La géographie du pouvoir : Pindare et les héros d’Égine (Néméenne 4.44-56)

Par Tiziano Presutti
Publication en ligne le 26 avril 2023

Résumé

The paper focuses on the interpretation of a passage of Pindar’s Nemean 4, which deals with the list of territories over which the Aiakids, heroes of Aegina, wielded their power (ll. 44-56). This list, which can be considered as a sort of mythic and historical picture of Aegina’s power, has a specific rhetorical function within the ode, and contributes to reinforce its encomiastic purpose.

La contribution examine les possibilités d'interprétation liées à un passage de la Néméenne 4 de Pindare concernant la liste des territoires sur lesquels les Éacides, les héros d’Égine, exerçaient leur pouvoir (v. 44-56). Cette liste, à considérer comme une sorte de photographie mythico-historique de la puissance d'Égine, a une fonction argumentative précise au sein de l'ode, et contribue à renforcer son caractère encomiastique.

Mots-Clés

Texte intégral

1Statut : PhD (Università degli Studi “G. d’Annunzio” di Chieti-Pescara) - Université : Università di Chieti-Pescara - Directeur de recherche : Prof. Carmine Catenacci et Prof. ssa Marialuigia Di Marzio - Titre du mémoire (ou de la thèse) : I Parteni di Pindaro. Testimonianze e frammenti - Thématiques de recherche : Grèce Ancienne, philologie grecque, poésie lyrique grecque, Pindare, Partheneia - Contact : tiziopres94@gmail.com ou tiziano.presutti@unich.it.

Introduction

2À Égine, située dans le golfe Saronique, île située non loin d'Athènes, il existait une aristocratie qui, au cours des vie et ve siècles av. J.-C., a acquis une notoriété et un pouvoir qui n'avaient d'égal que ceux d'Athènes1. Selon les historiens du ve siècle, l’île a frôlé une confrontation colossale avec Athènes, dont le potentiel danger était clairement perçu par le monde grec2.

3On peut se demander comment Égine a pu jouer un rôle si important dans l’espace grec. La petite taille de l'île ne lui permettait pas de gérer facilement le problème de l'approvisionnement. La projection vers l'activité de commerce et/ou d'échange maritimes a donc toujours eu lieu, sous des formes de plus en plus institutionnalisées ou du moins perfectionnées. Nous avons des traces d'activités commerciales, bien que non maritimes, dès l'âge archaïque. Il semble donc concevable que dès avant le vie siècle av. J.-C. Égine ait développé une mentalité tournée vers l'extérieur.

4La contribution d'Égine aux Guerres médiques a également été cruciale : selon Hérodote, les marins de la flotte éginétique ont été les véritables artisans de la victoire de la bataille de Salamine (480 av. J.-C.), ceux qui ont effectivement repoussé l'invasion perse par la mer3.

Pindare et Égine : mythe et réalité

5Dans la production de Pindare (vers 518 av. J.-C. - vers 446 av. J.-C.), une place exceptionnelle est occupée par les odes adressées aux athlètes de l'île d'Égine4. Selon l'une des plus importantes traditions mythiques de l'époque, Égine était la patrie d’Éaque, le géniteur d'une lignée de héros qui comptait Achille, Ajax et Pélée parmi ses représentants5. Pindare, conscient de cet héritage mythique, s'attarde souvent dans ses poèmes pour les Éginètes sur des récits qui incluent les actes des Éacides, les descendants d'Éaque. La domination mythique d'Éaque, par exemple, est souvent associée à la réelle puissance maritime de l'île, dont Pindare était un admirateur ; ailleurs, la puissance militaire des habitants d'Égine est attribuée aux exploits d'Ajax et d'Achille, et ainsi de suite.

6Dans les épinicies émerge donc un désir de célébration qui ne semble jamais se séparer de la conscience du contexte dans lequel elles s'inscrivent : on a l’impression que Pindare, plutôt que de célébrer l'individu, va jusqu'à chanter la gloire politique, économique, militaire et sociale de l'île entière et de la communauté qui la constitue.

La Néméenne 4

7Parmi les odes dédiées aux athlètes d’Égine, on trouve la Néméenne 4, composée en 473 av. J.-C. pour la victoire du jeune Timasarque fils de Timocrite, qui appartenait à la famille de Théandrides, et qui avait triomphé dans la discipline de la lutte lors des jeux de compétition organisés à Némée.

