour de sa fonction originelle influence inévitablement les diverses interprétations et hypothèses émises à partir du texte. Le Conventum est ainsi un excellent exemple du rapport complexe entretenu par un document avec, d'une part, son but, sa fonction originelle et, d'autre part, sa fonction actuelle, son rôle dans la construction d'un savoir.

3Nous étudierons donc tout d'abord l'historiographie du Conventum. Puis, nous montrerons comment la documentation poitevine permet de mettre en lumière plusieurs circonstances de la composition du texte. Enfin, nous proposerons une nouvelle hypothèse sur l'élaboration du Conventum et son utilité.

Des débats virulents autour d'un document énigmatique

4Le Conventum ne nous est pas parvenu sous sa forme originale. Seules trois copies ont été conservées, pourtant il a rapidement rencontré l'intérêt des érudits poitevins qui y ont vu une source majeure pour l'histoire de la province, et ont ainsi posé les premières pierres d'une historiographie volumineuse.

Une tradition manuscrite faible

5Le manuscrit le plus ancien comportant le Conventum est le manuscrit latin 5927 de la BnF lequel semble dater de la moitié du xie siècle. Il contient une copie de la Chronique d'Adhémar de Chabannes suivie d'une copie d'un diplôme de Charles le Chauve en faveur de l'abbaye Saint-Cybard d'Angoulême, sans doute lieu de copie de l'ensemble de l'exemplaire, puis, vient le Conventum auquel succède une copie de la Vie de Charlemagne par Éginhard. Comme tous ces textes sont de la même main, il semblerait que cette version du Conventum soit elle aussi une copie d'un manuscrit plus ancien, aujourd'hui perdu3.

6Nous disposons de deux autres manuscrits. Le premier, qui se trouve à la Bibliothèque publique de Saint-Pétersbourg, F. V. IVN3. Il provient d'Angoulême, est daté de la fin du xie siècle et est une copie du manuscrit 5927. Le second date du début du xve siècle et a été copié à Saint-Martial-de-Limoges à partir du manuscrit de Saint-Pétersbourg4. Il est conservé à la BnF sous la cote 9767.

Une historiographie prolifique

7Avec la Chronique d'Adhémar de Chabannes, le Conventum est le principal document traitant de l'Aquitaine du début du xie siècle, et plus précisément sur le Poitou. En conséquence, il a d'abord intéressé les historiens du Poitou puis ceux de l'an mil, ceux de la féodalité ainsi que ceux qui ont en leur temps défendu la thèse d'une « mutation féodale ».

8Ainsi, Alfred Richard y voyait au début du xxe siècle un mémoire élaboré par un clerc de Hugues de Lusignan pour plaider en faveur de son maître auprès du comte5. Cinquante ans plus tard, Sidney Painter proposait d'y voir un texte rédigé par un moine de l'église Notre-Dame de Lusignan - fondée par Hugues - qui aurait eu pour objectif de justifier la conduite de son seigneur vis-à-vis du comte6. Marcel Garaud l'avait par la suite interprété comme le témoin des conflits de pouvoir entre seigneurs et comte, caractéristiques d'une mutation de l'an mil7. W. Mary Hackett, en se fondant sur la langue particulière du texte, pensait qu'il avait été dicté par Hugues de Lusignan à son chapelain8. Sa première éditrice, Jane Martindale, en a donné une traduction en anglais et l'assimilait à une convenientia méridionale9. En 1980, Jean-Pierre Poly et Éric Bournazel en ont donné un commentaire de dix pages suggérant qu'il s'agirait d'une plainte envoyée par le seigneur de Lusignan au comte10. Georges Duby pensait plutôt qu'il aurait servi de preuve écrite, d'une garantie de l'accord conclu entre le comte et Hugues, que ce dernier aurait pu produire en cas de rupture de ces conventions par le comte11. Ces interprétations s'accordent sur la valeur historique du Conventum et son apport concernant les événements au début du xie siècle en Poitou. Ce sont ces données qu'une nouvelle édition du texte va remettre en question, provoquant ainsi un violent débat universitaire.

Le débat entre George Beech et Dominique Barthélemy

9Une nouvelle édition française et anglaise du document est proposée en 1995 par George Beech, Georges Pon et Yves Chauvin12. Elle est précédée d'une introduction de 110 pages, dans laquelle George Beech, après avoir proposé une étude linguistique approfondie du récit en critique l'historicité et propose d'y voir un texte de fiction – épique – narrant les malheurs d'un vassal maltraité avec pour but principal le divertissement de l'aristocratie13.

10Bien qu'intéressante, cette hypothèse a soulevé un vent de critiques, George Beech ayant été accusé de vouloir retirer ce texte aux historiens. La même année, Dominique Barthélemy critique immédiatement la position de l'éditeur et il argumente en faveur de l'interprétation traditionnelle du document, c'est-à-dire une notice rédigée pour les plaids judiciaires14. Tomás Palosfalvi, étudiant de l'université de Poitiers, examine les concordances entre les chartes et les événements du Conventum dans un mémoire de DEA pour en démontrer l'historicité15. Jane Martindale répond également à George Beech en réaffirmant que le Conventum s'apparente aux convenientiae telle qu'en présentent les archives des régions méridionales16. Alors que George Beech est revenu à plusieurs reprises sur le sujet17, Dominique Barthélemy en a donné à nouveau un commentaire dans son ouvrage sur la France de l'an mil et a également soutenu ses thèses dans plusieurs autres articles18.

