Penser son territoire pour faire communauté : la représentation des villes dans les mosaïques byzantines tardo-antiques de Jordanie

Par Flora Muntrez
Publication en ligne le 09 avril 2024

Résumé

In the former Roman province of Arabia (Jordan), a corpus of Christian mosaics depicts relatively schematic and traditional topographical decorations, borrowing from Roman iconographic codes. These representations of cities are arranged in a coherent order, following the topography of the regions in question (Palestine, Jordan, Egypt). With their Greek captions, these cities were intended to express a particular meaning for the faithful who walked upon them. In addition, these images provide clues as to how the city (or cities) were perceived by Christian communities and how the Near East was administered. Last but not least, they also provide information on the relationships between regions.

Dans l’ancienne province romaine d’Arabie (Jordanie), un corpus de mosaïques de pavement chrétiennes figure des décors topographiques relativement schématiques et conventionnels, empruntant aux codes iconographiques romains. Ces représentations de villes sont disposées dans un ordre cohérent, suivant la topographie des régions évoquées (Palestine, Jordanie, Égypte). Légendées en grec, ces cités devaient exprimer un sens particulier pour les fidèles qui les foulaient. En outre, ces images donnent des pistes de compréhension sur la façon dont était perçue la ville (ou les villes) par les communautés chrétiennes et dont était administré le territoire proche-oriental. Enfin, elles apportent également des informations sur les relations que pouvaient entretenir les régions entre elles.

Mots-Clés

Texte intégral

Introduction

1Dans le territoire de l’ancienne province romaine d’Arabie, correspondant au nord de l’actuelle Jordanie, un grand nombre de mosaïques de pavement a été découvert datant des périodes grecque, romaine et byzantine. La tradition de la mosaïque est bien attestée dans l’ensemble de l’aire gréco-romaine mais la Jordanie semble avoir été une terre particulièrement propice à ce medium artistique pendant la période byzantine. Les pavements qui nous sont parvenus constituent de véritables documents historiques : la mosaïque s’adapte à l’organisation architecturale de l’édifice qu’elle orne et contribue, en contexte religieux, à déterminer les fonctions des différents espaces, le déroulement de la liturgie et ses spécificités régionales1. Le nombre élevé de pavements issus d’un contexte chrétien livre une cartographie de la christianisation et de son évolution, dans les cités comme en milieu rural. Ces mosaïques ne contiennent ni scène biblique ni symbole explicite, car on ne peut piétiner des scènes à haute valeur religieuse : une loi édictée en 427 par Théodose II interdit la figuration de croix au sol. Pour autant, les motifs géométriques, végétaux ou représentations figurées ne sont pas dénués de symbolisme. Parmi celles-ci, les images topographiques semblent particulièrement prégnantes dans les mosaïques de la province d’Arabie, bien qu’elles aient été quelque peu délaissées par la recherche, notamment en raison de leur rareté. Il s’agit de la figuration d’une ou plusieurs cités, légendées en grec, sous la forme d’un bâtiment unique ou d’un petit groupe de bâtiments ceints d’un rempart. Huit mosaïques de pavement tardo-antiques, en contexte chrétien, créées entre le vie et le viiie siècle, présentent cette iconographie. Elles sont réparties sur cinq sites : à Jerash (église Saint-Jean - 531 et église Saints-Pierre-et-Paul - 540) ; à Khirbet es-Samra (église Saint-Jean-Baptiste - 638) ; à Madaba (église Saint-Georges - vers 560) ; à Ma’in (église de l’Acropole - 719-720) ; et enfin à Umm er-Rasas (églises des Lions - 574 ou 589, église du prêtre Wa’il - 586 et église Saint-Étienne - 718) (Fig. 1).

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Fig. 1 : carte de répartition du corpus des mosaïques topographiques dans les anciennes provinces romaines d’Arabie et de Palestine © Flora Muntrez (voir l'image au format original)

2D’autres représentations topographiques viennent s’ajouter au corpus mais ne contiennent pas de légendes permettant de situer les villes, ce qui rend leur étude plus délicate. Dans ce corpus, les représentations des villes sont situées soit dans les bordures, encadrant le pavement de la nef centrale ; soit dans le panneau central de la nef, constituant ainsi le thème principal ; soit enfin dans les entrecolonnements, ce qui les isole davantage. Ces motifs topographiques obéissent à des codes de représentations traditionnels, déjà bien établis dans l’art romain2. On note notamment l’utilisation de la perspective aplanie – ou éclatée – qui rend possible une vue simultanée de l’intérieur et de l’extérieur de l’édifice et permet de dépeindre les différentes faces d’un bâtiment sur un même plan de vision3. Les images d’urbanisme tardo-antique recourent à des marqueurs symboliques : que la ville soit fortifiée ou non dans la réalité, les conventions iconographiques veulent qu’on la désigne par une enceinte, le plus souvent de forme polygonale. En outre, un édifice notable ou un élément d’urbanisme typique est souvent choisi comme emblème de la ville, il peut être générique (une église-type, un fragment de portique) ou caractéristique (auquel cas celle-ci peut être identifiée). Bien que répandus dans d’autres media à la même époque (manuscrits ou monnaies), ces motifs se démarquent par leur relative rareté dans la mosaïque chrétienne mais semblent avoir été particulièrement appréciés dans la province d’Arabie4. Si de nombreux chercheurs ont travaillé sur la mosaïque byzantine de Jordanie, les études menées précisément sur le sujet concernent en majorité la mosaïque dite « carte de Madaba » dans l’église Saint-Georges (Madaba) découverte vers 1890. De ce fait, les références de toutes les représentations topographiques mises au jour dans la région renvoient à cette carte, célèbre à bien des égards, et qui constitue, encore à ce jour, un unicum. Quelque peu délaissé, le reste du corpus soulève certains questionnements, comme le choix des villes représentées, la logique de leur agencement ou leur interprétation, et mérite d’être étudié plus en détail. L’enjeu de cette étude est, par conséquent, de comprendre comment la ville était perçue par les communautés chrétiennes et quelle importance était accordée à la hiérarchie administrative du territoire, menant ainsi à certaines rivalités et à une « idéologie de la cité » pour reprendre l’expression de Pierre-Louis Gatier5. Reflétant des réalités contemporaines, elles apportent de ce fait un regard sur le maillage territorial dense et hiérarchisé de la région, ainsi que sur la place des communautés au sein de ce dernier. Enfin, cette étude aspire à mettre en lumière la volonté des fidèles d’affirmer leur place au sein d’un territoire à l’identité multiple et de témoigner d’une véritable conscience de soi et de l’autre.