8L’épinicie s'ouvre sur la joie, la poésie et la louange (v. 1-8). Le poète indique ensuite le nom du vainqueur et de son père Timocrite, alors mort, en précisant que Timasarque a également obtenu des victoires lors de jeux à caractère plus local, par exemple ceux de Thèbes (v. 9-22). C'est de cette dernière ville que serait venu Héraclès, qui, lors d'une ancienne expédition contre Troie, avait emmené avec lui Télamon (v. 22-32), l'une des plus importantes figures mythiques d'Égine, le père d'Ajax et de Teucer. Après avoir fait allusion au peu de temps disponible, Pindare ajoute un groupe de phrases énigmatiques, dont l'argument central semble être l'idée de résister aux pièges de l'envie (v. 33-43). Ensuite, Pindare quitte le terrain de la réflexion pour se consacrer à sa tâche principale, celle de la louange d'Égine. Ici nous trouvons la liste des territoires des Éacides, que nous traiterons en profondeur. À la fin de la section, le poète conclut en revenant sur la question de l'immensité du sujet à traiter et du peu de temps disponible. Le poème se termine par un nouvel éloge du dédicataire, dans lequel Pindare s’adresse à son illustre famille, les Théandrides, et à son entraîneur Mélésias (v. 73-96).

Les lieux du pouvoir

9La section qui suit les réflexions sur la résistance à l'envie se concentre sur la maison des Éacides :

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« Tisse, douce phorminx, tisse, sans plus tarder, sur le mode lydien, ce chant aimé d’Œnone et de Chypre, de Chypre où règne Teucer, le fils de Télamon, tandis qu’Ajax conserve Salamine, son héritage, et que, dans le Pont-Euxin Achille habite une île lumineuse ; que Thétis a son domaine à Phthie, et Néoptolème dans la vaste Épire, où les hautes montagnes, pâturages aimés des bœufs, s’étendent depuis Dodone jusqu’à la mer Ionienne. Cependant, au pied du Pélion, Pélée porta sa main guerrière sur Iolcos, la soumit et la livra aux Haimones, après qu’il eut éprouvé l’astuce perfide de l’épouse d’Acaste, Hippolyte » 6.

10Dès le départ, Pindare montre que le destinataire principal de son poème n'est autre que l'île, qui a abrité des héros que, comme il le précise ailleurs, c'est un devoir de célébrer par des paroles de louange (Pindare, Isthmiques, 6.20-21). Par une énumération concise, Pindare dépeint une carte idéale des dominations éginétiques : (1) Égine ; (2) Salamine de Chypre et Teucer ; (3) Salamine proprement dite et Ajax ; (4) l' « île lumineuse » et Achille ; (5) Phthie et Thétis ; (6) Épire et Néoptolème ; (7) Iolcos et Pélée.

11La liste obéit à des critères d'articulation qui semblent non aléatoires. Tout d'abord, il faut souligner le critère d'exposition : jusqu'à Néoptolème, la liste préserve le schéma héros-localité-verbe du pouvoir. Deuxièmement, nous pouvons parler d'un critère géographique. Afin de clarifier visuellement le contenu, une carte a été élaborée (Fig. 1). Grâce à elle, il est possible de retracer le parcours de l'exposition pindarique, qui est structurée sur la base d'une alternance, jusqu'à un certain point, entre les directions est et ouest : en partant d'Égine (1), on se rend ensuite à Salamine de Chypre (2, est), puis à Salamine (3, ouest), puis à l' « île lumineuse » (4, est), puis à Phthie (5, ouest) ; l'orientation est ici inversée, et on repart vers l'ouest, en Épire, plus précisément à Dodone (6, ouest), pour reprendre ensuite, avec Iolcos, la direction opposée (7, est)7. En outre, la tendance semble être marquée par d'autres critères, celui du passage du proche au lointain, qui caractérise au moins les passages 1-5, et celui du passage des îles aux continents, qui concerne les blocs 1-4 et 5-78.