11Il n'est pas question ici de reprendre les éléments du débat entre George Beech et Dominique Barthélemy. Retenons que malgré les arguments du premier, le professeur Barthélemy a bien montré que l'historicité des faits rapportés pouvait difficilement être remise en question et que le Conventum présentait un grand nombre de points communs avec les notices-argumentaires vendômoises postérieures, et plus généralement avec une tradition de notices de plaids caractérisant l'espace de la France médiane19. Cependant, aucun de ces textes n'atteint la longueur du Conventum, et celui-ci présente par ailleurs nombre de points communs avec d'autres textes littéraires contemporains provenant du sud du Poitou20. D'autre part, George Beech a également montré que l'auteur médiéval a organisé son matériel autour d'une structure narrative accumulant des épisodes répétitifs progressivement modifiés, mêlant discours direct et interventions personnelles21. Nous avons donc deux thèses qui paraissent à première vue complètement antinomiques mais qui, en réalité, pourraient être conciliées.

Reconsidérer le Conventum à la lumière de l'analyse prosopographique

12Nous avons étudié le Conventum dans le cadre d'un travail de master 2 sur la famille des Lusignan et avons ainsi été amenés à étudier l'historicité et la datation des événements relatés. Pour cela, nous avons utilisé l'ensemble de la documentation diplomatique poitevine pour déterminer avec précision la durée de vie des personnages mentionnés et donc la date des épisodes où ils sont présents. Les informations transmises par les actes sur les relations féodales et familiales et les domaines des personnages ont également été confrontées au texte. Le résultat de cette recherche est un faisceau de concordances qui confirme et éclaire les faits relatés. L'historicité des différents épisodes nous semblant déjà bien établie, nous allons nous concentrer ici sur la mise en relation de ces faits avec ce que nous savons du contexte poitevin de manière à porter un regard critique sur la composition du document et, ensuite, aboutir aux raisons de sa composition22.

Des péripéties en ordre non-chronologique

13Le Conventum relate d'un seul trait un certain nombre d'événements qui peuvent être rassemblés en dix péripéties cohérentes. Le tableau ci-dessous (fig. 1) présente ces dix rebondissements selon l'ordre donné par le texte :

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Fig. 1 : Épisodes du Conventum (voir l’image au format original)

14Grâce à la documentation et à la méthode prosopographique nous sommes en mesure de proposer des datations pour chacun de ces événements en fonction des personnages cités. Ainsi, le texte commence par le récit des prétentions d'Hugues de Lusignan sur la vicomté de Châtellerault à la mort du vicomte Boson [épisode 1] :

Le comte des Aquitains nommé Guillaume fit une convention avec Hugues le Chiliarque, selon laquelle, quand surviendrait la fin du vicomte Boson, il remettrait l'honneur de ce dernier sous sa protection. L'évêque Rohon la vit, l'entendit et il baisa le bras du comte23.

15Boson de Châtellerault apparaît pour la dernière fois dans une charte rédigée entre le 21 novembre 1012 et 101424. Son fils, le vicomte Acfred III, est cité pour la première fois dans un acte de 102525. Mais, entre les deux, Châtellerault est tenu par un vicomte Manassé, très probablement l'époux de la veuve de Boson qui figure dans cinq chartes dont une seule est datée, de mars 101926. La mort de Boson de Châtellerault a donc dû se produire entre 1012-1014 et 1019. Or, le texte mentionne la présence de l'évêque Rohon d'Angoulême avant la mort de Boson ; d'après Adhémar de Chabannes, il succéda à l'évêque Grimoald, mort le 18 janvier 101827. L'épisode a donc dû avoir lieu fin 1018-début 1019.

16L'incident suivant [épisode 2] oppose Hugues de Lusignan aux vicomtes Savary III et Raoul Ier de Thouars. Savary meurt en 1012 et son frère, qui lui succède, décède en 101728. Les épisodes du texte qui mentionnent les vicomtes de Thouars [épisode 2 et 3] ont ainsi forcément eu lieu avant l'histoire de la vicomté de Châtellerault [épisode 1]. Nous ne pouvons donc, comme la chronologie du texte nous y inviterait, interpréter la guerre avec les vicomtes de Thouars comme une conséquence des tentatives d’Hugues de Lusignan contre la vicomté de Châtellerault.

17De même, l'épisode 4 mentionne un accord entre Hugues de Lusignan et l'évêque Isembert Ier de Poitiers qui est intronisé entre le 30 septembre 1023 et le 30 septembre 102429. Cette péripétie ne peut donc avoir eu lieu avant le 1er octobre 1023 et s'est sans doute déroulée dans le courant de l'année 1024.

18Le récit mentionne par la suite les conflits entre Hugues de Lusignan et Aimery Ier de Rancon deux à trois ans avant la mort de ce dernier [épisode 5]. Une charte d'août 1019 est souscrite par son épouse veuve, Rotilde, et son fils Aimery II, ce qui nous laisse supposer un décès au début de l'année 101930.

Restitution de l'ordre réel de déroulement des événements

19Ayant ainsi daté chaque péripétie du Conventum, nous pouvons rétablir une chronologie des événements tels qu'ils se sont déroulés et observer les synchronismes à partir du tableau suivant (fig. 2) :

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Fig. 2 : Épisodes du Conventum selon l'ordre chronologique (voir l’image au format original)

