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Les « Maures de paix » et la conquête portugaise : négociations et collaboration dans le Sud du Maghreb (1486-1541)
Par Afonso Celso Malecha Teixeira
Publication en ligne le 26 avril 2023
Résumé
Between 1486 and 1541, the king of Portugal became the suzerain of the largest number of coastal cities in the Atlantic Maghreb. The conquest of these cities was only possible thanks to the constant collaboration and negotiations with the local ruling classes. The study of the Portuguese conquest, with its emphasis on negotiations, leads us to a critical revision of the term “Peace Moors”. Historiography generally uses this term to designate the Maghrebi vassals of the Portuguese king, subjected to the colonial order. Based on a detailed analysis of the conquest of the city of Safi, we will see how this term is insufficient and ineffective to account for the multiplicity of political projects in dispute in the Maghreb of this period.
Entre 1486 et 1541, le roi du Portugal devient le suzerain du plus grand nombre de villes côtières du Maghreb atlantique. La conquête de ces villes ne fut possible que grâce à la collaboration et aux négociations constantes avec les classes dominantes locales. L’étude de la conquête portugaise, en mettant l’accent sur les négociations, nous conduit à une révision critique du terme « Maures de paix ». L’historiographie utilise généralement ce terme pour désigner les Maghrébins vassaux du roi du Portugal, soumis à l’ordre colonial. A partir de l’analyse détaillée de la conquête de la ville de Safi, nous verrons comment ce terme est insuffisant et inefficace pour rendre compte de la multiplicité des projets politiques en litige dans le Maghreb de cette période.
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Les « Maures de paix » et la conquête portugaise : négociations et collaboration dans le Sud du Maghreb (1486-1541) (version PDF) (application/pdf – 788k)
Texte intégral
1Cet article vise à analyser les négociations et les collaborations entre les Portugais et les Maghrébins de 1486 à 1541, période durant laquelle le Portugal s’est emparé d’un grand nombre de villes de la côte du Maghreb atlantique1. Nous partons de l’hypothèse que sans ces deux éléments – collaboration et négociation – aucune conquête ne serait possible. Cette idée a déjà été employée dans des études s’intéressant à d’autres zones coloniales, notamment aux Amériques au cours des xvie et xixe siècles. Il s’agit donc d’une tradition historiographique qui met l’accent sur la dimension de négociation de la conquête et sur l’action des sujets (l’idée de agency) sous domination coloniale2.
2L’étude de la conquête portugaise, en mettant l’accent sur les négociations, conduit à une révision critique de la notion de « Maures de paix ». L’historiographie utilise ce terme pour désigner les Maghrébins vassaux du roi du Portugal, soumis à l’ordre colonial3. Terme rare dans les documents des xve et xvie siècles, la notion de « Maures de paix » ne tient pas compte de la multiplicité des positions politiques possibles à cette époque. Un examen critique de la conquête portugaise du Maghreb atlantique est donc nécessaire.
3L’article est divisé en trois parties. Tout d’abord, nous allons brièvement contextualiser la relation entre le Portugal et le Maghreb occidental entre 1415 et 15784. Ensuite, nous critiquerons l’expression « Maure de paix », en montrant en quoi elle suggère une interprétation oblique et erronée de la politique au Maghreb de cette période. Enfin, nous prendrons l’exemple de la ville de Safi pour montrer comment la conquête et la domination portugaise n’auraient pas été possibles sans la collaboration et la participation des classes dirigeantes maghrébines. Cette collaboration ne signifiait cependant pas une soumission aveugle à la puissance étrangère. Au contraire, il s’agit d’une ruse pour mettre en œuvre leurs propres projets politiques. Pour les classes dirigeantes des villes côtières du Maghreb, le Portugal était une puissance aussi étrangère que les dynasties régnantes de Fès ou de Marrakech. Leur soumission au Portugal n’était rien de plus qu’une alliance temporaire pour tenter de garantir leur indépendance et leur survie face à ces autres puissances.
4Pour analyser ces négociations, nous avons utilisé les lettres et traités rassemblés dans les volumes des Sources inédites de l’histoire du Maroc5. Nous nous sommes également penchés sur le récit de León l’Africain, qui présente un tableau géopolitique du Maghreb au début du xvie siècle6.
Contextualisation
5Ceuta, conquise en 1415, demeura la seule enclave portugaise au Maghreb jusqu’en 1458, date de la prise d’Alcácer Ceguer. Asilah subit le même sort en 1471, renversant ainsi l’équilibre entre les forces lusitaniennes et maghrébines. La même année, les habitants de Tanger abandonnèrent leur ville, craignant de subir le même sort qu’Asilah. Ainsi, à la fin de l’année 1471, les Portugais contrôlaient les principales villes africaines du détroit de Gibraltar. Ce contrôle du détroit s’accompagna de l’avancée sur les archipels atlantiques des Açores et de Madère.