Représentations cartographiques : appartenance et altérité

3Caractéristique du monde gréco-romain, l’intérêt pour la géographie et la tradition cartographique qui en découle, se poursuivent avec une continuité notable dans le monde byzantin. La Notitia Dignitatum, réalisée entre la fin du ive et le début du ve siècle en témoigne : elle répertorie les frontières administratives et l’organisation hiérarchique de l’Empire. Connue uniquement par des copies médiévales, elle présente des images de villes figurées à travers l’emploi des formules iconographiques que nous avons présentées, lesquelles offrent de fait un parallèle visuel aux mosaïques topographiques (Fig. 2). L’exemple de la Table de Peutinger est certainement le plus remarquable : dessinée au iiie ou IVe siècle, cette carte dépeint les villes et les réseaux de routes principaux du monde romain et constitue l’un des principaux apports de connaissances géographiques et administratives du monde antique. Les villes sont figurées selon le schéma de groupes de bâtiments ceints et ont toutes des proportions différentes selon leur importance (Fig. 3). Les villes de Rome, Constantinople et Antioche (sièges de patriarcats) sont représentées par des tychai, personnifications féminines de villes, trônantes, tandis qu’Alexandrie est figurée par son phare6. La formule iconographique de la ville ceinte de remparts y est largement représentée et il n’est pas impossible que ces exemples aient constitué une source d’inspiration directe pour les commanditaires et les mosaïstes. La carte de Madaba a été l’un des premiers exemples interprétés en perspective avec la Table de Peutinger et les représentations topographiques de Jordanie (Fig. 4)7. Cette mosaïque, prenant place sur toute la largeur de l’église Saint-Georges, présente une carte géographique de la région qui s’étend du Liban, au nord, jusqu’au Delta du Nil au sud, en passant par la Palestine. La carte est lacunaire : on conserve 157 localités, identifiées par des inscriptions en grec, mais il est possible que le pavement ait également représenté la Syrie, voire une partie de l’Asie Mineure (peut-être Constantinople ?). Les villes, de proportions différentes en fonction de leur importance hiérarchique, sont reliées entre elles par un réseau de routes, Jérusalem se situant au centre de la carte et de l’édifice, sur l’axe ouest-est qui mène de l’entrée à l’abside. Si les interprétations divergent entre l’hypothèse d’une carte de géographie biblique ou celle d’un itinéraire de pèlerinage, cette mosaïque traduit certainement une volonté de dépeindre la géographie contemporaine, à travers les réseaux routiers et la représentation précise de certaines villes8,9. C’est un témoin tant de l’appétence des commanditaires pour les représentations cartographiques, que de l’intérêt que peut revêtir la connaissance géographique du territoire pour les communautés chrétiennes.

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Fig. 2 : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 9661, Notitia Dignitatum, copie du xve siècle, fol. 91v : le fleuve Nil et les villes placées sous juridiction de l’Égypte © Gallica BnF (voir l'image au format original)

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Fig. 3 : Vienne, Österreichische Nationalbibliothek, Codex Vindobonensis 324, Table de Peutinger, copie du xiie siècle. Détail : ville de Rome © Wikimédia commons. Libre de droits d’auteurs (voir l'image au format original)

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Fig. 4 : Madaba (Jordanie), église Saint-Georges, mosaïque de pavement, vie siècle. Détail : Jérusalem © Flora Muntrez (voir l'image au format original)