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Fig. 1 : la carte du pouvoir d’Égine © Richard Talbert, The Barrington Atlas of the Greek and Roman World, Princeton, Princeton University Press, 2000, Map 1, particulier, ici modifié (voir l'image au format original)

12(1) Égine, v. 46 ; il s’agit du point de départ du parcours.
(2) Teucer, v. 46-47/48 ; la première étape est l'île de Chypre, sur laquelle Teucer, fils de Télamon, lui-même fils d’Éaque, avait fondé la ville de Salamine, du même nom que la ville proche d'Athènes. C'est la première attestation littéraire de ce lien entre l'île et le héros. Après la fin de la guerre de Troie, le suicide d'Ajax, demi-frère de Teucer, avait eu lieu ; lorsque ce dernier rentra chez lui, il fut accusé d'être responsable, plus ou moins indirectement, du suicide d'Ajax. Cela l'a obligé à fuir ailleurs, et c'est à Chypre que le héros a trouvé l'environnement idéal9. Pindare décide de presque tout omettre de cet événement, qui est caractérisé par un développement en clair-obscur, à l'exception du seul effet positif, à savoir le fait que l'exercice particulier du pouvoir de Teucer à Salamine de Chypre est l'expression, par extension, de la diffusion générale du pouvoir d'Égine10. Le verbe ἀπάρχει (v. 46), dont le sens de "commander" est peut-être à préférer à celui de "commander de loin", semble exprimer, par l'emploi du présent, l'idée d'une domination exercée encore aujourd'hui, de manière continue, dont l'actualité est encore tangible11.
(3) Ajax, v. 47/48-49. C’est le tour de la Salamine « paternelle » (v. 48 πατρῴαν), ainsi définie parce qu'elle a été gouvernée d'abord par le père Télamon, puis par son fils Ajax. Le fils de Télamon est l'une des figures préférées de Pindare : dans d’autres odes, Pindare souligne le caractère dramatique du suicide d'Ajax, le dépeignant comme un moment où le héros est trahi ou abîmé par d'autres qui enviaient sa vaillance, ou qui ne le reconnaissaient pas12. Néanmoins, dans cette ode, la référence à Ajax est réduite à une brève mention. Le fait qu’il ait exercé son autorité sur l'île est déjà connu par le Catalogue des navires homérique, dans lequel Ajax et son contingent sont décrits en deux lignes très discutées, avec une référence à leur ville d’origine, Salamine13. Il convient toutefois de noter que les traditions associant Ajax à Salamine, dans l'Antiquité, étaient pour la plupart d'origine athénienne, et non éginétique : en fait les Athéniens avaient introduit le culte d'Ajax et de ses descendants peut-être dès le vie siècle av. J.-C., à une époque où une dispute faisait rage entre Athènes et Mégare pour la possession de l'île de Salamine14. Il est clair, cependant, compte tenu du conflit qui caractérisait les relations entre Athènes et Égine, que cette "compétition" mythico-religieuse incluait aussi Égine, qui dès la même époque avait commencé à revendiquer une préemption sur les événements concernant les Éacides, mais avec le détail remarquable que les fils d'Ajax, désormais monopolisés par Athènes, étaient fermement exclus des traditions éginétiques. Si les Athéniens ont tenté de s'approprier la figure d’Ajax à travers ses fils, les Éginètes l'ont fait à travers son père Télamon15. Pindare, qui ne pouvait pas ignorer ces dynamiques contradictoires, semble souvent être vague à ce propos, sauf dans notre épinicie16. Dans ce passage, en fait, le poète donne au règne d'Ajax sur Salamine un caractère plus explicitement éginétique. Excluant temporairement la composante athénienne du règne salaminien d'Ajax, Pindare valorise au contraire l'élément éginétique, afin de donner à la puissance d'Égine la plus haute reconnaissance.