6Ce réseau de ports et forteresses garantit la sécurité nécessaire pour l’établissement de relations commerciales et politiques avec le sud du Maghreb. L’entrée des Portugais dans cette région fut très différente. Au lieu d’organiser des attaques surprises et établir une occupation militaire, ils négocièrent des avantages commerciaux en échange de la vassalité des villes côtières. En 1486, les Portugais signèrent un traité de paix avec les habitants d’Azemmour, qui devinrent dorénavant des vassaux du roi du Portugal7. À Safi, un accord similaire fut signé en 14888, mais la construction de la forteresse ne démarra qu’en 15089. La signature de ces traités ne doit pas nous faire croire qu’il s’agissait d’une occupation pacifique. Au contraire, ici commença une relation tendue et conflictuelle, où les deux parties cherchèrent à tirer profit. Entre les années 1480 et le début du xvie siècle, les Maghrébins cherchèrent (avec succès) à empêcher les Portugais de construire des forteresses dans le sud du Maghreb et d’en contrôler une partie des villes (ce qu’ils réussirent à faire avec une relative facilité dans le détroit de Gibraltar). La construction de la forteresse portugaise à Safi en 1508 ne fut possible que grâce à des conflits politiques majeurs. La forteresse d’Azemmour dut attendre que les troupes du duc de Bragance envahissent la ville en 1513 pour être bâtie10.
7La réaction maghrébine aux occupations portugaises n’est apparue qu’avec l’émergence de la dynastie saadienne. Celle-ci joua un rôle fédérateur au Souss, s’emparant de Marrakech, la principale ville de la région, en 1524. Sous son règne, les tribus du Maghreb furent réunies autour d’un pouvoir étatique organisé, capable de tenir tête aux Portugais. En 1541, la forteresse de Santa Cruz du Cap-de-Gué fut prise, et en 1549, Fès fut conquise par les Saadiens. La même année, les Portugais perdirent Asilah11 et Alcácer Ceguer.
8Dans la décennie 1550, la présence portugaise fut réduite à la forteresse de Mazagan et aux villes de Ceuta et Tanger. Leur défaite catastrophique à la Bataille des Trois Rois à Alcácer Quibir en 1578, qui se solda par la disparition du roi Sebastião, marque la fin de l’expansion lusitaine au Maghreb.
9Les échanges épistolaires entre le royaume du Portugal, les agents coloniaux et les tribus maghrébines constituent un corpus privilégié pour l’étude des populations de la région du sud de l’actuel Maroc. L’historien Yassir Benhima a pu créer une carte de la géographie tribale de la région de Safi au xvie siècle, à partir de cette documentation12. Certes, la configuration de ces tribus a continuellement changé depuis la fin du xive siècle, principalement en raison de l’affaiblissement du pouvoir central mérinide et de ses représentants dans la région. De nouvelles vagues de migrations arabes poussaient les populations berbères de la Doukkala à chercher de nouveaux territoires. Au début du xvie siècle, seuls les Mšanzāya continuaient à occuper leurs territoires autour d’al-Madīna13. Les Banū Magīr ont quitté Safi après la conquête des Portugais et se sont réfugiés dans la montagne qui porte leur nom, localisée à une trentaine de kilomètres de la ville14. Les Ragrāga et les Šiādma sont « les Berbères d’entre le Château Royal et Agouz »15. Expulsés par les Arabes, les Ragrāga se sont installés dans les montagnes et les petites élévations au cours du fleuve Tānsīft. Cette tribu a donné naissance aux Ratnāna. Les Šiādma sont aussi, selon Benhima, issues des Ragrāga. Cet éclatement a conduit à un changement majeur dans l’organisation tribale et la représentation collective des Ragrāga16.
10Les populations d’origine arabe étaient sédentarisées depuis longtemps. Au début du xvie siècle, elles étaient divisées en deux grands groupes – Yassir Benhima les qualifie de « confédérations » – les Šarqiyya (les gens de l’Est, šarq) et les Ġarbiyya (les gens de l’Ouest, ġarb). La référence géographique dans le nom propre des groupes révèle l’importance des délimitations territoriales pour des raisons politiques et identitaires17.
11Les Ġarbiyya étaient limités à la zone côtière entre les Mšanzāya d’al-Madīna, au nord, la ville de Safi, au sud, et leurs homologues à l’est. Les Šarqiyya se divisaient en six tribus. Les Awlād Bū‘zīz étaient dans les alentours d’Azemmour, limités au sud par les Mšanzāya. Les Awlād Fraj occupaient la rive sud d’Um al-Rbī’. Les Awlād Ya‘qūb se situaient au nord-est de Safi. Les Awlād ‘Amrān se subdivisaient en deux branches : les Awlād ‘Amrān de Yilayskāwn habitaient dans les environs de cette localité, tandis que les Awlād ‘Amrān Āyt ‘Alī vivaient au nord-est de Safi, dans la plaine de Šīm. Les Awlād Sbīta étaient limités au nord par les Awlād Bū‘zīz, à l’ouest par les Mšanzāya, à l’est par les Awlād ‘Amrān de Yilayskāwn et au sud-ouest par les Ġarbiyya et les Awlād ‘Amrān Āyt ‘Alī18.