20Nous disposons donc de quatre récits ordonnés et cohérents mis à la suite les uns des autres dans un ordre non-chronologique : l'un concerne Châtellerault (1), le deuxième, les vicomtes de Thouars (2 et 3), le troisième, Vivonne (4) et le quatrième les Rancon et le duc (5, 6, 7, 8, 9 et est résolu en 10). Or, Dominique Barthélemy a établi que si l'on excepte la longueur de notre document, nombre d'éléments étaient semblables entre le Conventum et les notices ligériennes qui énumèrent les griefs afin d'en demander réparation31. La présence de ces télescopages chronologiques entre les quatre récits montre qu'il ne s'agit pas d'une seule notice mais d'un texte composé à partir de plusieurs. Il est probable qu'une notice ait été rédigée pour chaque affaire particulière (Châtellerault, Thouars, Vivonne et les Rancon) et que le Conventum ait été composé à partir de ce matériel, son auteur réécrivant les notices les unes à la suite des autres pour former un seul texte sans s'interroger sur la chronologie générale des événements. Cela explique la longueur anormale du Conventum par rapport aux autres notices connues puisqu'il ne correspond pas à une seule notice mais à quatre mises bout-à-bout. La conclusion du document : « Finiunt conventi inter comitem et Ugonem32» utilise par ailleurs le pluriel pour le mot « conventions » ce qui confirme notre hypothèse de récit composé à partir de quatre notices originelles, chacune correspondant à un accord réglant un des quatre conflits.

21Cependant, l'assemblage de ces notices ne peut servir uniquement à apporter des garanties à Hugues de Lusignan dans le cas d'un conflit au sujet du château de Chizé. En effet, pourquoi avoir inséré dans le texte la notice concernant Vivonne ou Châtellerault ? Par ailleurs, George Beech a démontré que le texte ne pouvait pas être qu'une simple accumulation de notices, puisque l'auteur a bâti une structure narrative répétitive autour de laquelle s'organisent les épisodes qu'elles rapportent33. Nous pensons donc que le Conventum est un document rédigé et organisé à partir d'un matériel constitué par quatre notices, dont inévitablement l'auteur a emprunté les éléments caractéristiques mis en évidence dans ce texte par Dominique Barthélemy. Ayant reconstitué la chronologie du texte, voyons désormais ce que celui-ci nous apprend sur Hugues IV de Lusignan et ces quatre conflits avec Guillaume V avant de nous interroger sur les circonstances de composition du Conventum.

Les conflits féodaux au début du xie selon le Conventum

22Le Conventum remis en ordre narre les problèmes d'un seigneur puissant du Poitou : Hugues IV de Lusignan qui succède à son père en 1012. Ses possessions dans le nord du Poitou, probablement autour de Saint-Laon et Brie [voir carte] sont alors attaquées par les vicomtes de Thouars qui cherchent à s'en emparer. Une guerre oppose le seigneur de Lusignan soutenu par le comte de Poitiers au vicomte Raoul de 1012 à 1017.

23La mort de Raoul de Thouars en 1017 fait espérer à Hugues l'investiture du fief contesté : il se tourne vers Civray, qu'il revendique du chef de son père, et, après avoir résisté, décide de suivre l'ordre de Guillaume V en faisant hommage à Bernard de la Marche pour reprendre ce castrum :

Un tribun nommé Aimery enleva à son seigneur Bernard le château de Civray et ce château était de droit à Hugues comme il était à son père. À cause de sa colère contre Aimery, le comte Guillaume ordonna à Hugues de devenir l'homme du susdit Bernard pour cette partie du château qui avait appartenu à son père, pour que tous deux s'unissent dans leur lutte contre Aimery. Mais cela contrariait Hugues d'être l'homme de Bernard, il ne le voulait pas. Cette injonction-là, le comte la maintint pendant un an, et plus sa colère grandissait, plus vivement il enjoignait à Hugues de devenir l'homme de Bernard. Au bout d'un an le comte vint à Hugues et lui dit comme par ire : « Pourquoi ne fais-tu pas une convention avec Bernard ? Tu procèdes tellement de moi que si je te disais de faire d'un paysan ton seigneur, tu devrais le faire. Fais ce que je te dis et s'il t'arrive du mal, requiers-moi. » Hugues le crut et devint pour le quart du susdit château l'homme de Bernard34.

24Cependant, lorsque le vicomte Geoffroy succède à son père, il poursuit la guerre contre le Chiliarque. Ce dernier doit donc faire face à deux conflits localisés dans ses possessions du nord et du Bas-Poitou et dans ses domaines du sud du Poitou et de l'Aunis [voir carte]. Geoffroy de Thouars lui détruit son castrum de Mouzeuil mais, sans doute en compensation, le comte lui en construit un autre à Couhé. Ces deux guerres se poursuivent jusqu'en 1019, année de la mort d'Aimery de Rancon. Ce décès explique sans doute les victoires manifestes alors remportées par Hugues de Lusignan sur Geoffroy de Thouars. Par ailleurs, la même année, la mort de son beau-frère, le vicomte Boson, lui permet de solliciter l'honneur de Châtellerault du chef de sa sœur35. Ce faisant, le Chiliarque risquerait de pouvoir rivaliser voir mettre en échec la puissance comtale : Guillaume V décide donc non seulement de remettre l'honneur vicomtal à un certain Manassé qui épouse la veuve de Boson mais aussi de mettre fin aux hostilités avec Geoffroy de Thouars tout en le favorisant contre le seigneur de Lusignan. Le Chiliarque perd alors tout espoir de recouvrer sa terre :

Et quand Hugues vit qu'il n'aurait pas la terre, il s'empara de quarante-trois des meilleurs cavaliers de Thouars ; il aurait pu avoir la paix, rendre fermes ses terres, et obtenir justice du méfait qu'il avait subi. Et s'il avait voulu accepter une rançon, il aurait pu toucher quarante mille sous. Mais en l'entendant, le comte, au lieu de la joie qui aurait dû être la sienne, en conçut de la tristesse et le fit savoir à Hugues par ses mots : « Rends-moi les hommes ». Hugues de répondre : « Pourquoi me faire cette demande, seigneur ? Tout ce que je perds, c'est par fidélité pour toi ». Mais le comte lui dit : « Je ne te demande pas ces hommes pour ton mal mais parce que tu es mien pour faire ma volonté et que tous le sachent, je recevrai ces hommes en m'engageant par convention telle que je conclurai un arrangement en ta faveur, à rendre fermes tes terres et à obtenir réparation du mal qui a été fait, ou bien à te rendre ces hommes. Fais cela sans hésiter sur mon crédit et sur ma foi ; et s'il t'en survenait du mal, c'est alors que tu pourrais connaître que je t'ai fait trahison ». Hugues s'en remit à Dieu et au comte auquel il rendit les hommes en vertu de cette convention. Ensuite Hugues n'obtint ni les hommes, ni son droit et perdit sa terre36.