(4) Achille, v. 59-60. L'attention se porte maintenant sur Achille, dont la figure se situe sur le Pont-Euxin, l'actuelle mer Noire, en un lieu appelé « île lumineuse » (φαεννὰ νᾶσος) : il s'agit d'une périphrase indiquant probablement l'île Leukè (Λευκή, "Blanche"), à identifier avec l'actuelle Île des Serpents, théâtre des événements récents dans le cadre de l'affrontement entre l'Ukraine et la Russie. L'association entre Achille et Leukè à laquelle Pindare fait référence se retrouve déjà dans une tradition qui est contenue dans l’Éthiopide, un poème épique très ancien attribué au poète Arctinos de Milet (viiie siècle av. J.-C. ?) : dans ce poème (dont on a conservé des résumés produits beaucoup plus tard), après la mort d'Achille, son corps fut transporté sur l'île par Thétis, qui, avec ses sœurs et les Muses, avait auparavant célébré les funérailles du héros à Troie17. Les traces de la relation entre Achille et l'île sont également mises en évidence par les découvertes archéologiques, qui attestent de l'existence d'un culte sur l'île, déjà actif dans l'Antiquité (vers le vie siècle av. J.-C.) ; Achille, semble-t-il, s'est vu attribuer ici l'épithète de Ποντάρχης ("seigneur de la mer")18. Dans l'Olympique 2, Pindare place Achille dans un autre lieu très éloigné, presque légendaire, les Îles des Bienheureux, v. 79-83 ; à partir de là, certains ont cru que, dans la conception de Pindare, cette île coïncidait avec Leukè19. Ce n'est cependant pas nécessaire, et on peut affirmer que pour Pindare, les lieux étaient bien distincts et qu'il privilégiait l'un ou l'autre selon les circonstances20. En fait, en décrivant les Îles des Bienheureux, le poète insiste sur leur statut de lieu essentiellement inaccessible (Pindare, Olympiques, 2.68 et suivants)21. Dans notre cas, cependant, l'étiquette d'un lieu totalement inaccessible n'aurait pas aidé dans une énumération qui vise plutôt à mettre en évidence la vivacité, l'actualité et la "réalité" (voir point 5) du pouvoir qu'Égine entendait exercer.
Pour Pindare la localisation d'Achille à Leukè représente donc une autre pièce précieuse dans l’espace de la puissance d'Égine. Il n'est alors pas à exclure que, malgré le fait que l'épithète "seigneur de la mer" appartienne à une phase historique plus tardive, la présence d'Achille dans le réseau des cultes de la mer Noire puisse être considérée comme une souveraineté marine déjà à l'époque de Pindare, de nature qui pouvait harmonieusement être reliée à celle qu'Égine voulait exprimer sur la mer Égée.
(5) Thétis, v. 50-51. La mention du pouvoir de Thétis sur Phthie est une sorte d'exception à l'image de la lignée des Éacides, puisque la Néréide ne lui appartenait pas en ligne directe, mais seulement par son mariage avec Pélée, auquel est également consacrée la section mythique qui suit l'énumération des vers 43-56 (voir point 7). Phthie, située dans la Thessalie, était reconnue dans l'Antiquité comme le siège du règne d'Achille, de Pélée et d'autres, bien avant que les traditions des Éacides ne soient introduites dans le paysage religieux d'Égine22. La référence à Phthie sert donc avant tout à affirmer l'ascendance de l'île et de ses héros. La référence au pouvoir de la Néréide pourrait être considérée comme une reconnaissance "indirecte" du pouvoir royal que Pélée, son époux, aurait exercé dans cette partie de la Thessalie. Pourtant, la figure de Thétis ne se borne pas à être l'épouse de Pélée. (I) En tant que fille de Nérée, elle était d'abord une figure divine, une figure qui, selon une tradition rapportée par Pindare lui-même, avait été disputée par des dieux tels que Poséidon et Zeus avant de rejoindre Pélée (Pindare, Isthmiques, 8.26a-47) : sa seigneurie sur un lieu du monde des hommes était donc un fait exceptionnel en soi, et aurait justifié avant tout sa mention. (II) D’ailleurs, la présence de Thétis en Thessalie avait peut-être aussi une connotation cultuelle : dans la région, selon certaines traditions, se trouvait un lieu appelé Thetideion, "le lieu de Thétis", alternativement identifié comme une ville ou comme un espace consacré à la Néréide23. (III) Enfin, Thétis jouissait également d'une grande reconnaissance pour être la mère d'Achille, l'un des plus importants héros de la Grèce24. En tant qu'épouse de Pélée et mère d'Achille, la Néréide était donc susceptible d'être désignée à la fois comme un membre du cercle des Éacides et comme la souveraine d'un lieu, rôle souligné par l'emploi du verbe le plus expressif de toute la liste, κρατεῖ, indiquant l'exercice non pas d'un gouvernement (ἀρχά) ou d'une autorité royale (βασιλεία), mais d'un pouvoir incontesté, dont la supériorité ne peut être mise en doute.