12Les ‘Abda, localisés principalement dans la région au sud de Safi autour du fleuve Tansīft, font partie de la plus récente vague de migration arabe dans la région. Ils étaient probablement plus concentrés à l’embouchure du Tansīft, près d’Agouz19, malgré leur grande mobilité. D’origine maqilienne, ce groupe s’est établi dans le Sous dès le xiiie siècle, ou plus tardivement dans le Tāmsnā et le Ġarb au xve siècle. Les Ma‘qil se sont étendus vers le nord, à la région de Hāha. C’est dans la continuité de ce mouvement migratoire que les ‘Abda se sont emparés de l’ancien territoire des Ragrāga au début du xvie siècle, avant de conquérir les terres au nord de Safi, dans les siècles suivants20.
Le terme « maure de paix »
13Le terme « Maures de paix » est utilisé pour désigner, en général, l’ensemble des populations maghrébines soumises au roi du Portugal. Les sources appellent mouros das pazes les tribus qui paient des taxes aux autorités portugaises et qui ne résistent pas à l’occupation. Néanmoins, il ne faut pas prendre ce terme comme un statut juridique particulier.
14Nous le trouvons pour la première fois dans une lettre de Jorge Pires à Fernando de Castro datée du 4 septembre 151321, lors de la prise de la place d’Azemmour. Jorge Pires rapportait qu’étaient « venus certains Maures de paix de Safi » (vyeram alguns Mouros das pazes de Çafym)22 pour aider dans la conquête et demander la grâce des conquéreurs. Il fait référence aux Maghrébins de la région de Safi, alliés des Portugais dès 1486. Nuno Fernandes de Ataíde, capitaine et gouverneur de la place de Safi à l’époque23, avait envoyé des troupes de Maghrébins pour aider à la prise d’Azemmour.
15Les sources emploient mouros das pazes toujours dans sa forme plurielle, pour désigner des tribus ou la population d’une région spécifique. Le duc de Bragance, le leader des troupes qui se sont emparées d’Azemmour, raconta au roi comment les Maghrébins de la région de Mazagan l’ont accueilli lors de son débarquement dans la région. Il fait référence dans cet extrait à la tribu des Oulād Douīb :
Les Maures de paix d’Oulād Douīb, qui étaient les seigneurs de cette terre de Mazagan, m’ont été apportés le dimanche (…) et sont venus [s’]offrir [à moi], mais ne sont pas venus au campement sans secours. Ils travaillaient pour sauver Titi, qui serait de paix et payerait des tributs comme eux en payaient (Os Mouros das pazes d’Olei Doy vi, que senhoriavão esta terra de Mazagão, me trouxerão domingo [...] e se me vierão offerecer, porem non uzarão de vir ao arrayal sem seguro. Trabalhavão por salvar Titi e que seria de pazes e pagaria tributo assi como eles).24
16L’usage est rare et trop ponctuel pour qu’il puisse être un terme juridique. Nous n’avons trouvé que dix-huit occurrences du terme mouros das pazes ou mouros de pazes pendant la période du 4 septembre 1513 au 16 janvier 152525. Il n’y a aucune autre référence, au-delà de cette période, dans les sources épistolaires et les traités diplomatiques édités dans le SIHM. Cette rareté met en évidence l’absence de statut juridique et renvoie plutôt à un usage quotidien générique. Le mot le plus utilisé pour faire référence aux musulmans vassaux du roi du Portugal est tout simplement « maure » (mouro).
17L’historiographie, pourtant, incorpora assez facilement et de manière peu critique l’idée de « Maures de paix »26. Cet usage par les historiens contemporains implique deux problèmes. D’abord, il s’agit de l’incorporation d’une classification coloniale qui privilégie le colonisateur européen comme protagoniste de l’histoire. L’attribut « de paix » sert à atténuer la condition belliqueuse et rebelle intrinsèque aux « Maures ». C’est la vision coloniale et orientaliste par excellence. Les Maghrébins ne sont pacifiques que lorsqu’ils sont soumis au pouvoir étranger. Autrement dit, les groupes désignés comme « Maures de paix » n’existent qu’au contact des forces coloniales. Leur entrée dans l’histoire ne s’est faite qu’à partir de l’invasion et de la conquête européenne.
18Cette terminologie cache le caractère fluide et changeant des alliances entre Portugais et Maghrébins. L’idée de « Maures de paix » présuppose une certaine division assez stricte de l’espace, en opposant les domaines portugais (avec leurs « Maures de paix ») et les domaines des « Maures de guerre ». António Dias Farinha, historien portugais, parle du « (…) maintien d’une vaste zone de maures de paix autour de Safi et Azemmour » ([…] a manutenção de uma vasta zona de mouros de pazes à volta de Safi e de Azzemour)27. Ce genre de raisonnement suggère que les forces portugaises étaient toutes unies contre une seule unité politique maghrébine. Cependant, le Maghreb n’était pas politiquement unifié à cette époque. La déclaration de Farinha n’a de sens qu’en lien avec l’essentialisation des peuples – un raisonnement dichotomique qui oppose « Chrétiens » et « Musulmans », « Portugais » et « Marocains », « Occident » et « Orient » sans les historiciser. Cette essentialisation ignore non seulement l’historicité des sujets impliqués, mais nous empêche également de comprendre l’histoire de l’espace lui-même.