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Fig. 3 : les domaines de la famille de Lusignan et les lieux cités par le Conventum (voir l’image au format original)

25La guerre reprend ensuite contre Aimery II de Rancon qui s'allie à Bernard de la Marche. Pour ce faire, Hugues de Lusignan tente plusieurs alliances de revers : avec l'évêque de Limoges, il construit d'abord un château adultérin mais celui-ci est immédiatement détruit par le comte de Poitiers. Puis, il épouse la fille du seigneur de Chabanais et de Confolens37. Pour briser cette alliance, Bernard de la Marche profite de l'absence du Chiliarque, parti accompagner le comte à Blaye, pour s'attaquer à Confolens où Audéarde de Chabanais s'est réfugiée. Apprenant que Bernard s'attaque à Hugues, le comte Guillaume lui envoie des hommes, mais comme il s'avère que l'assiégé, le seigneur de Confolens, est un vassal du comte d'Angoulême et non du comte de Poitiers, Guillaume V s'estime dégagé de son devoir d'assistance et retire son soutien. En représailles, Hugues marche sur Gençay, s'en empare et propose au comte Guillaume de le tenir avec lui en coseigneurie. Foulques d'Anjou, seigneur de Gençay, refuse cet arrangement et réclame que son château lui soit rendu. Le Chiliarque refuse de le faire sans des garanties qu'il ne peut évidemment pas obtenir : il demande en effet en échange Melle ou Chizé sur lesquels il a des droits familiaux. Il capitule finalement en échange de la promesse que Foulques ne donne pas Gençay à un de ses ennemis, faute de quoi son lien de vassalité avec Guillaume V serait rompu. Or, Foulques d'Anjou remet immédiatement à nouveau Gençay à Aimery II de Rancon, qui peut donc poursuivre la guerre en position de force. Comme Guillaume V refuse de donner à Hugues le Chiliarque la moindre compensation, Hugues rompt son hommage vis-à-vis du comte et entre en guerre contre lui. Il s'empare de Chizé qu'avait tenu son oncle Joscelin.

26À l'issue des négociations, Hugues obtient la seigneurie de Chizé. Il en profite pour régler le sort d'un autre château de son oncle Joscelin avec l'évêque de Poitiers où une coseigneurie est organisée. C'est sans doute à cette occasion que le comte obtient qu'Hugues renonce à une taxe que la comtesse Emma, mère de Guillaume V avait autorisé Hugues le Blanc, père du Chiliarque, à percevoir sur Saint-Maixent38.

27Le Conventum brosse donc le portrait du Chiliarque comme l'un des principaux seigneurs du Poitou, juste en dessous du rang vicomtal. Il tire sa puissance de son ascendance. Car, non content de ses nombreux domaines, il revendique maints castra que ses parents ont tenus avant lui mais dont le comte a ensuite choisi d'investir d'autres personnes. À l'inverse, le duc d'Aquitaine incarne une interprétation du droit féodal dans lequel la possession des castra dépend non de l'hérédité mais de la volonté du seigneur.

28Au-delà des événements relatés, le texte a un fort parti-pris en faveur du seigneur de Lusignan contre le comte de Poitiers. Position qui pourrait éclairer les circonstances de sa composition.

La composition du Conventum : un acte politique ?

29Quelques dizaines d'années après ces événements, un texte est composé intégrant les sources juridiques rédigées à l'occasion de ces événements dans une logique de composition et une structure narrative proche de celles des textes littéraires, hagiographiques et épiques de la même période. Il s'agit maintenant d'expliciter la raison de l'écriture d'un tel document.

Une rédaction angoumoisine dans un contexte de révolte féodale

30Le premier manuscrit du Conventum à nous être parvenu provient de l'abbaye de Saint-Cybard d'Angoulême et a été copié dans la première moitié du xie siècle. Le deuxième manuscrit provient également d'Angoulême et a été copié dans la seconde moitié du xie siècle39. De plus, les termes « chiliarque » et « tribun » qui sont employés par l'auteur pour désigner Hugues de Lusignan et Aimery de Rancon sont cités comme synonymes dans un manuscrit d'équivalences rédigé par Adhémar de Chabannes à Saint-Cybard40. Il est donc fort probable que l'écriture du texte ait également eu lieu dans cette abbaye.

31Dans le récit, le comte Guillaume IV d'Angoulême est le seul personnage présenté sous le jour d'une neutralité positive et avec l'évêque d'Angoulême, Rohon, il est à deux reprises témoin ou arbitre d'accords passés entre Guillaume V et Hugues de Lusignan. Selon Jane Martindale cette position de Guillaume IV Taillefer pourrait indiquer un rôle de celui-ci dans la rédaction du texte41. D'autres éléments viennent étayer cette hypothèse. En effet, Guillaume IV est également présent avec Hugues de Lusignan et Guillaume V au siège de Blaye42 et il est témoin d'une transaction entre les chanoines de Saint-Hilaire et le Chiliarque en présence du comte, le 6 mars 1025, soit juste après la conclusion des derniers accords dont parle le Conventum43. En outre, les ennemis d’Hugues dans le récit sont également ceux du comte d'Angoulême : selon Adhémar de Chabannes, Aimery de Rancon avait trahi le comte Taillefer et avait été tué par le fils de ce dernier, le futur comte Geoffroy44. Quand aux alliés du Chiliarque, les Chabanais, ils tiennent Confolens depuis au moins 101045 en tant que vassaux du comte d'Angoulême46.