4La vraisemblance topographique se retrouve également dans l’agencement des villes représentées dans la mosaïque de l’église Saint-Jean à Jerash (Fig. 5 et Fig. 6). Daté précisément de 531 par une inscription, ce pavement partiellement conservé représentait à l’origine une bordure topographique dont seuls quelques fragments subsistent aujourd’hui. Quatre villes sont identifiées : d’est en ouest, dans la bordure nord, Canope, Menouthis et Alexandrie, et dans la bordure sud, Memphis. Menouthis et Alexandrie sont géographiquement proches de Canope, qui les précède, identifiée par sa position dans la bordure en l’absence d’inscriptions, tandis que Memphis se situe au sud comme dans la réalité géographique de la région. On peut ainsi supposer que le reste de la bordure présentait exclusivement des villes égyptiennes, ce qui soulève un double questionnement. Le fait que des mosaïques jordaniennes représentent exclusivement des villes d’Égypte trahit des liens privilégiés entre ces deux provinces byzantines ; d’autre part, il faut souligner la recherche de vraisemblance dans l’agencement de ces représentations. Certes, ces images ne permettent pas de reconnaître des éléments distinctifs qui identifieraient chaque ville au premier regard ; au contraire, elles révèlent une conception générique de la ville. En revanche, l’agencement des sites sur la bordure topographique de Jerash semble être conçu de la même manière qu’une carte géographique, positionnant les villes selon la réalité topographique du pays. C’est la disposition de ces villes dans une cohérence spatiale qui permet de retracer la géographie de la région. L’existence même de ces pavements au sein des églises, déterminant l’expérience des fidèles, témoigne de la conception du monde telle que le percevaient les communautés et la place primordiale accordée à la géographie et au territoire environnant. Hendrik Dey insiste à ce sujet sur la symbolique de ces images qui ne relèvent pas d’une conception réaliste mais qui servent plutôt à capturer l’essence du monde contemporain, à travers la représentation schématique des centres urbains, indissociables de la hiérarchie ecclésiastique10. Il ne s’agit pas, à proprement parler, de représenter le monde biblique, mais bien de s’intégrer au sein d’un réseau hiérarchisé, d’un maillage territorial christianisé et de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté. De la même manière, Glen Bowersock note l’intérêt des commanditaires et des fidèles pour les régions environnantes, intérêt qui évoque une vision commune et partagée d’un monde chrétien et romain, dépassant le strict cadre de la ville11. L’évocation de ces villes palestiniennes, syriennes ou égyptiennes rappelle aux fidèles qu’ils font partie d’un vaste réseau et révèle une véritable conscience de soi, de l’ʻautreʼ et de l’ʻailleursʼ. La tradition cartographique gréco-romaine a indéniablement laissé sa trace dans ces représentations mosaïquées qui témoignent d’un intérêt géographique. À cet intérêt scientifique, cultivé dès l’Antiquité par des géographes comme Ptolémée, s’ajoute également un aspect plus proprement religieux à travers une lecture chrétienne et démiurgique. Pour autant, si ces décors sont avant tout chrétiens, il n’en reste pas moins qu’ils traduisent également des préoccupations politiques et sociales contemporaines.

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Fig. 5 : Jerash (Jordanie), église Saint-Jean, plan et pavement, 531 © Anne Michel, Les églises d'époque byzantine et umayyade de Jordanie, Turnhout, Brepols, 2001, p. 244 (voir l'image au format original)

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Fig. 6 : Jerash (Jordanie), musée archéologique, panneau figurant la ville d’Alexandrie, provenant de l’église Saint-Jean, 531 © Flora Muntrez (voir l'image au format original)

Cités, bourgs et villages : rivalités, concurrence et émulation artistique

5Représenter des villes d’une région ou des régions environnantes démontre l’importance des centres urbains et de l’organisation administrative qui régit le monde byzantin tardo-antique. La hiérarchie de l’organisation provinciale romaine est stricte : chaque province dépend d’un patriarcat – d’Antioche pour la province d’Arabie – et se trouve sous l’autorité d’une métropole – Bosra pour la province d’Arabie – qui fait figure de capitale de province et dans laquelle réside le gouverneur. À la tête d’un réseau d’évêchés, les évêques métropolitains ont donc la prééminence sur les autres. Cette hiérarchie stricte entraîne dès lors une forme de concurrence entre cités, ce qu’affirment les listes officielles d’évêchés de chaque province, par ordre de prestige, comme la Notitia Antiochena (vie siècle), qui recense les 20 évêchés soumis à la métropole, par ordre hiérarchique, dans la province d’Arabie12. Les rivalités potentielles s’expliquent également par l’importance du statut de cité et le fossé qui se creuse entre celle-ci et son arrière-pays rural. Une ville cheffe-lieu administre en effet un certain nombre de villages, eux-mêmes en concurrence les uns avec les autres ; les bourgs, bénéficiant d’une situation intermédiaire – correspondant à un grand village – aspirent à obtenir le statut de cité tout en restant dépendants de leur cité de rattachement13. Outre la concurrence entre cités, il faut donc compter celle entre les bourgs et villages espérant accéder à ce rang. Cette idéologie de la cité s’exprime dans la culture visuelle et en particulier à travers la représentation des villes dans les mosaïques.

6Dans l’église des Lions (574 ou 589), à Umm er-Rasas, le panneau situé dans l’entrecolonnement nord représente une vue topographique, légendée en grec : Kastron Mefaa, le nom antique d’Umm er-Rasas (Fig. 7). Bourg et garnison romaine au vie siècle, le site de Kastron Mefaa a été largement fouillé et sa topographie est aisément restituée (Fig. 8). On constate ainsi immédiatement l’intérêt de la vignette représentant ce bourg dans l’église des Lions. La composition est intéressante pour l’exactitude de la topographie : au registre inférieur le faubourg non remparé est un ensemble de bâtiments encerclant une colonne, tandis qu’au registre supérieur, le castrum consiste en un petit groupe d’édifices encadré par une muraille polygonale. D’après l’organisation de l’édifice et de son pavement, certains chercheurs pensent qu’à l’exact opposé de ce panneau, en pendant, se trouvait un second panneau de même taille (sous l’ambon), qui devait représenter la ville de Jérusalem14. Cette hypothèse s’appuie sur la comparaison avec la bordure topographique de l’église Saint-Étienne d’Umm er-Rasas (718-756), dans laquelle la vignette de Kastron Mefaa (sud-est), relativement similaire à celle de l’église des Lions, fait pendant à celle de Jérusalem (nord-est) (Fig. 9). Étant donné que toutes les villes représentées dans la bordure sont des cités connues et reconnaissables et que Kastron Mefaa n’est ni une cité, ni un évêché, il est légitime de considérer qu’il s’agit ici d’une promotion du bourg qui se place sur le même plan que la Ville sainte, donc d’une valorisation dans l’espoir d’obtenir le statut de cité. La ville qui accueille l’église et la mosaïque est célébrée par sa juxtaposition avec d’autres cités prestigieuses.