19Il s’agit donc d’une fétichisation des aires géographiques à partir d’une essentialisation des peuples. Selon l’anthropologue vénézuélien Fernando Coronil, cette fétichisation résulte de la création de catégories géohistoriques impériales, c’est-à-dire d'une vision du monde qui survalorise les distinctions entre les aires géographiques et cache les relations sociales, notamment celles d’exploitation. L’adjectif « impérial » renvoie précisément à la capacité des colonisateurs à expliquer le monde à partir d’une perspective qui les privilégie et met en lumière les structures d’exploitation qui leur permettent de produire ce genre de discours. La territorialisation de l’histoire se produit par la fixation des histoires dans des territoires non historiques et naturalisés (l’Occident ou l’Orient, par exemple). Les histoires de peuples interdépendants – comme les diverses tribus génériquement appelées « Maures de paix » – se territorialisent dans des espaces délimités. Étant donné que ces espaces apparaissent comme étant produits naturellement et non pas historiquement, ils servent à enraciner les histoires de peuples connectés sur des territoires distincts et à rompre les liens qui les unissent. Il y a, donc, un double obscurcissement : les histoires des divers espaces sont cachées et les relations historiques entre acteurs ou groupes sociaux sont rompues. Ainsi, une illusion est créée : leurs identités sont le résultat d’histoires indépendantes, plutôt que le résultat de relations historiques28.
20La contradiction majeure est que le terme « Maure de paix » identifie ce groupe en fonction de leur relation avec les colonisateurs et, en même temps, favorise une distinction, une coupure, assez rigide entre Nous – le colonisateur européen – et Eux – les colonisés. Cette démarche efface complètement la complexité de la politique locale, les rivalités entre les tribus, les changements d’alliances, les trahisons, la possibilité de tirer profit de l’occupation étrangère, etc. Elle présuppose aussi une alliance naturelle à partir d’un critère religieux. La filiation à l’islam, bien qu’elle soit un facteur de solidarité important, n’est pas l’élément déterminant des alliances politiques.
21Dans la majorité des lettres adressées aux Maghrébins, les mots les plus utilisés sont : xeques29, cabeceiras30 ou primcipaaes da cidade31. Il s’agit, donc, plutôt de titres de respect renvoyant à une forme générique d’autorité que d’une classification ethnique particulière.
22La diplomatie portugaise est en contact avec les autorités locales. Les principaux šayḫ-s32 et anciens de la ville sont les responsables des négociations. Il s’agit d’une relation entre classes dominantes et non pas entre grands groupes ethniques ou religieux. Même s’ils ne sont pas appelés Mouros de pazes, leurs actions vis-à-vis du pouvoir étranger rendent évidentes leur intention de négociation et leur soumission relative, des caractéristiques fondamentales pour définir les Maures de paix.
Négociation et collaboration : l’exemple de Safi
23Safi33 était une ville pratiquement indépendante, car les amīr-s de Marrakech n’exerçaient pas vraiment d’autorité au-delà des alentours de leur capitale. Léon l’Africain dit que lorsque la puissance des rois de Marrakech commença à décliner, le pouvoir fut pris à Safi par la famille des Farḥūm34. Vers octobre 1488, à l’époque où le roi João II confirma en sa faveur les lettres octroyées par Afonso V, son prédécesseur, le qāḍī de Safi était Aḥmad b. ‘Alī b. Farḥūm. Les intrigues et querelles entre les deux neveux de ce personnage furent la porte d’entrée dont les Portugais avaient besoin pour se mêler des affaires de Safi. Aḥmad b. ‘Alī était déjà très âgé et n’était plus en mesure de gouverner la ville. Ses neveux, Yaḥyā al-Zayyāt et ‘Abd al-Raḥman, se disputaient donc le pouvoir, en se servant d’alliances avec les Portugais et les Castillans.
24Le 16 octobre 1488, lors du renouvellement de la suzeraineté au Roi João II, c’était Yaḥyā al-Zayyāt qui représentait son oncle. Dix ans plus tard, le 28 septembre 1498, dans une lettre de Diogo Borges à la reine Leonor de Avis, nous apprenons que Yaḥyā al-Zayyāt avait trahi l’accord avec les Portugais et s’était emparé du pouvoir tout seul. Il fut accusé de conspirer avec les Castillans pour « donner cette terre au roi Fernando [d’Aragon] » (darem esta terra a el-Rey Dom Fernando)35. Diogo de Borges raconta ses tentatives de faire entrer dans la ville ‘Abd al-Raḥman pour qu’il puisse intervenir en faveur de la Couronne portugaise. Toutefois, Yaḥyā al-Zayyāt n’autorisa pas son entrée, en menaçant de l’assassiner. Exilé dans les alentours de Safi, ‘Abd al-Raḥman organisa avec Diogo Borges et le feitor Nuno de Freitas un putsch pour s’emparer du pouvoir.
25Diogo Borges fait une description héroïque de cet événement. ‘Abd al-Raḥman entra secrètement dans la ville, grâce à l’aide des Portugais. Il était accompagné de trois Maghrébins et de deux chrétiens. Ils se sont cachés dans la factorerie portugaise, jusqu’à la nuit. ‘Abd al-Raḥman aurait proclamé sa vassalité et sa fidélité au roi et à la reine du Portugal au moment de l’attaque. Lui et ses cinq compagnons vainquirent les hommes de Yaḥyā al-Zayyāt, beaucoup plus nombreux. Après cela, le peuple reconnut ‘Abd al-Raḥman comme le nouveau maître de Safi.