(6) Néoptolème, v. 51-53. Avec Néoptolème, fils d'Achille, Pindare rompt avec la formularité des mentions précédentes, qui se caractérisait par le schéma localité-nom-verbe. Le fils d'Achille est l'une des figures les plus controversées du panorama mythique de Pindare25. Effectivement, à propos de sa mort prématurée, le poète propose deux versions divergentes dans deux odes différentes, la Néméenne 7 et le Péan 6, odes dont la corrélation a été âprement débattue à plusieurs reprises26. Dans notre épinicie, la situation apparaît beaucoup moins problématique, puisqu’il ne s’agit pas de la mort du héros, mais de sa relation étroite avec la région de l'Épire, en particulier avec la zone qui s'étendait de Dodone jusqu'à la côte, décrite par Pindare comme riche en troupeaux27. Le pouvoir de Néoptolème sur l'Épire est indiqué par le même verbe utilisé pour Thétis, κρατεῖ (v. 50 ; voir point 5), qui est sous-entendu ici. Le lien entre Néoptolème et la région est attesté, de même que pour Achille (point 4), dans un poème de l'époque archaïque, intitulé Retours (Νόστοι), centré sur les voyages de retour que les héros grecs effectuaient après la destruction de Troie. On y rapporte que Néoptolème, sur les conseils de sa grand-mère Thétis, évita de quitter Troie par la mer et, après quelques aventures, atteignit finalement les Molossiens, qui vivaient plus au nord que Dodone28. Sur ce mythe, Pindare semble avoir plus ou moins varié : mis à part un passage très discuté, il semble que le voyage de Néoptolème, selon un passage de la Néméenne 7 (v. 34-37), se soit plutôt déroulé par mer29. Le plus important, en tout cas, c’est que, peu après le passage que nous venons de citer, Pindare remarque que le règne de Néoptolème en Épire, bien que court, a laissé une trace indélébile (v. 37-40) : pour décrire cet événement, Pindare utilise une expression qui n'est pas éloignée de celles que l'on trouve dans notre ode, car elle contient aussi une région de référence (v. 38 Μολοσσίᾳ) et un verbe de puissance (v. 38 ἐμβασίλευεν, « régnait »), mais avec la différence que dans la Néméenne 7 le verbe est exprimé sous une forme passée, d'éloignement narratif, alors qu'ici tous les verbes sont au présent et ont, par là même, une forme actualisante.
(7) Pélée, v. 54-58. L'histoire de Pélée, dont nous n'aborderons que la partie "spatiale", clôt la section de la liste éginétique30. Si avec Néoptolème l'espace descriptif accordé par Pindare avait commencé à s'étendre (trois vers), avec le mythe de Pélée l'expansion atteint son maximum, s'étendant du v. 54 au v. 68. De Pélée, fils d'Éaque et père d'Achille, Pindare décrit quelques-uns des actes les plus importants (la conquête d’Iolcos, le rejet d'Hippolyte, la dispute avec Acaste, la difficile union avec Thétis et l'accès à l'Olympe). L'exploit qui a une vocation spatiale est celui de la prise d'Iolcos : il est le premier à être présenté, mais en réalité il résulte des conséquences du second, à savoir la tentative de séduction de Pélée par Hippolyte, épouse d’Acaste (v. 57-58). La conquête de la ville, rapidement présentée (cf. Pindare, Néméennes, 3.34), est le seul geste, dans la liste des territoires abordés jusqu'ici, qui présente un caractère exclusivement guerrier. Dans ses intentions, elle peut être comparée à l'exploit militaire de Télamon et d'Héraclès contre Troie, évoqué et célébré dans les vers précédents (v. 25-32 : voir point 3), mais le fait de l'inclure dans notre liste lui confère une valeur encore plus incisive, car, en tant que dernière des gloires "spatiales" des Éacides, elle complète le tableau, en montrant clairement comment l'action d'Égine et de ses héros peut s'exprimer par des initiatives de toutes sortes, des plus pacifiques aux plus agressives.

