Éditorial

Par Amélie Rigollet
Publication en ligne le 06 avril 2016

1Lors de la journée d’études organisée le 2 avril 2015 par l’association Janua, de jeunes chercheurs se sont emparés de la formule apparemment antonymique d’ « Humanités numériques ». Les articles qui en découlent, rassemblés dans cette revue, exemplifient la manière dont de jeunes chercheurs manipulent ce concept et l’intègrent à leur réflexion historique. Cette orientation résolument méthodologique correspond à la ligne directrice suivie par les Annales de Janua depuis leur création il y a quatre ans, définie par Manon Durier dans le deuxième éditorial :

Alors que la majorité des publications a pour vocation première la diffusion de résultats, nous souhaitons davantage attirer l’attention sur la méthodologie employée afin de nourrir le débat scientifique sur la manière dont les savoirs se construisent. Dans cette perspective, les articles ont été rédigés de telle sorte qu’ils puissent être lus avec profit par tous les chercheurs – qu’ils soient ou non spécialistes de la thématique abordée – ainsi que par les amateurs éclairés. Le vaste champ d’étude temporel et disciplinaire rassemblé dans nos Annales est, à cet égard, un atout précieux pour provoquer des comparaisons fructueuses entre des domaines plus ou moins éloignés.

2En s’emparant d’une thématique actuelle, l’association Janua invitait à considérer méthodologiquement une expression en cours de théorisation. L’appel à communication de cette journée d’étude proposait des pistes variées de réflexion :

Comment les jeunes chercheurs s’insèrent-ils dans le grand champ des digital humanities ; quelle place les outils numériques ont-ils dans leurs méthodes et pratiques de recherche, quelles transformations ont-ils permis et quelles perspectives offrent-ils ?

Comment cette modification de l’approche des sciences humaines se manifeste-t-elle concrètement ; quels sont les outils disponibles, comment fonctionnent-ils et qu’apportent-ils réellement ?

Quelles sont les éventuelles limites de ces pratiques, comment éviter de tomber dans les travers du numérique pour le numérique ; quelle peut être la pérennité de ces nouveaux supports face à l’évolution rapide et éparse des outils disponibles ?

3Les sciences humaines étant progressivement remodelées par ces nouvelles pratiques, il est fondamental d’élaborer un raisonnement pragmatique sur leurs usages, de s’interroger sur la place accordée à ces outils, mais aussi sur les perspectives d’utilisation, sur leur fonctionnement et leur maîtrise, afin d’en cerner les apports et les limites, dans l’intention éventuelle d’établir les besoins techniques inassouvis.

4Le fil directeur unissant ces différents articles repose donc sur l’expérimentation ou la création d’outils numériques au service des « humanités » antiques et médiévales. Il s’agit de « donner du sens » aux sources historiques en créant un matériau exploitable, une synthèse analysable. Neuf jeunes chercheurs ont été confrontés à un problème initial commun : l’inintelligibilité d’une source historique, soit par l’abondance de données lors de collectes quantitatives, soit par l’illisibilité du support, soit par la volonté de croiser des informations éparses. Il résulte de cette difficulté originelle des propositions de solutions variées, permettant de « lire » des sources qui n’étaient pas accessibles telles quelles à l’interprétation. Le maniement d’un outil informatique, numérique, est une constante reliant les différents articles de cette édition. La création de bases de données ou la production de supports, parfois en 3D, aboutissent à des analyses scientifiques. Celles-ci sont parfois appliquées à des usages publics de préservation et d’accessibilité patrimoniale. Les différents articles exposent la situation initiale ayant justifié le recours aux outils numériques. Puis les auteurs décrivent le processus d’apprentissage et de maîtrise méthodologique, et présentent les premières pistes d’analyse académique ou d’exploitation pratique qui en ont découlé.

5Mes premiers remerciements s’adressent aux membres de l’association Janua, dont l’intense investissement a permis le bon déroulement de ce projet, depuis l’appel à communication jusqu’à la journée d’étude : Pauline Maouchi, Ryma Kerkad, Caroline Lambert, Pamela Nourrigeon, Marie-Sophie Caruel et Manon Durier. Cette journée n’aurait pu être réalisée sans le soutien, logistique et financier, de l’Université de Poitiers, du CESCM et de HeRMA. Je remercie chaleureusement les auteurs des articles pour leur travail minutieux au fil de cette année marquée par les différentes étapes du processus éditorial. Les membres du comité scientifique et les experts consultés ont nettement contribué à la qualité de cette édition grâce à leurs conseils : Nadine Dieudonné-Glad, Martin Aurell, Cécile Treffort, Nicolas Tran, Nicolas Prouteau, Estelle Ingrand-Varenne, Stephen Morrison, Alexandre Vincent, Yves Lafond, Stéphane Büttner, Matteo Ferrari et Laurent Aubry. Juliette Kocher, Pauline Maouchi, Caroline Lambert et Emilie Mineo ont généreusement accepté d’effectuer les relectures finales. Je remercie Vanessa Ernst-Maillet pour son savoir-faire lors de la mise en ligne, compétences indispensables à l’édition de cette revue. Sylvain Sonnet, de I-Médias, a favorisé ce processus de mise en ligne. Enfin, je souhaite tout particulièrement remercier Manon Durier pour sa bienveillance lors de la transmission des fonctions éditoriales.

Pour citer ce document

Par Amélie Rigollet, «Éditorial», Annales de Janua [En ligne], Les Annales, n° 4, mis à jour le : 30/09/2019, URL : https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr:443/annalesdejanua/index.php?id=1396.

Quelques mots à propos de :  Amélie Rigollet

Statut : Doctorante et A.T.E.R., Université de Poitiers – Laboratoire : CESCM, UMR 7032 – Sujet de thèse : La famille de Briouze (1066-1326) - Directeurs de thèse : sous la codirection de Martin Aurell (CESCM, Université de Poitiers) et de Daniel Power (University of Swansea) - Thématiques de recherche : Normandie, îles britanniques, chevalerie, seigneurie, pouvoir, conquête, frontières, violence, monographie familiale, parenté – Contact : amelie.rigollet@univ-poitiers.fr ...