26Deux années plus tard, le 15 juin 1500, le Roi Manuel Ier36 réprimanda ‘Abd al-Raḥman pour avoir porté le titre de seigneur de Safi. Pour le souverain portugais, ‘Abd al-Raḥman devrait se contenter des titres de šayḫ et de qāḍī.
Mais dis-lui qu’il nous semble qu’il ne doit pas s’appeler seigneur de Safi ni vouloir qu’on l’appelle ainsi, car la seigneurie est notre et cette ville [est] notre ; [il] doit seulement, de manière convenable, s’appeler šayḫ et qāḍī en notre nom de ladite ville ; et ainsi lui commandons qu’il fasse, parce que le contraire n’est pas raisonnable ni se doit faire. (Mais lhe dizee que nos parece que elle nom se deve chamar senhor de Çafy nem querer que lho chamem, pois o senhorio he nosso e a cidade esta per nossa ; somente deve aver por bem de se chamar xeque e alcayde por nos da dicta cidade ; e que asy lhe emcomendamos que o faça, porque o contrayro nom he rezom nem se deve fazer)37.
27Cette anecdote nous fait comprendre que les Portugais n’avaient ni le pouvoir ni le contrôle absolu sur les villes vassales. Les notables maghrébins collaboraient avec les Portugais, selon leurs propres intérêts et projets politiques personnels. Yaḥyā al-Zayyāt renouvela la vassalité au roi du Portugal et, au cours des années, abandonna ses obligations, en gouvernant comme seigneur indépendant. ‘Abd al-Raḥman s'est allié avec les Portugais pour vaincre son frère et s’emparer de la ville et, deux ans plus tard, il se déclarait déjà seigneur de Safi. Or, nous voyons ici clairement la capacité d’agir des Maghrébins lors de la conquête et comment la collaboration ne conduit pas forcément à une soumission aveugle, mais peut être une ruse politique pour promouvoir un projet politique propre et indépendant.
28Comme nous raconte Léon l’Africain, ‘Abd al-Raḥman « avait une très belle fille qui s’éprit d’un homme du peuple, mais qui était le chef d’un parti nombreux ». Cet homme était ‘Alī b. Wašmān. Un drame familial se déroule, en entraînant des conséquences politiques importantes. « Grâce à la complicité de sa mère et d’une esclave », la fille de ‘Abd al-Raḥman coucha plusieurs fois avec ‘Alī b. Wašmān. Prévenu par l’esclave, ‘Abd al-Raḥman « s’emporta contre sa femme et la menaça de mort ». La femme « connaissait la méchanceté de son mari, fit prévenir le séducteur de se tenir en garde »38. Avec l’aide de Yaḥyā ū Tā’fuft39, qui à l’époque avait déjà de l’influence dans les affaires de la ville, Alī b. Wašmān assassine ‘Abd al-Raḥman lors d’une cérémonie dans la grande mosquée. Les deux conspirateurs partagèrent le pouvoir40.
29D’intenses conflits éclatèrent après l’assassinat de ‘Abd al-Raḥman. Dans une lettre des habitants de Safi au roi D. Manuel Ier, on voit la méfiance des habitants de la ville aux nouveaux maîtres41. Ils demandent au roi d’intercéder et de ne pas accepter ‘Alī b. Wašmān comme qāḍī. La trahison de ‘Alī b. Wašmān fut très mal vue. Les deux nouveaux qāḍī-s cherchaient, à leur tour, le soutien portugais pour bâtir solidement leur autorité. Yaḥyā ū Tā’fuft resta comme gouverneur de la ville, tandis que ‘Alī b. Wašmān alla au Château Royal de Mogador, avec quatre notables de Safi, prêter hommage au roi du Portugal. Le capitaine de cette forteresse portugaise, Diogo de Azambuja, les soutenait. Dans la lettre suivante, nous voyons un autre rebondissement. Les hommes de la classe dirigeante de Safi prennent le parti de Yaḥyā ū Tā’fuft contre ‘Alī b. Wašmān. Ce dernier avait été choisi par Diogo de Azambuja pour gouverner la ville. Dans la lettre, les habitants dénoncent au Roi la cruauté du capitaine et soulignent qu’en raison de cette situation, la ville risquait d’être complètement vidée.
Ceci votre capitaine Diogo d'Azambuja ne veut pas comprendre le village de cette ville, mais veut plutôt le libérer et le dépeupler. Avec l’épée et par la force, il veut que nous obéissions et aimions 'Alī ibn Wašmān, qu’il nous juge et nous gouverne, ce que nous ne pouvons pas faire, pour bien être notre gouverneur. [Il a été] si mauvais et si traître et si trompeur[et] malveillant, et qu’il a trahi son maître, et a fait une si grande trahison à son ami éhonté, Yaḥyā ū Tā Tā'fuft, et a fait trahison à ceux de la ville, qui a y fait entrer les voleurs qui ont tué et volé ceux de ladite ville sans raison. (Este voso capitão Diogo d'Azambuja não quer entender na povoação d’esta cidade, mas antes a quer vacar e despovoar, que, com a espada e per força, quer que obedeçamos e amemos Ale Xinem, que ele nos julgue e mande : o que certo não podemos aver por bem ser noso adiantado, tam mao e tam traidor e tão enganador malicioso, e que ele rretraio a seu senhor, e fez tam grande treição a seu amigo sem caso Aia Tamfit, e fez traição aos da cidade, que meteo os ladrões que matarão e roubarão os da dita cidade sem razão)42 .