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Fig. 7 : Umm er-Rasas (Jordanie), église des Lions, vie siècle. Détail : panneau d’entrecolonnement nord-est © Glen Bowersock, Mosaics as History, Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 2006, p. 67 (voir l'image au format original)

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Fig. 8 : Vue aérienne du site d’Umm er-Rasas © Noël Duval, Les églises de Jordanie et leurs mosaïques, Beyrouth, Institut Français du Proche-Orient, 2003, p. 227 (voir l'image au format original)

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Fig. 9 : Umm er-Rasas (Jordanie), église Saint-Étienne, viiie siècle © Flora Muntrez (voir l'image au format original)

7La concurrence induite par cette hiérarchie suscite chez les commanditaires et les mosaïstes une véritable émulation artistique. L’exemple de l’église Saint-Étienne d’Umm er-Rasas est particulièrement évocateur, parce que la mosaïque a été créée une année avant le pavement de l’église de l’Acropole de Ma’in. À proximité immédiate l’un de l’autre, les deux bourgs de Ma’in (l’antique Belemounta) et Umm er-Rasas dépendent de l’évêché de Madaba ; la mosaïque de Ma’in a été créée en 719-720 tandis que celle d’Umm er-Rasas date de 718. Ces deux pavements possèdent une bordure topographique. Si la mosaïque d’Umm er-Rasas est entièrement préservée et présente 25 villes palestiniennes, jordaniennes et égyptiennes, seuls quelques fragments de celle de Ma’in, très endommagée, subsistent, figurant 11 villes sur les 24 que le pavement devait contenir à l’origine (Fig. 10 et Fig. 11)15. Ce qui ressort en effet de l’observation des villes choisies et de leur agencement est que les deux pavements ont pu représenter les mêmes sites, dans un ordre qui ne doit rien au hasard puisque les villes sont disposées selon une logique de découpage provincial. Il est d’autant plus intéressant de constater que dans ces deux mosaïques, toutes les villes représentées et identifiées sont des grands centres urbains. Elles ont toutes le statut de cité et sont situées sur de grands axes routiers et commerciaux, à l’exception des bourgs respectifs de Kastron Mefaa et Belemounta, figurés en pendant des autres cités. Il paraît évident, à la lueur de la proximité à la fois temporelle et géographique de ces deux mosaïques et de la présence de ces bourgs dans le pavement, que le(s) commanditaire(s) et/ou les mosaïstes se sont inspirés les uns des autres et ont exprimé, à travers le décor de leurs églises, l’espoir de se voir octroyer le statut de cité. Indéniablement liés au contexte politique, administratif et religieux, ces décors se font le reflet d’ambitions territoriales qui ne se comprennent qu’en les replaçant dans le contexte de la conquête omeyyade et de la redéfinition progressive de l’identité chrétienne.

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Fig. 10 : Umm er-Rasas (Jordanie), église Saint-Étienne, viiie siècle © Helen Evans, Byzantium and Islam, Age of Transition, New York, Metropolitan Museum of Art/Yale University Press, 2012, p. 34 (voir l'image au format original)

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Fig. 11 : Ma’in (Jordanie), église de l’Acropole, plan et pavement, viiie siècle © Michele Piccirillo, Mosaïques byzantines de Jordanie, Lyon, Association Lyonnaise pour la Sauvetage des Sites Médiévaux, 1989, p. 80 (voir l'image au format original)

Réunifier le territoire chrétien ?