32De plus, lorsque le Conventum est composé, c'est-à-dire aux environs de 1030-1050, le Poitou est bouleversé par la guerre de succession qui oppose les enfants des épouses successives de Guillaume V. Sa veuve, Agnès, remariée avec le comte d'Anjou et de Saintes Geoffroy II Martel, soutient les prétentions de son fils Guillaume contre ses demi-frères aînés, Guillaume VI et Eudes. À la mort d'Eudes en 1039, le fils d'Agnès d'Anjou devient finalement comte sous le nom de Guillaume VII Aigret, mais le pouvoir du comte de Poitiers a été considérablement affaibli47. Le texte du Conventum indique que les seigneurs de Lusignan sont vassaux des comtes d'Anjou. Ils ont dû avoir à choisir leur camp entre le comte de Poitiers et le comte d'Anjou.

33Or, à cette époque, les seigneurs de Lusignan n'apparaissent jamais dans l'entourage des comtes de Poitiers successifs. Jan Hendrik Prell a pu conclure à cause de l'absence totale de soutien aux ducs des seigneurs de Lusignan et de Parthenay, également vassaux du comte d'Anjou, que ces châtelains avaient pris le parti du comte et de la comtesse Agnès contre leur seigneur le duc d'Aquitaine48. Cette hypothèse est étayée par la présence d'Hugues V et de Rorgon de Lusignan auprès du comte et de la comtesse d'Anjou lorsqu'ils fondent l'abbaye Notre-Dame de Saintes où ils souscrivent deux actes en compagnie du comte Geoffroy d'Angoulême49. Ils apparaissent également dans l'entourage de ce dernier dont ils souscrivent un acte entre 1043 et 104850. Comme les seigneurs de Lusignan, les comtes d'Angoulême ne souscrivent plus les actes des comtes de Poitiers, signe d'une dégradation des relations qui se concrétise lorsqu'en 1048 Foulques Taillefer succède à son père Geoffroy. Une armée poitevine envahit alors son comté et Guillaume VII assiège son castrum de Mortagne-sur-Gironde51.

34Le comte d'Angoulême, associé au comte d'Anjou et de Saintes et sans doute également aux seigneurs de Lusignan, a donc profité des guerres de successions entre les fils de Guillaume V pour mettre à mal le pouvoir de son seigneur le comte de Poitiers que Guillaume VII tente par la suite de rétablir.

Un récit adressé à l'aristocratie poitevine

35Peut-être le texte originel n'était-il pas rédigé en latin ? George Beech, dans son introduction reprend les arguments de Mary Hackett pour qui le texte latin du Conventum aurait été une traduction d'un original en langue vulgaire poitevine. Le vocabulaire, la syntaxe et la structure des phrases ressemblent beaucoup plus aux œuvres rédigées en langue vulgaire au xie et xiie siècles qu'aux textes latins de la même période52. Les mêmes caractéristiques linguistiques se retrouvent également dans les textes narratifs de la tapisserie de Bayeux53. Le moine de Saint-Cybard qui a copié le récit sur le manuscrit 5927 de la BnF aurait alors également fait un travail de traduction en latin du texte originel : le latin du Conventum serait vraisemblablement une forme écrite de la langue parlée54. Il est difficile d'en conclure qu'il a existé une version antérieure en langue vulgaire, comment expliquer alors le vocabulaire latin et les traits caractéristiques des notices ? Il nous semble préférable de considérer que le texte a bien été écrit originellement en latin mais dans un latin « poitevin », calqué sur la langue vulgaire et donc compréhensible pour le milieu seigneurial poitevin.

36Par ailleurs, Yves Chauvin et Georges Pon ont relevé sur le manuscrit 5927 une ponctuation particulière pour séparer les phrases, distinguer les propositions et surtout pour mettre en valeur les acteurs principaux dont les noms sont parfois soulignés. La ponctuation est également utilisée pour mettre l'accent sur les moments essentiels. Ce procédé est utilisé notamment pour faciliter la lecture à haute voix et ne peut, comme le note George Beech, qu'étayer l'hypothèse selon laquelle ce texte était destiné à être lu à haute voix55. En outre, le texte se prête abondamment à une lecture gestuée, notamment par l'emploi du démonstratif « ce saint crucifix »56 qui intervient à la fin du récit sans qu'aucun crucifix n'ait jamais été mentionné. Il est donc assez probable que ce récit était destiné à une lecture à haute voix.

37L'auteur n'hésite pas à multiplier les dialogues au fur et à mesure du texte, donnant à entendre les arguments des deux parties dans lesquels ses lecteurs ou auditeurs pouvaient se reconnaître. De même, les nombreux lieux qui sont cités et les personnages auquel le texte fait référence sans aucune précision supplémentaire montrent que l'auteur s'attendait à ce que le lecteur ou le public soit capable d'identifier sans aucune difficulté l'espace où se déroulait l'action ainsi que ces acteurs, ce qui prouve que le destinataire du document devait être un bon connaisseur du Poitou et des familles seigneuriales poitevines du début du xie siècle. Nous pouvons donc supposer que ce récit a dû essentiellement être lu dans le cercle des seigneurs poitevins rassemblés autour des comtes d'Anjou et d'Angoulême pour s'opposer au pouvoir du comte de Poitiers.