Un pouvoir imaginaire

13La description élaborée par Pindare, comme nous l'avons vu, concerne les possessions sur lesquelles les Éacides, par leurs exploits, avaient imposé leur domination. Il s'agit d'une liste de lieux géographiques, d'une véritable "carte des espaces du pouvoir", un expédient déjà utilisé ailleurs par Pindare (cf. Isthmiques, 5.30-42), et dans laquelle les chercheurs ont identifié l'un des principaux noyaux argumentatifs de l’épinicie.

14Comme Pindare lui-même le précise au début, cette liste est destinée à célébrer non seulement le vainqueur auquel l'ode est dédiée, mais aussi et surtout sa patrie, Égine. Cependant, il n’est pas clair si la carte reflète ou non une réalité géopolitique concrète. Cela paraît peu probable : même si l'on a pu déceler la trace que certains Éacides, en dehors d'Égine, ont laissée dans le paysage cultuel de certaines régions, on peut raisonnablement douter de l'influence réelle d'Égine dans ces territoires. Les preuves concrètes, pour autant que je sache, font défaut. Mais cela ne crée aucune difficulté avec la célébration faite par Pindare : la carte du pouvoir dessinée par le poète a une force essentiellement idéale, puisqu'elle jaillit directement du mythe. Le mythe n'est pas ici une représentation fidèle et objective de la réalité, mais naît du désir précis de représenter et d'imposer un modèle alternatif de la réalité, qui se caractérise par un manque fondamental d'objectivité et par la prévalence, en son sein, d'éléments manipulés, qu'ils appartiennent à une personne, à un groupe de personnes, à un peuple ou à d'autres entités sociales. Par conséquent, la diffusion du pouvoir par les Éacides n'a pas eu lieu dans les territoires indiqués par Pindare. Cependant, cela ne signifie pas qu'Égine n'ait pas exprimé, à cette époque, l'intention de renforcer son pouvoir : l'île disposait d'un très important réseau d'affaires et de commerce maritime, en concurrence avec Athènes, qui, quelques années auparavant, avait fondé la Ligue Délio-Attique, à forte vocation politique, économique et impérialiste (478/477 av. J.-C.). La diffusion du pouvoir des Éacides dans des lieux aussi éloignés traduit donc, sur le plan idéal du mythe, la projection invétérée et compétitive que les Éginètes avaient réellement vers la mer, vers le lointain, vers l'affirmation d'une puissance qui, au moins dans leurs intentions, devait dépasser celle de toute autre cité grecque. Pindare crée ainsi une topologie du pouvoir en quelque sorte fictive, imaginaire, dépourvue de correspondances réelles, mais qui garantit, dans la mesure où elle est sanctionnée par le mythe, le développement d'une idée positive répondant aux exigences de la louange, qui concerne la domination éginétique sur l'espace grec : comme l'explique Paola Angeli Bernardini, les espaces qui, dans le mythe, sont traversés et dominés par les Éacides « témoignent du passé glorieux des Éginètes et de leur pouvoir sur la mer ; [...] Teucer, Ajax, Achille, Néoptolème sont les protagonistes de ce passé et les architectes de la grandeur »31.

Conclusion

15Ayant épuisé la description des territoires et des événements mythiques concernant les héros d'Égine, Pindare clôt la section en rappelant qu'il est impossible d'énumérer toutes les gloires des Éacides (cf. Pindare, Isthmiques, 6.22-23). A ce moment-là, puisqu'il est impossible de dépasser les limites imposées par Héraclès dans la région de Gadès, l'actuelle Cadix, il exhorte un interlocuteur idéal à faire tourner le navire vers l'Europe, à inverser la route, et idéalement à "revenir" à Égine : « Mais on ne peut franchir Gadès. Ramène ta nef vers le continent, ramène-la vers l’Europe ; suivre jusqu’au bout l’histoire des enfants d’Éaque est pour moi une chose impossible » (v. 69-72). Là encore, le poète n'hésite pas à insister sur le motif spatial, en utilisant une référence géographique pour mieux exprimer ses concepts, afin de conclure une fois de plus sous le signe de la puissance de l'île. Après la liste des lieux et des personnages, tout semble finalement ramener à Égine : c'est là que convergent les louanges, et c'est là, aujourd'hui, que se trouve la famille du vainqueur Timasarque, dont Pindare célèbre les victoires agonistiques (v. 73 et suivants). Cette part de l’épinicie, le "moment d'actualité", est située après la section sur les héros mythiques, et lui est indubitablement liée : le fil conducteur qui crée un lien entre le passé et le présent est représenté par l'espace géographique de référence, Égine. Cette relation est renforcée par l'utilisation, dans la liste, du présent dans les verbes du pouvoir (v. 46 ἀπάρχει, 47/48 ἔχει, 50 κρατεῖ), ce qui contribue à exprimer l'idée que le pouvoir mythique des Éacides est toujours actuel, en vigueur, comme celui exercé par les habitants d'Égine. Les familles qui vivent sur l'île et lui confèrent son prestige ne sont donc rien d'autre que la progéniture des Éacides, la continuation naturelle de leur dynastie.

16Lorsque Pindare décide d'arrêter l'énumération des faits et gestes des Éacides, il se réfère à l'image métaphorique du navire (v. 69-70), dont la présence sert à préciser comment la liste des vastes territoires dominés par les Éacides n'est rien d'autre qu'un voyage idéal, une route navale dont le seul but est la glorification d'Égine, patrie des héros immortels.

Bibliographie

17Sources

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Outils

Richard Talbert, The Barrington Atlas of the Greek and Roman World, Princeton, Princeton University Press, 2000.