8Les mosaïques de Saint-Étienne d’Umm er-Rasas et de l’église de l’Acropole de Ma’in ont été réalisées dans un contexte politique troublé, puisqu’elles datent des années 718-720, c’est-à-dire après la conquête omeyyade (636). La représentation des vingt-quatre et vingt-cinq villes, qui ont presque toutes le statut de cité et de siège épiscopal, toutes situées sur des axes majeurs et qui contiennent pour la plupart des sites de pèlerinage reconnus n’est donc pas anodine. Il semblerait que dans un moment d’instabilité, entre domination arabe et début de l’iconoclasme byzantin, les Chrétiens aient ressenti le besoin de réaffirmer la place des cités-phares du christianisme, confortant un sentiment d’appartenance, et de revendiquer une forme d’unité chrétienne dans la région, à travers la représentation des sièges épiscopaux majeurs. Si l’on ajoute qu’à Ma’in, les édifices emblématiques choisis pour représenter chaque ville sont majoritairement des églises, il semble bien que ces images soient avant tout des symboles chrétiens forts (Fig. 12). De la même manière, le besoin de réaffirmer une forme d’unité du monde chrétien en des temps troubles se fait sentir dans le contexte des querelles religieuses. Dans l’église du prêtre Wa’il (Umm er-Rasas, 586) le panneau de l’entrecolonnement sud-ouest représente quatre bustes féminins dénudés, endommagés par les iconoclastes, qui tiennent des cornes d’abondance (Fig. 13). Chacun des bustes est entouré d’un long manteau ou voile et alterne avec des représentations architecturales non légendées : chaque vignette contient trois tours crénelées symbolisant certainement le rempart d’une ville. Le bâtiment principal de chaque ville est représenté en perspective cavalière et s’ouvre par une large baie d’où pend un rideau, ce qui plaide en faveur d’une église comme symbole de la ville. Cette image figure probablement quatre tychai, des personnifications féminines de cités, alternant avec les représentations architecturales correspondantes. L’emploi des tychai dans les pavements de Jordanie est rare, mais une comparaison est possible avec la mosaïque du Hall d’Hippolyte à Madaba, réalisée au vie siècle. Dans cette dernière, la ville de Madaba est représentée aux côtés de Rome et Grègoria : P.-L. Gatier identifie Grègoria à Antioche ; G. Bowersock pense que Rome représente la nouvelle Rome, c’est-à-dire Constantinople (Fig. 14)16,17. Nous nous trouverions donc en présence de la représentation de la capitale de l’Empire byzantin et du patriarcat d’Antioche duquel dépend la province d’Arabie, aux côtés de Madaba. Cette interprétation rejoint les hypothèses soulevées précédemment sur la mise en valeur d’une ville aux côtés d’autres cités prestigieuses et sur la hiérarchie administrative et religieuse qui régit le monde byzantin. Sur la base de cette comparaison, la mosaïque de l’église du prêtre Wa’il pourrait représenter les quatre patriarcats d’Orient : Antioche, Constantinople (créé en 381 lors du concile de Constantinople), Jérusalem (créé en 451 lors du concile de Chalcédoine) et Alexandrie. Rome serait mise de côté afin de promouvoir les Églises orientales : cela s’expliquerait d’autant plus aisément que la querelle autour du monophysisme, condamné au concile de Chalcédoine, avait entraîné de nombreuses dissensions au sein des Églises d’Orient18. Il s’agirait alors, à travers leur représentation, de rétablir une forme d’unité, ou, du moins, de promouvoir un message de concorde. Selon cette hypothèse, nous pouvons imaginer qu’Alexandrie (sous sa forme architecturale) était figurée avec son phare, élément distinctif omniprésent dans toutes les représentations de la ville. Toutefois, un débat existe autour de cette mosaïque : les quatre personnages représentés nus avec une corne d’abondance pourraient également personnifier les quatre saisons, abondamment trouvées dans les mosaïques jordaniennes (pourtant, on ne retrouve par leurs attributs habituels)19 ; ou bien la personnification des quatre fleuves du Paradis (mais la tradition iconographique bien établie en Jordanie des fleuves personnifiés emploie des hommes âgés, à demi-allongés, tenant roseau et jarre d’où s’échappent de l’eau)20. Ces deux interprétations, qui nous semblent moins plausibles que celle des tychai, posent, en outre, la question du sens attribué aux représentations architecturales en arrière-plan. Il paraît donc plus judicieux de voir, dans ce panneau, une transcription à la fois réaliste et allégorique – la cité et sa personnification – des quatre patriarcats d’Orient dans le but de réaffirmer la place de l’Église dans le monde oriental et son unité. La figuration, dans les mosaïques de la région, des évêchés les plus importants ou des patriarcats d’Orient renforce l’idée d’une mise en valeur du monde chrétien oriental, symboliquement représenté à travers ses cités majeures. Les querelles religieuses ont largement divisé le monde chrétien et se font ressentir jusque dans les provinces les plus éloignées de la capitale. En outre, la conquête arabe du Proche-Orient renouvelle le besoin, pour les communautés chrétiennes, d’affirmer leur place au sein de ce territoire et la représentation de villes dans les édifices de culte semble en être l’expression.

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Fig. 12 : Madaba, musée archéologique, fragments de mosaïque de l’église de l’Acropole de Ma’in, viiie siècle © Flora Muntrez (voir l'image au format original)

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Fig. 13 : Umm er-Rasas (Jordanie), église du prêtre Wa’il, vie siècle. Détail : panneau de l’entrecolonnement sud-ouest © Michele Piccirillo, The Mosaics of Jordan, Amman, American Center of Oriental Research, 1993, p. 243 (voir l'image au format original)

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Fig. 14 : Madaba (Jordanie), mosaïque du Hall d’Hippolyte, vie siècle. Détail : tychai de Rome, Grègoria et Madaba © Michele Piccirillo, Mosaïques byzantines de Jordanie, Lyon, Association Lyonnaise pour la Sauvetage des Sites Médiévaux, 1989, p. 238 (voir l'image au format original)