30Le fait que les habitants de Safi réclament l’intervention du roi du Portugal dans cette affaire montre comment la présence portugaise était utilisée de manière ambiguë par les Maghrébins. Au moment même où Yaḥyā ū Tā’fuft et ‘Alī b. Wašmān allaient chercher l’appui du capitaine Diogo de Azambuja, les autres notables de Safi allaient faire appel à la plus haute autorité du royaume pour annuler le soutien du capitaine. Nous voyons donc simultanément deux utilisations contrastées de l’alliance avec le Portugal. Aucun des deux partis de Safi ne refuse la présence étrangère dans la ville, pourtant ils l’utilisent pour valider leur projet politique. L’idée de « maure de paix » ne nous permet pas de voir cette variété de positions. ‘Abd al-Raḥman, Yaḥyā ū Tā’fuft et ‘Alī b. Wašmān, ainsi que tous les notables qui signèrent la lettre susmentionnée, sont également Maures de paix. Toutefois, cela ne les empêche pas d’avoir des différences internes si contrastées qu’elles redéfinissent, de manière contradictoire, leur alliance avec le Portugal.
31Diogo de Azambuja n’est pas resté allié de Yaḥyā ū Tā’fuft et ‘Alī b. Wašmān pendant longtemps. Entre 1506 et 1508, ce capitaine joua avec ces deux derniers, en leur promettant des faveurs et en semant la discorde. Son gouvernement fut marqué par d’intenses conflits avec la population. Une lettre des habitants de la ville au roi demanda son remplacement immédiat. À cette occasion, Yaḥyā ū Tā’fuft fut choisi par les habitants de Safi comme le responsable des négociations entre chrétiens et musulmans43.
32La structure argumentative de cette lettre est intéressante. Pour souligner leur fidélité au roi du Portugal et pour montrer que leurs critiques au capitaine n’étaient pas applicables au roi ou à la suzeraineté portugaise en général, les Maghrébins de Safi insistent sur la possibilité de recourir à d’autres forces politiques. Ils auraient pu se soumettre au sultan de Marrakech ou à Mūlāy Zayān d’Azemmour, ou même auraient pu choisir un leader parmi les hommes de Safi. Toutefois, ils préférèrent la vassalité au roi du Portugal.
Nous agissions ainsi, ô notre maître, par amitié pour vous, car, ô notre maître, il nous était loisible de faire venir soit le sultan de Marrakech, soit Mūlāy Zayān d’Azemmour. En outre, il ne manquait pas à Safi d’hommes dignes de remplir les fonctions de šayḫ. Mais nous, ô notre maître, nous vous avons choisi et agréé de préférence à ces derniers44.
33La citation précédente prouve que la soumission des Maghrébins aux Portugais ne fut possible que grâce aux conflits et querelles politiques locales. Les villes côtières, comme celle que nous analysons ici, n’avaient pas les ressources économiques et militaires pour faire face aux pouvoirs de Marrakech, de Fès ou de Lisbonne. Ainsi, une indépendance complète face à ces puissances étaient virtuellement impossible. La stratégie mise en place fut, donc, de jouer avec les rivalités entre ces puissances, en changeant d’alliances en fonction des gains et profits qu’ils pouvaient en tirer. La filiation religieuse ne joue aucun rôle dans le choix du suzerain, d’après cette lettre. La décision est le résultat d’une analyse de conjoncture concrète et toujours négociée. Malheureusement, nous n’avons que les correspondances avec les Portugais. Néanmoins, il est légitime de supposer que les habitants de Safi (et des autres villes côtières) échangèrent des lettres avec Marrakech ou Fès, visant établir des accords diplomatiques similaires.
34Collaborer à la conquête, c’est négocier ses conditions. Ainsi, dans chaque ville occupée par les Portugais, on voit émerger des noms comme Yaḥyā ū Tā’fuft, ‘Abd al-Raḥman ou ‘Alī b. Wašmān. Ils étaient des hommes politiques intéressés par le pouvoir. Ils voyaient dans la relation avec les Portugais la possibilité de s’enrichir, de vaincre leurs adversaires ou de se protéger de leurs ennemis. Les Portugais n’étaient qu’un acteur de plus sur la scène politique déjà complexe du Maghreb. Nous sommes donc confrontés à une situation qui va bien au-delà de la dichotomie simpliste entre colonisateur et colonisé, entre conquérant et conquis. Ce que nous voyons, c’est la lutte violente et constante pour déterminer l'issue de la conquête.
Bibliographie
35Sources
36Jean-Léon l’Africain, Description de l’Afrique, éd. et trad., A. Épaulard, Paris, Adrien-Maisonneuve Éditeur, 1956.