Notes

1 Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance à Mme Silvia Mascia Paolo et Mlle Samantha Molinaro pour leur aide précieuse lors de la révision de cet article. Sur l'histoire d'Égine voir en général Thomas Figueira, Aegina, New York, Ayer Company, 1981.

2 Dans Hérodote, Histoires, 7.145.1, le conflit entre Athènes et Égine est considéré comme la « confrontation la plus imposante » (μέγιστος πόλεμος) de la fin du vie siècle av. J.-C. Voir Thomas Figueira, Athens and Aigina in the Age of Imperial Colonization, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1991.

3 Hérodote, Histoires, 8.93.1 ; cf. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 11.27.2, Élien, Histoire variée, 12.10, Strabon, Géographie, 8.6.16.

4 Les épinicies pindariques composées pour les athlètes d'Égine sont Pindare, Olympiques, 8, Pythiques, 8, Néméennes, 3-8, Isthmiques, 5, 6 et 8.

5 Sur le patrimoine mythique et religieux d'Égine voir Irene Polinskaya, A Local History of Greek Polytheism. Gods, People, and the Land of Aigina, Leiden-Boston, Brill, 2013.

6 J’ai reproduit le texte de Maria Cannatà Fera (éd.), Pindaro. Le Nemee, Milan, Mondadori, 2020 et la traduction de Aimé Puech (éd.), Pindare, t. 3, Néméennes, Paris, Les Belles Lettres, 1923.

7 Gilles Maloney, « Sur l’unité de la quatrième Néméenne de Pindare» , Phoenix, 18, fasc. 3, 1964, p. 173-182, en part. p. 175. Cf. l’articulation nord-sud de la liste de Pindare, Isthmiques, 6.22-24.

8 M. Cannatà Fera (op. cit. n. 6), p. 363.

9 L'histoire est illustrée dans la scholie de ce passage (Scholies à Pindare, Néméennes, 4.76, dans Anders Björn Drachmann (éd.), Scholia vetera in Pindari carmina, Lipsiae, Teubner, 1903-1927, t. 3, p. 76), mais voir aussi Soph. Aj. 1014-1016. Sur la figure de Teucer et sa localisation chypriote, voir Mattia De Poli, « Il mito di Teucro a Cipro », dans Giornate per Cipro. Atti degli incontri tenuti all’Università di Padova, dir. Mattia De Poli, Padoue, La Garangola, 2008, p. 91-111.

10 Cf. Isocrate, Discours, 9.18, pour lequel voir M. De Poli (op. cit. n. 9), p. 96-97.

11 Le substantif ἄπαρχος, proche de ἀπάρχω, est attesté avec le sens de "commandant" chez un auteur contemporain, Eschyle, Les Perses, v. 327 et Agamemnon, v. 1227. Des positions différentes sont assumées par Georg Ludolf Dissen apud August Boeckh (éd.), Pindari opera quae supersunt, Lipsiae, Weigel Verlag, 1811-21, t. II.2 p. 385 et M. De Poli (op. cit. n. 9), p. 95-96.

12 Sur la figure d'Ajax chez Pindare voir Maria Raffaella Calabrese De Feo, « La figura di Aiace in Pindaro », La parola del passato, 39, 1984, p. 120-132.

13 Homère, Iliade, 2.557-8, pour lequel voir Claude Brügger, Magdalene Stoevesandt, Edzard Visser, Homers Ilias. Zweiter Gesang (Β). Kommentar, Berlin-New York, De Gruyter, 2010, p. 179-180.

14 Sur le culte athénien d'Ajax, voir Patrick John Finglass (éd.), Sophocles. Ajax, Cambridge, CUP, 2011, p. 46-51.

15 Sur le conflit entre les traditions mythiques impliquant Égine, Athènes et aussi Mégare, voir I. Polinskaya (op. cit. n. 5), p. 422-436.

16 (I) Dans Néméennes, 2.13-14, dédiée à Timodème d'Acharnes (dème athénien), Pindare célèbre les prouesses physiques de ce dernier en affirmant que Salamine, la patrie d'Ajax, est le lieu idéal pour se préparer à la guerre : il n'est pas clair si l'élément attique (donc athénien) du vainqueur est à mettre en relation directe avec le héros Ajax et sa patrie Salamine. En d'autres termes, nous ne savons pas si Pindare reconnaît en Ajax un élément attique. (II) Dans une épinicie célébrant les gloires héroïques d'Égine, le poète exalte la vaillance de la flotte éginétique lors de la bataille de Salamine (voir n. 5), en la reliant plus ou moins vaguement à la tutelle d'Ajax, souverain de Salamine (Pindare, Isthmiques, 5.48-50) : ici aussi, cependant, aucune association explicite entre Égine, Ajax et Salamine ne peut être discernée.