La place de l’Égypte

9La réunification symbolique du territoire chrétien oriental à travers la représentation de ses patriarcats pourrait contribuer à expliquer la place accordée à l’Égypte dans ces pavements, et ainsi répondre à notre interrogation précédemment soulevée. Sur les huit mosaïques topographiques de notre corpus, six présentent des villes égyptiennes, peut-être une septième si l’on émet l’hypothèse de leur figuration à Ma’in. Outre les mosaïques de la carte de Madaba, de Saint-Jean de Jerash, de l’église Saint-Étienne et de l’église du prêtre Wa’il d’Umm er-Rasas, déjà évoquées, on retrouve également les villes d’Alexandrie et de Memphis représentées dans les églises des Saints-Pierre-et-Paul de Jerash (540) et Saint-Jean-Baptiste de Khirbet es-Samra (638). La place primordiale accordée à l’Égypte dans les mosaïques de Jordanie témoigne de l’importance que revêt cette province pour les communautés chrétiennes. En effet, l’Égypte est un territoire majeur à bien des égards : province byzantine, elle occupe une place centrale dans le récit biblique ; son fleuve, le Nil, acquiert une valeur sacrée par son association au Géon, l’un des quatre fleuves du Paradis (Genèse 2, 10-14), et sa crue rend le pays particulièrement fertile. C’est d’ailleurs grâce aux décors nilotiques qu’il est possible d’identifier les vignettes topographiques qui y sont associées comme des représentations du territoire égyptien. Le panneau d’entrecolonnement nord-est de l’église des Saints-Lot-et-Procope à Khirbet al-Mukhayyat (557), conservé in situ, représente une ville réduite à sa plus simple expression (un unique bâtiment encadré de tours faisant office de remparts) encadrée de deux pêcheurs sur une mer poissonneuse (Fig. 15). Dépourvue de légende, cette ville est difficilement identifiable. Pour autant, le décor nilotique de ce panneau et de l’entrecolonnement sud-est laisse deviner une origine égyptienne. La comparaison de cette représentation avec deux pavements palestiniens, celui d’Umm al-Manabi et celui d’Al-Haditha (vie siècle) pourrait conforter cette identification (Fig. 16). En effet, ils représentent chacun une ville ceinte de remparts, légendée ΕΓΥΠΤΟC (Égypte) : il s’agirait alors de la figuration de la province d’Égypte, sous la forme surprenante d’une ville. La même intention peut ainsi avoir été appliquée dans le panneau des Saints-Lot-et-Procope. En outre, le panneau de l’entrecolonnement nord-ouest de cette église, symétrique au panneau nord-est, est manquant. Un panneau de mosaïque conservé au musée Benaki (Athènes), sans indication de provenance, présente de très grandes similitudes avec celui de Khirbet al-Mukhayyat (Fig. 17). Ces deux représentations de villes sont indéniablement similaires, possèdent les mêmes dimensions (63 à 65 cm de long) et se répondent symétriquement. Leur ressemblance frappante a déjà été soulignée par P. Assimakopoulou-Atzaka21, qui l’explique par l’usage d’un même modèle. Or cette hypothèse ne saurait suffire au vu de certains détails relativement rares : un tel modèle, qui aurait été utilisé et diffusé, se retrouverait en effet dans d’autres mosaïques de la région22. Il est alors tentant de voir, dans le panneau du musée Benaki, le fragment absent de l’église des Saints-Lot-et-Procope. Les rares différences entre les deux pourraient s’expliquer par la restauration de la mosaïque, peu après sa découverte23. Bien que cette hypothèse ne puisse être confirmée de manière catégorique, il n’en reste pas moins que la représentation topographique des Saints-Lot-et-Procope, bien que non légendée, figure probablement un espace égyptien. Terre biblique et sacrée, l’Égypte acquiert une grande importance dans les mosaïques d’Arabie et de Palestine. En sus des liaisons commerciales qui existaient entre ces provinces, le territoire égyptien, berceau du monachisme, attirait les pèlerins qui venaient rendre visite aux moines établis24. Des hôtelleries ont d’ailleurs été mises au jour dans les sites monastiques par la recherche archéologique. Il n’est donc pas impossible que les commanditaires, les donateurs et/ou les artisans de ces pavements y aient eux-mêmes effectués des pèlerinages. La représentation du territoire égyptien dans les mosaïques de pavement d’Arabie, témoigne, en tous cas, des rapports intenses entre ces deux provinces et l’importance, pour les fidèles qui foulaient le sol de ces édifices, de percevoir la vision d’un monde chrétien oriental unifié, dans un territoire commun, au-delà du strict cadre des frontières administratives.

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Fig. 15 : Khirbat al-Mukhayyat (Jordanie), panneau d’entrecolonnement nord-est, vie siècle © Michele Piccirillo, The Mosaics of Jordan, Amman, American Center of Oriental Research, 1993, p. 160-161 (voir l'image au format original)

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Fig. 16 : Al-Haditha (Palestine), mosaïque de pavement d’une chapelle (?), vie siècle. Détail : représentation topographique de l’Égypte © Asher Ovadiah, Hellenistic, Roman and Early Byzantine Mosaic Pavements in Israel, Rome, "L'erma" di Bretschneider, coll. Bibliotheca archaeologica, 1987, planche LXIII (voir l'image au format original)

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Fig. 17 - Musée Benaki (Athènes), panneau de mosaïque, vie siècle (?) © Flora Muntrez (voir l'image au format original)

Conclusion

10L’enjeu majeur de la représentation des villes dans les mosaïques de Jordanie réside dans leur agencement, dans le choix des villes et des symboliques qu’elles soulèvent, plutôt que dans les formules iconographiques. L’aspect visuel et conventionnel apporte peu de nouveauté par rapport aux représentations antiques romaines. Le réalisme des cités représentées est rarement un aspect prioritaire et la formule d’un ou plusieurs bâtiments ceints d’un rempart polygonal reste d’usage. Ces choix iconographiques traduisent probablement à la fois la culture hellénistique et romaine des commanditaires – notamment des évêques – mais aussi une culture chrétienne, un besoin de revendiquer sa place dans un monde chrétien élargi, tiraillé par des querelles religieuses puis par la domination arabe. Toute l’originalité de ces pavements réside dans l’agencement et l’articulation de ces villes au sein de l’espace ecclésial. En somme, qu’il s’agisse d’une figuration d’une géographie biblique, d’une représentation du monde contemporain ou d’une volonté de prestige et de réaffirmation de la place de l’Église, il demeure certain que l’image de la ville est un symbole qui se suffit à lui-même et constitue un repère visuel puissant. Moyen de transmission majeur, l’image des villes permet de maintenir vivant le souvenir de ces cités phares du christianisme et de renforcer une mémoire collective. La ville fait partie des motifs que l’on retrouve dans toute l’aire méditerranéenne, prenant place au sein d’une communauté de langage. Pour autant, sa représentation dans la mosaïque et dans l’espace ecclésial, pendant l’Antiquité tardive, reste une originalité de la province d’Arabie.