Un texte épique condamnant le comte de Poitiers

38Le Conventum est un récit structuré, rédigé dans ce contexte au sein de l'entourage du comte d'Angoulême, sans doute à Saint-Cybard. Le matériel utilisé pourrait provenir soit des seigneurs de Lusignan, soit avoir été conservé par le comte d'Angoulême après ses arbitrages entre Hugues le Chiliarque et Guillaume V de Poitiers. Utilisant les griefs accumulés par Hugues le Chiliarque et rapportés dans les notices utilisées pour sa composition, l'auteur du Conventum peint en fait un portrait très péjoratif du comte de Poitiers, perfide et déloyal, qui abuse de son pouvoir sur ses vassaux poitevins, utilise chaque occasion pour les duper parce qu'il est le plus fort et qu'ils dépendent de lui. À travers la figure du Chiliarque, vassal loyal, respectueux de son seigneur mais trompé et outragé, le texte fait d'une manière indirecte l'éloge de la lutte contre le pouvoir comtal que mènent le comte d'Anjou et le comte d'Angoulême au moment de sa rédaction. Par ailleurs le désordre chronologique du texte en supprimant des synchronismes accentue encore cette vision négative du comte. En effet, la chronologie reconstituée nous apprend que lorsque le castrum de Mouzeuil a été détruit par le vicomte de Thouars, Guillaume V a entrepris pour son vassal la construction d'un autre castrum à Couhé, sans doute en compensation. La disparition de la temporalité réelle des événements amène l'auteur du Conventum à déplorer que face à la destruction de Mouzeuil, le comte n'ait rien fait pour son vassal.

39Nous pouvons donc nous demander si ce document n'est pas un récit à visée politique élaboré à partir des textes des accords entre Hugues de Lusignan et le comte Guillaume V conservés à Angoulême, ayant pour but de critiquer le pouvoir du comte de Poitiers et donc de justifier de manière allusive la position du comte d'Angoulême. L'auteur intervient à maintes reprises dans le texte pour expliciter les pensées et les motivations des acteurs, discours qui aboutit toujours à la justification des actions du vassal et à la mise en accusation du suzerain. Mais il va aussi plus loin en intervenant dans le récit pour condamner explicitement les actions du comte. Il utilise quatre fois l'expression malum ingenium, qui peut se traduire par « tromperie, fourberie » et laisse supposer que le comte lui-même est conscient d'agir de manière totalement immorale : « Avec quelle force le comte s'engagea auprès d'Hugues, il le sait bien lui-même57. »

40Destiné à être lu dans l'entourage du comte d'Angoulême au moment des révoltes de celui-ci contre le pouvoir du comte de Poitiers, le Conventum aurait ensuite perdu toute utilité lorsque les comtes de Poitiers et d'Angoulême se réconcilient. Ceci expliquerait également la très faible diffusion de ce récit qui nous est parvenu par sa mise par écrit vers 1050 dans le scriptorium de Saint-Cybard d'Angoulême à la suite de la Chronique d'Adhémar de Chabannes.

Conclusion

41Le Conventum est sans conteste un document hors norme, comme en témoigne la masse historiographique le concernant. Il ressemble à une très longue notice mais aussi à d'autres textes littéraires. Sa fonction a fait l'objet de débats opposant les partisans du mémorandum à ceux de l'épopée. Compte tenu des arguments des uns et des autres, le désordre chronologique du document nous a permis de proposer une rédaction à partir de quatre notices différentes rapportant des faits qui sont historiquement attestés, pour constituer un récit. Originaire des milieux du comte d'Angoulême, le récit est fortement critique à l'égard du comte de Poitiers et rédigé au moment-même où le pouvoir de ce dernier est remis en question par les comtes Taillefer. Nous proposons donc d'y voir un texte à caractère politique écrit pour conforter les ennemis du comte de Poitiers ou pour lui attirer l'inimité d'autres de ses vassaux. Nous ne prétendons nullement avoir trouvé la fonction et les circonstances de composition du Conventum, qu'on ne connaîtra sans doute jamais avec certitude, mais nous proposons cette hypothèse de manière à poser des jalons qui feront avancer à nouveau la recherche et la connaissance du Poitou au xie siècle.

Notes

1  Fin des conventions entre le comte et Hugues.

2  Jean-Pierre Poly et Éric Bournazel, La Mutation féodale, xe-xiie siècle, Paris, PUF, 1980, p. 68-79 et Dominique Barthélemy, L'an mil et la paix de Dieu, la France chrétienne et féodale, 980-1060, Paris, Fayard, 1999, p. 340-347.

3  Le « Conventum » (vers 1030) : un précurseur aquitain des premières épopées, éd. et trad. George Beech, Yves Chauvin et Georges Pon, Genève, Droz, 1995, p. 10.

4  Ibid, p. 11.

5  AlfredRichard, Histoire des comtes de Poitou, 778-1204, Paris, Picard, 1903, p. 166.

6  Sidney Painter, « The Lords of Lusignan in the Eleventh and Twelfth centuries », Speculum, vol. 32, no 1, janvier 1957, p. 27-47, en part. p. 43.

7  Marcel Garaud, « Les Châtelains de Poitou et l'avènement du régime féodal, xie et xiie siècle », Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, s. 4, t. 8, 1964, p 35.

8  W. Mary Hackett, « Aspects de la langue vulgaire du Poitou d'après un document latin du xie siècle » dans Mélanges offerts à Rita Lejeune, Gembloux, Duculot, 1969, t. I, p 13-22.