17 Alberto Bernabé (éd.), Poetarum Epicorum Graecorum Testimonia et Fragmenta, t. 1, Stutgardiae-Lipsiae, De Gruyter, 1996 [2e éd.], en part. p. 69.

18 Sur le culte d’Achille voir Hildebrecht Hommel, Der Gott Achilleus, Heidelberg, Universitätverlag Carl Winter, 1980, James Thomas Hooker, « The Cults of Achilles », Rheinisches Museums für Philologie, 131, fascicule 1, 1988, p. 1-7 et Benedetto Bravo, Pontica varia, Athènes, École française d'Athènes, 2021, p. 133-190.

19 H. Hommel (op. cit. n. 18), p. 18-27.

20 Cf. J. T. Hooker (op. cit. n. 18), p. 3-4. Ceci, bien sûr, n'exclut pas la possibilité que des traditions identifiant les deux îles aient existé en dehors de Pindare : voir par exemple Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, 4.93.

21 L'accès est régulé par un système de mérite : voir Carmine Catenacci, « Tre note all’Olimpica 2 di Pindaro », dans Mythologein. Mito e forme di discorso nel mondo antico. Studi in onore di Giovanni Cerri, dir. Antonietta Gostoli, Roberto Velardi, Pise-Rome, Serra, 2014, p. 132-137, en part. p. 133-135.

22 Voir I. Polinskaya (op. cit. n. 5), p. 425.

23 Dans Euripide, Andromaque, v. 16-20, le Thetideion est identifié à la zone plate entre Phthie et Pharsale, tandis que dans d'autres sources, il est identifié à une ville ou à un lieu de culte (voir Paola Dolcetti, (éd.), Ferecide di Atene, Alexandrie, Edizioni dell’Orso, 2004, p. 66-67, n. 13).

24 La présence de Thétis est d'autant plus justifiée parce que c'est elle qui avait transporté le corps d'Achille sur l'île Leukè.

25 Sur la figure de Néoptolème chez Pindare, voir en général Bruno Currie, Pindar and the Cult of Heroes, New York, OUP, 2005, p. 396-402.

26 Voir M. Cannatà Fera (op. cit. n. 6), p. 145-147.

27 Sur cet aspect de l'Épire voir Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond, Epirus, Oxford, OUP, 1967, p. 22 et M. Cannatà Fera (op. cit. n. 6), p. 366.

28 A. Bernabé (op. cit. n. 17), p. 95. Sur les motivations de ce voyage terrestre, voir M. Cannatà Fera (op. cit. n. 6), p. 451-452. Sur les relations entre Néoptolème et l'Épire, voir N. G. L. Hammond (op. cit. n. 27), p. 383-385.

29 Il s’agit de Pindare, Péans, 6.100-103, où la référence à une route navale semble évidente. Cependant, des problèmes surgissent au v. 109, où on semble lire le nom du mont Tomaro (Ian Rutherford (éd.), Pindar’s Paeans, Oxford, OUP, 2001, p. 313, n. 32), situé juste à côté de Dodone, et qui est indiqué par Pindare comme la destination du voyage de Néoptolème. L'itinéraire naval des v. 100-103 semble difficilement conciliable avec l'itinéraire terrestre du v. 109 (où l'on lit le nom de Tomaro), à moins d'accepter l'hypothèse non improbable d'un voyage mixte (débarquement et parcours terrestre).

30 Sur un autre aspect de cette section, à savoir la lutte entre Pélée et Thétis (v. 62-65), voir Tiziano Presutti, « Fuoco e leone. La metamorfosi di Teti in Pindaro (Nem. 4.62-65) », Studi e Materiali di Storia delle Religioni, 89, fascicule 1, 2023.

31 Paola Angeli Bernardini, Mito e attualità nelle odi di Pindaro, Rome, Edizioni dell’Ateneo, 1983, p. 111-112.

Pour citer ce document

Par Tiziano Presutti, «La géographie du pouvoir : Pindare et les héros d’Égine (Néméenne 4.44-56)», Annales de Janua [En ligne], Les Annales, n° 9, mis à jour le : 13/11/2023, URL : https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr:443/annalesdejanua/index.php?id=3256.

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