11Plusieurs interrogations demeurent, notamment sur le rôle des commanditaires dans la construction des programmes iconographiques ou encore l’étude des représentations topographiques non légendées. Ces questionnements se heurtent cependant au manque d’informations précises sur les artisans, l’existence d’ateliers ou le rôle des commanditaires, qui réduit considérablement les possibilités d’interprétation. De la même manière, les panneaux isolés, déposés dans des musées européens et dont nous ignorons la provenance, devraient être ajoutés à ce corpus, mais la méconnaissance de leur contexte permet difficilement de les rattacher à une région ou un édifice. Seules les analyses stylistiques permettent de dresser des hypothèses qui ne suffisent pas à apporter des réponses définitives. L’indépendance de ces images représentées sous la forme de vignettes en a facilité la dépose et le transport, voire le pillage. Ainsi s’explique leur présence fréquente dans les musées, sans la moindre précision de provenance, si ce n’est la brève mention « Méditerranée orientale ». Le cas du panneau conservé au musée Benaki en est l’un des témoins les plus éloquents, et son étude, qui appelle des approfondissements, révèle l’importance des panneaux isolés et l’intérêt de les mettre en regard des pavements conservés in situ. Ainsi, notre connaissance des mosaïques topographiques sera-t-elle d’autant plus enrichie par des parallèles qui n’avaient jusque-là pas été établis et qui apporteront peut-être de nouvelles informations.

Bibliographie

Études

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Glen Bowersock, Mosaics as History: the Near East from Late Antiquity to Islam, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 2006.

Gilbert Dagron, « Entre village et cité : la bourgade rurale des ive-viie siècles en Orient », Koinônia, 3, 1979, p. 29-52.

Anne-Sophie Decriaud, « Les personnifications des quatre fleuves du Paradis sur les mosaïques romaines tardives d’Orient », dans Le répertoire décoratif et iconographique en Méditerranée antique et médiévale : actes du 3ème colloque international, dir. M. Ghodhbane, Tunis, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, 2016.

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Hendrik Dey, « Urban Armatures, Urban Vignettes: the Interpermeation of the Reality and the Ideal of the Late Antique Metropolis », dans Using Images in Late Antiquity, dir. S. Birk, T. Kristensen et B. Poulsen, Oxford, Oxbow Books, 2014, p. 190-208.

Pauline Donceel-Voute, « La Carte de Madaba : cosmographie, anachronisme et propagande », Revue Biblique, 95, n. 4, 1988, p. 519-542.

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Noël Duval, « Les représentations architecturales sur les mosaïques chrétiennes de Jordanie », dans Les églises de Jordanie et leurs mosaïques, Actes de la journée d’études organisée le 22 février 1989 au musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon, dir. N. Duval, Beyrouth, Institut Français du Proche-Orient, 2003, p. 211-285.

Ingrid Ehrensperger-Katz, « Les représentations de villes fortifiées dans l’art paléochrétien et leurs dérivées byzantines », Cahiers Archéologiques, 19, 1969, p. 1-27.

Pierre-Louis Gatier, Inscriptions grecques et latines de la Syrie : Inscriptions de la Jordanie, t. 21, Paris, Paul Geuthner, 1986.

Pierre-Louis Gatier, « L’idéologie de la cité et la carte de Madaba », dans The Madaba Map Centenary, 1897-1997: Travelling through the Byzantine Umayyad Period, dir. M. Piccirillo et E. Alliata, Jérusalem, Studium Biblicum Franciscanum, 1999. p. 235-238.

Ernst Honigmann, « Studien zur Notitia Antiochena », Byzantinische Zeitschrift, 25, n. 1, 1925, p. 60-88.

Pierre Maraval, Lieux saints et pèlerinages d’Orient. Histoire et géographie. Des origines à la conquête arabe, Paris, Les Éditions du Cerf, 1985.

Michele Piccirillo, The Mosaics of Jordan, Amman, American Center of Oriental Research, 1993.

Documents annexes

Notes

1 Glen Bowersock, Mosaics as History: the Near East from Late Antiquity to Islam, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 2006.

2 Ingrid Ehrensperger-Katz, « Les représentations de villes fortifiées dans l’art paléochrétien et leurs dérivées byzantines », Cahiers archéologiques, 19, 1969, p. 1-27.

3 Noël Duval, « Les représentations architecturales sur les mosaïques chrétiennes de Jordanie », dans Les églises de Jordanie et leurs mosaïques, Actes de la journée d’études organisée le 22 février 1989 au musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon, dir. N. Duval, Beyrouth, Institut Français du Proche-Orient, 2003, p. 211‑285.

4 Ces motifs topographiques se retrouvent en grand nombre dans des manuscrits tels que la Notitia Dignitatum (dont on conserve une copie du xve siècle à la BnF) ou la Genèse de Vienne (cod. theol. gr.31, Vienne), mais aussi sur des monnaies comme la monnaie constantinienne de la ville de Trèves dont des exemplaires sont conservés à la bibliothèque royale de Belgique (Bruxelles).