9  Jane Martindale, « Conventum inter Willelmus comitem Aquitanorum et Hugonem Chiliarchum », The English historical review, vol. 84, n° 332, juillet 1969, p. 528-548.

10  J.-P. Poly et E. Bournazel (op. cit. n. 2), p. 68-79 et p. 137.

11  Georges Duby, Le Moyen Âge d'Hugues Capet à Jeanne d'Arc, Paris, Hachette, 1987, p. 128-129.

12  Le « Conventum... » (éd. cit. n. 3)

13  Ibid, p. 29.

14  D. Barthélemy, « Du nouveau sur le Conventum Hugonis ? », Bibliothèque de l’École des Chartes, vol. 153, n. 2, 1995, p. 483-495.

15  Tomás Palosfalvi, Recherches sur la famille des Lusignan et ses relations aux xie et xiie siècles, Mémoire de DEA de l'université de Poitiers sous la direction de Martin Aurell, 1995.

16  J. Martindale, « The Conventum : a postscript » dans Status, Authority and regional Power. Aquitaine and France. 9th to 12th Century, éd. J. Martindale, Aldershot, Ashgate variorum, 1997, VIII, p. 31.

17  G. Beech, « The Lord/Dependant (vassal) relationship: a case study from Aquitaine c. 1030 » dans Journal of Medieval History, 24, 1998, p. 1-30 ; Id, « Narrative Structures and Techniques in the Conventum of Aquitaine ca. 1030 », dans Latin Culture in the Eleventh Century, dir. M. W. Herren. C.J. McDonough et R. G. Arthur, Turnhout, Brepols, 2002, p. 39-56 ; Id, « The Contribution of Diplomatics to the Identification of an Early-Eleventh Century Aquitanian Narrative », dans Charters, Cartularies, and Archives: The Preservation and Transmission of Documents in the Medieval West, dir. A. J. Kosto et A.Winroth, Turnhout, Brepols, 2002, p. 61-79 ; Id, « The Biblical David as Role Model in the early 11th century Latin narrative the Conventum of Aquitaine » dans Foi chrétienne et Églises dans la société politique de l'Occident du Haut Moyen Age (ive-xiie siècles), dir. J. Hoareau-Dodinau et P. Texier, Limoges, Pulim, 2004, p. 253-269.

18  D. Barthélemy (op. cit. n. 2), p. 340-347 ; Id, « Autour d'un récit de pactes 'Conventum Hugonis', la seigneurie châtelaine et le féodalisme en France au xie siècle », dans Il feudalesimo nell'alto medioevo (8-12 aprile 1999). Settimane di Studio del centro italiano di Studi sull'Alto Medioevo, n° 47, Spolète, Presso la Sede del Centro, 2000 ; Id, « Fiefs et vassaux dans la France de l'an mil » dans Feudalism, new landscapes of debate, éd. Sverre Bagge, Michael H. Getling et Thomas Lindkvist, Turnhout, Brepols, 2011, p. 57-75.

19  D. Barthélemy (art. cit. n. 14), p. 488-492.

20  La Passion de Clermont et la Vie de Saint-Léger, puis, par la suite, la Chanson de Roland : voir G. Beech (art. cit. n. 17), p. 43.

21  Ibid, p. 39-56, en part. p. 55-56.

22  Pour les confirmations de l'historicité des différents épisodes, nous nous permettons de renvoyer à notre mémoire : Clément de Vasselot, La famille de Lusignan de Hugues le veneur à Hugues VIII (xe siècle‑1164), Domination châtelaine, hiérarchisation et ascension des lignages, Mémoire de M2 sous la direction de Martin Aurell, ENS de Lyon et Université de Poitiers, 2014.

23  « Aquitanorum comes vocitatus Guillelmus conventum habuit cum Hugonem Chiliarchum, tu dum eveniret finis vicecomiti Bosoni, honorem ejus mitteret ei in commendatui. Roho vero episcopus vidit et audivit, oscultavitque brachium comiti », Le « Conventum »... (éd. cit. n. 3), p. 123.

24  Tours, bibl. mun., fonds Salmon, Bourgueil t. 1, f. 247.

25  Cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, éd. L. Redét, Archives historiques du Poitou, t. III, Poitiers, 1874, 273, p. 175.

26  Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, éd. A. Bruel, Paris, 1884, t. III, 987-1027, n° 2716, p. 739-740.

27  Adhémar de Chabannes, Chronique, trad. Y. Chauvin et G. Pon, Turnhout, Brepols, 2003, p. 245.

28  Le « Conventum... » (éd. cit. n. 3), p. 22 ; Géraldine Damon, Naissance d'une tétrarchie nobiliaire en Poitou : les vicomtes de Thouars et les seigneurs de Lusignan, Parthenay et Mauléon, Mémoire de DEA sous la direction de Martin Aurell, Université de Poitiers, 2004, vol. 1, p. 40 et 46.

29  Chartes de l´abbaye de Nouaillé de 678 à 1200, éd. Pierre de Montsabert, Archives historiques du Poitou, t. XLIX, Poitiers, 1936, 108, p. 181, n. 1.

30  Jacques Duguet, « La Famille de Rancon des origines aux environs de 1150 » dans Familles et châteaux dans le comté de Poitiers (Poitou, Aunis, Saintonge) du xie siècle au xiiie siècle, J. Duguet, Société de géographie de Rochefort, 2009, p. 137.

31  D. Barthélemy (art. cit. n. 14), p. 488-492.

32  « Fin des conventions entre le comte et Hugues. » Le « Conventum... » (éd. cit. n. 3), p. 136-138.