37Les sources inédites de l’histoire du Maroc-Première série-Dynastie Sa’dienne-Archives et Bibliothèques du Portugal, Vols. 1-3, Tomes I-III, Pierre de Cénival, David Lopes, Robert Ricard et Chantal de La Véronne, Paris, Paul Geuthner, 1934-1948.
38Études
39Yassir Benhima, Safi et son territoire-Une ville dans son espace au Maroc (11e-16e siècle), Paris, L’Harmattan, 2008.
40Pierre de Cénival, « La conquête de Safi par les Portugais, 1508 », SIHM, Port., t. I, p. 151-161.
41Pierre de Cénival, « La conquête d’Azemmour », SIHM, Port., t. I, p. 394-402.
42Fernando Coronil, « Beyond Occidentalism : Toward Nonimperial Geohistorical Categories », Cultural Anthropology, vol. 11, nº 1, 1996, p. 51-87.
43António Dias Farinha, Os Portugueses em Marrocos, Lisbonne, Instituto Camões, 1999.
44João Fragoso & Maria de Fátima Gouvêa (dir.), Na trama das redes-Política e negócios no Império Português, séculos xvi-xviii, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, 2010.
45João Fragoso, Maria de Fátima Gouvêa et Maria Fernanda Bicalho (dir.), O Antigo Regime nos trópicos. A dinâmica imperial portuguesa, séculos xvi-xviii, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, 2001.
46Jack P. Greene, Negotiated authorities - Essays in Colonial Political and Constitutional History, Charlottesville-Londres, University Press of Virginia, 1994.
47António Manuel Hespanha, As vésperas do Leviathan. Instituições e poder político. Portugal século xvii, Coimbra, Livraria Almedina, 1994.
48Afonso Celso Malecha Teixeira, Les « Maures de paix » et la conquête portugaise : négociations et collaboration dans le sud du Maroc (1486-1541), mémoire de master « Mondes médiévaux-Histoire, archéologie et littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux », École normale supérieure de Lyon, 2019 [mémoire non publié].
49Frederico Mendes Paula, Histórias de Portugal em Marrocos, Lisbonne, Argumentum, 2019.
50Bernard Rosenberger, « Yaḥyā ū Tā‘fuft (1506-1518) des ambitions déçues », Héspéris-Tamuda, vol. XXXI, 1993, p. 21-59.
51Bernard Rosenberger, « Le Portugal, le Maroc, l’Océan, une histoire connectée », Hespéris-Tamuda, vol. LV (1), 2020, p. 211-253.
52A. J. R. Russel-Woood, Histórias do Atlântico português, São Paulo, Editora Unesp, 2021.
Notes
1 Cet article est basé sur le mémoire de Afonso Celso Malecha Teixeira, Les « Maures de paix » et la conquête portugaise : négociations et collaboration dans le sud du Maroc (1486-1541), mémoire de master « Mondes médiévaux - Histoire, archéologie et littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux », École normale supérieure de Lyon, 2019 [mémoire non publié].
2 À ce propos, cf. A. J. R. Russel-Wood, Histórias do Atlântico português, São Paulo, Editora Unesp, 2021 ; dir. João Fragoso & Maria de Fátima Gouvêa, Na trama das redes-Política e negócios no Império Português, séculos xvi-xviii, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, 2010 ; dir. João Fragoso, Maria de Fátima Gouvêa et Maria Fernanda Bicalho, O Antigo Regime nos trópicos. A dinâmica imperial portuguesa, séculos xvi-xviii, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, 2001 ; Jack P. Greene, Negotiated authorities-Essays in Colonial Political and Constitutional History. Charlottesville-Londres, University Press of Virginia, 1994 ; António Manuel Hespanha, As vésperas do Leviathan. Instituições e poder político. Portugal século xvii, Coimbra, Livraria Almedina, 1994.
3 E.g. Bernard Rosenberger, « Le Portugal, le Maroc, l’Océan, une histoire connectée », Hespéris-Tamuda, LV (1), 2020, p. 211-253 ; Frederico Mendes Paula, Histórias de Portugal em Marrocos, Lisbonne, Argumentum, 2019 ; António Dias Farinha, Os Portugueses em Marrocos, Lisbonne, Instituto Camões, 1999.
4 Bien qu’il s’agisse ici de villes qui font aujourd’hui partie du Royaume du Maroc, nous avons délibérément choisi de ne pas appeler toute la région « Maroc », optant pour une référence géographique plus générique : le Maghreb ou le Maghreb occidental. Aux xve et xvie siècles, il n’y avait pas d’État marocain. Au contraire, il s’agit d’une période de forte fragmentation politique, au cours de laquelle de fortes dynasties comme celles qui régnaient à Fès ou à Marrakech avaient des difficultés à affirmer leur autorité sur les villes de la côte atlantique.
5 Les sources inédites de l’Histoire du Maroc-Première série-Dynastie Sa’dienne-Archives et Bibliothèques du Portugal, Vols. 1- 3, Tomes I-III, Pierre de Cénival, David Lopes, Robert Ricard et Chantal de La Véronne, Paris, Paul Geuthner, 1934-1948, dorénavant SIHM, Port.