5 Pour reprendre le titre de l’article de P.-L. Gatier à ce sujet : Pierre-Louis Gatier, « L’idéologie de la cité et la carte de Madaba », dans The Madaba Map Centenary, 1897-1997: Travelling through the Byzantine Umayyad Period, dir. M. Piccirillo et E. Aliata, Jérusalem, Studium Biblicum Franciscanum, 1999. p. 235-238.

6 L’usage des tychai est une tradition iconographique gréco-romaine. À l’origine, Tychè était une divinité poliade vénérée, que les Romains ont assimilé à la déesse Fortuna. Pendant l’Antiquité tardive, les personnifications féminines des villes se développent et acquièrent un statut moins religieux que politique.

7 Sur le lien entre la Table de Peutinger et la carte de Madaba, voir l’article suivant : Paul D. A. Harvey, « The Tabula Peutingeriana and the Madaba Map », dans M. Piccirillo et E. Aliata (op. cit. n. 5), p. 41-46. Pour visualiser les détails de la Table de Peutinger, voir le site suivant : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/50/TabulaPeutingeriana.jpg.

8 Pauline Donceel-Voute, « La Carte de Madaba : cosmographie, anachronisme et propagande », Revue Biblique, 95, n. 4, 1988, p. 519-542.

9 Leah Di Segni, « The « Onomasticon » of Eusebius and the Madaba Map », dans M. Piccirillo et E. Aliata (op. cit. n. 5), p. 115.

10 Hendrik Dey, « Urban Armatures, Urban Vignettes: the Interpermeation of the Reality and the Ideal of the Late Antique Metropolis », dans Using Images in Late Antiquity, dir. S. Birk, T. Kristensen et B. Poulsen, Oxford, Oxbow Books, 2014, p. 190-208.

11 G. Bowersock (op. cit. n. 1).

12 Ernst Honigmann, « Studien zur Notitia Antiochena », Byzantinische Zeitschrift, 25, n. 1, 1925, p. 60-88.

13 Gilbert Dagron, « Entre village et cité : la bourgade rurale des ive-viie siècles en Orient », Koinônia, 3, 1979, p. 29-52.

14 N. Duval (op. cit. n. 3), p. 219.

15 Roland De Vaux, « Une mosaïque byzantine à Ma’in (Transjordanie) », Revue Biblique, 47, n. 2, 1938, p. 227‑258.

16 Pierre-Louis Gatier, Inscriptions grecques et latines de la Syrie : Inscriptions de la Jordanie, t. 21, Paris, Paul Geuthner, 1986.

17 G. Bowersock (op. cit. n. 1), p. 9.

18 Le monophysisme, du grec monos (μόνος) « seul, unique » et phusis (φύσις) « nature », est un courant doctrinal mené par le moins Eutychès qui pense la nature du Christ unique, la nature humaine étant absorbée par la nature divine. Le patriarche de Constantinople condamne Eutychès tandis que l’empereur Théodose II tente de le réhabiliter. À la mort de l’empereur, la querelle n’est pas réglée et un concile se tient en 451 à Chalcédoine, qui condamne le monophysisme, entraînant un schisme au sein des Églises d’Antioche et d’Alexandrie.

19 Michele Piccirillo, The Mosaics of Jordan, Amman, American Center of Oriental Research, 1993, p. 242-243.

20 Anne-Sophie Decriaud, « Les personnifications des quatre fleuves du Paradis sur les mosaïques romaines tardives d’Orient », dans Le répertoire décoratif et iconographique en Méditerranée antique et médiévale : actes du 3ème colloque international, dir. M. Ghodhbane, Tunis, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, 2016, p. 172.

21  Panajota Assimakopoulou-Atzaka, « Τμήμα ψηφιδωτού με αρχιτεκτονική παράσταση στο Μουσείο Μπενάκη », Μουσείο Μπενάκη, 6, 2006, p. 61-75.

22 P. Assimakopoulou-Atzaka le précise dans son article : les tours coiffées de dômes font partie des détails visuels que l’on ne retrouve que très peu dans les mosaïques du corpus.

23 Je tiens à remercier Franco Sciorilli (restaurateur spécialiste de mosaïques, basé en Jordanie) pour ses précieux renseignements.

24 Pierre Maraval, Lieux saints et pèlerinages d’Orient. Histoire et géographie. Des origines à la conquête arabe, Paris, Les Éditions du Cerf, 1985, p. 81.

Pour citer ce document

Par Flora Muntrez, «Penser son territoire pour faire communauté : la représentation des villes dans les mosaïques byzantines tardo-antiques de Jordanie», Annales de Janua [En ligne], Les Annales, n° 10, mis à jour le : 14/10/2024, URL : https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr:443/annalesdejanua/index.php?id=3375.

Quelques mots à propos de :  Flora Muntrez

Statut : élève-conservatrice du patrimoine, spécialité Archéologie - Université : EPHE - Directeur de recherche (Master) : Ioanna Rapti (EPHE) - Titre du mémoire de master : Représenter le monde : de la vision encyclopédique à la symbolique cosmologique. Les personnifications cosmologiques et les vues topographiques dans les mosaïques de pavement des églises des provinces d’Arabie et de Palestine (ive-viiie siècles) - Thématiques de la recherche : mosaïque ; pavement d'églises byzantines ; pério ...

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