33  G. Beech (art. cit. n. 17), p. 39-56, en part. p. 55-56.

34  « Quadam tribunus nomine Aimericus, abstrahens castrum vocitatum Sivriacum Bernardo seniori suo, et hoc castrum rectitudo erat Hugoni sicut fuerat patris suo. Pro ira quam tenebat Guillelmus comes adversus Aimericum amonuit Ugonem tu fieret homo supradicto Bernardo pro ipsam partem de castro qui fuerat patri suo, et tu ambo acciperent litigationem cum Aimiricum. Fuit autem contrarium Ugoni ut esset homo Bernardi, facere noluit. Hanc istam ammonitionem comes uno anno tenuit, et quod amplius irascebat tanto majus ammonebat Ugoni, ut fieret homo Bernardi. Transacto anno veniens comes ad Ugonem quasi iratus dixit ei : “Quare non agis conventum cum Bernardo ? Tantum ex me tu es, ut si dicerem tibi rusticum facere in seniori facere debueras. Age quod dico, et si tibi male deprehenderit require mihi”. Credidit eum Ugo et homo fuit Bernardi propter quartam partem de castro supradicto » Le « Conventum »... (éd. cit. n. 3), p. 127-128.

35  Pour les détails concernant la parenté entre Hugues de Lusignan et Boson de Châtellerault voir C. de Vasselot (op. cit. n. 22), p. 262-264.

36  « Et ut vidit Ugo quod non haberet terram cepit de caballarios Toarcinse XLIII ex meliores, potuissetque habere pacem, et suas terras firmas, et justiciam de malifacto. Et si accipere voluisset redemptionem potuisset capere solidos XL milia. Ut autem audivit comes, letus esset debuisset, fuitque tristis, et transmisit pro Hugonem dicens ei: “Redde mihi homines”. Respondit ei Ugo : “Mihi haec quare domine, ego ninil perdo nisi per fidelitatem tuam”. Comes vero dixit : “Non eso tibi interrogo propter tuum malum sed etiam per hoc quod meus tu es ad facere meam voluntatem, et ut omnes sciant, per conventum ego talem homines recipiam ut tibi finem faciam, et terras tuas firmas, malique facto emendato aut homines ipsos reddere tibi. Fac hoc sine dubitatione ad meam creditam fidemque meam et si deprehenderit tibi male scire poteris quia ego traditionem tibi factam habeo.” Misitque Ugo in Deum et in illo reddiditque homines ipsos comiti per talem conventum. Postea ugo homines non habuit nec rectum, et terram suam perdit. » Le « Conventum »... (éd. cit. n. 3), p. 126-127.

37  Pour les détails concernant l'identité de l'épouse d'Hugues le Chiliarque, Audéarde de Chabanais, voir C. de Vasselot (op. cit. n. 22), p. 268-269.

38  Chartes et documents pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Maixent, éd. Alfred Richard, Archives historiques du Poitou, t. XVI, Poitiers, 1886, t. I , LXXXVI, p. 104.

39  Le « Conventum... » (éd. cit. n. 3), p. 10.

40  Ibid, p. 64 et 106

41  J. Martindale (art. cit. n. 16), p. 32.

42  Adhémar de Chabannes (éd. cit. n. 27), p. 254.

43  Nouaillé... (éd. cit. n. 29), 104, p. 172-173.

44  Adhémar de Chabannes (éd. cit. n. 27), p. 279-280.

45  Cartulaire de l´abbaye royale de Notre-Dame de Saintes éd. Th. Grasilier, Cartulaires inédits de la Saintonge, t. II, Niort, 1871, CXL, p. 106-108.

46  Adhémar de Chabannes (éd. cit. n. 27), p. 254.

47  Olivier Guillot, Le comte d'Anjou et son entourage au xie siècle, Paris, Picard, 1972, p. 53-54.

48  Jan Hendrik Prell, Comtes, vicomtes et noblesse au nord de l'Aquitaine, études prosopographiques, historiques et continuelles sur le Poitou, l'Aunis et la Saintonge, Oxford, 2012, p. 57.

49  Notre-Dame de Saintes... (éd. cit. n. 45), CXL, p. 106-108.

50  Cartulaire de l'abbaye Saint-Amant de Boixe, éd. A. Débord, Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente, Poitiers, 1982, 91, p. 139-140

51  Historia Pontificum et Comitum Engolismensis dans Recueil des Historiens des Gaules et de la France, XII, Paris, 1877, p. 36.

52  W. M. Hackett(art. cit. n. 8), p. 13-22.

53  Information aimablement transmise par George Beech qui prépare actuellement un article sur ce sujet.

54  Le « Conventum... » (éd. cit. n. 3), p. 79.

55  Ibid, p. 81-82.

56  « Istum sanctum crucificum », Ibid, p. 137.

57  « Sic etiam fortiter promisit comes Ugoni, quantum ipse bene scit. » Le « Conventum... » (éd. cit. n. 3), p. 128.

Pour citer ce document

Par Clément de Vasselot, «Les relations féodales dans le Poitou au début du xie siècle : de l’élaboration du conventum à sa fonction», Annales de Janua [En ligne], Les Annales, Moyen Âge, n°3, mis à jour le : 02/04/2015, URL : https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr:443/annalesdejanua/index.php?id=879.

Quelques mots à propos de :  Clément de Vasselot

Statut : Doctorant contractuel de l'Université de Nantes - Laboratoire : Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique - Directeur de recherche : John Tolan et Martin Aurell - Titre du mémoire : Le « Parentat » : structuration du pouvoir féodal et réseaux de parenté : L'exemple de la famille de Lusignan (xe-xive siècles) - Thématiques de recherche : Histoire politique et militaire ; Famille au Moyen Âge ; Aristocratie ; Féodalité ; Réseaux de parenté - Contact : clement.de-vassel ...