6 Jean-Léon l’Africain, Description de l’Afrique, éd. et trad, A. Épaulard, Paris, Adrien-Maisonneuve Éditeur, 1956.
7 SIHM, Port., t. I, p. 4-24.
8 Ibid., p. 25-30.
9 Ibid., p. 169-173. Cf. Pierre de Cénival, « La conquête de Safi par les Portugais, 1508 », SIHM, Port., t. I, p. 151-161.
10 Cf. Pierre de Cénival, « La conquête d’Azemmour », SIHM, Port., t. I, p. 394-402.
11 Asilah est à nouveau dominée par le Portugal entre 1578 et 1589.
12 Yassir Benhima, Safi et son territoire - Une ville dans son espace au Maroc (11e-16e siècle), Paris, L’Harmattan, 2008, p. 140.
13 Ibid., p, 139.
14 Jean-Léon l’Africain. op. cit., p. 127.
15 SIHM, Port., t. I, p. 272.
16 Benhima, op. cit., p. 141.
17 Ibid., p. 141-142.
18 Ibid., p. 142.
19 SIHM, Port., t. I, p. 672.
20 Benhima, op. cit., p. 142-143.
21 Le nom de Jorge Pires sur le document fut ajouté par un archiviste du xviiie siècle. La signature du manuscrit est illisible et il est donc difficile de savoir qui est réellement l’auteur de cette lettre. Fernando de Castro, le destinataire de la lettre, était gouverneur de la ville d’Évora dans le royaume du Portugal.
22 SIHM, Port, t. I, p. 406.
23 Une lettre patente du Roi du Portugal Manuel Ier daté du 2 juillet 1513 donne officiellement la capitainerie et le gouvernement de Safi à Nuno Fernandes de Ataíde. Ibid., p. 443.
24 Ibid., p. 417.
25 Cf. SIHM, Port, t. I. p. 406 ; p. 417 ; p. 428 ; p. 481 ; p. 488 ; p. 540 ; p. 676 ; p. 679 ; p. 704 ; p. 762 - t. II, Première Partie p. 60 ; p. 65 ; p. 184-186 ; p. 277 ; p. 305 ; p. 335.
26 Ce terme n’a fait l’objet d’aucune étude. Cependant, nous constatons qu’il est employé par des historiens issus de divers milieux et d’horizons théoriques divergents : E. G. Bernard Rosenberger, « Le Portugal, le Maroc, l’Océan, une histoire connectée », Hésperis-Tamuda, LV (1), 2020, p. 211-253 ; Frederico Mendes Paula, Histórias de Portugal em Marrocos, Lisbonne, Argumentum, 2019 ; António Dias Farinha, Os Portugueses em Marrocos, Lisbonne, Instituto Camões, 1999.
27 António Dias Farinha, Os Portugueses em Marrocos. Lisbonne, Instituto Camões, 1999, p. 35.
28 Fernando Coronil, « Beyond Occidentalism: Toward Nonimperial Geohistorical Categories », Cultural Anthropology, Vol. 11, nº 1, 1996, p. 77.
29 Il s’agit d’une adaptation en portugais du mot arabe šayḫ.
30 En portugais moderne, cela veut dire « le chevet du lit » ou « le bout de la table ». Ici, cabeceira renvoie à son origine étymologique. Dérivé de cabeça (tête), les cabeceiras de la ville sont les hommes qui la gouvernent. Nous avons choisi de traduire ce terme comme « chefs de la ville ».
31 Littéralement, « les principaux de la ville ».
32 Il s’agit d’un terme de respect pour un chef tribal ou homme distingué par ses connaissances scientifiques ou religieuses en islam.
33 Sur la ville de Safi, cf. l’étude de Benhima, op. cit.
34 Jean-Léon l’Africain, op. cit., p. 117-118.
35 SIHM, Port., t. I, p. 38.
36 Ibid., p. 51.
37 Ibid., p. 55-56.
38 Jean-Léon l’Africain. op. cit., p. 118.
39 Sur ce personnage, cf. Bernard Rosenberger, « Yaḥyā ū Tā‘fuft (1506-1518) des ambitions déçues », Héspéris-Tamuda, Vol. XXXI, 1993, p. 21-59.
40 Ibid.., p. 117-121 ; SIHM, Port., t. I, p. 136-138.
41 Les habitants de Safi qui portent cette plainte sont nommés dans la lettre. Ils présentent une liste des notables et chefs de tribus. Il s’agit des chefs des tribus des Ragrāga (tribu maṣmoudienne résidant autour du Djebel al-Ḥadid) et de Doukkala, et vingt notables de la ville, à savoir : « Cide Çaide, Yjuiz, Cide Celacem, Abenjacos, Mafamed Bem Abrahim, Anajar, e outros que aquy não nomamos (…) », SIHM, Port., t. I, p. 137.
42 Ibid., p. 137.
43 SIHM, Port., t. I, p. 177-202.
44 SIHM, Port., t. I, p. 191. Le document original est en arabe. La traduction ici reproduite est celle présente au SIHM.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Afonso Celso Malecha Teixeira
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