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Un chantier dans la ville, la reconstruction du palais de Poitiers sous Jean de Berry
Par Héloïse Dupin
Publication en ligne le 09 avril 2024
Résumé
Studies on medieval building sites have often been only center on them, beside knowledge of the context where it takes place. However, the construction or reconstruction in our case, is an event in a city. It impacts the project location and the surroundings et distant areas by the purchase or requisition of ground, the road and street congestion, the landscape modification related to stone’s extraction, etc. At the end of the xivth centuries, the city of Poitiers seems to be pleased by the updating project of his palace and bothered constraints it would generate.
L’étude du chantier médiéval a souvent été traité pour lui-même, sans le rattacher au contexte dans lequel il prend place. Pour autant, la construction ou reconstruction dans notre cas, est un évènement marquant au sein même d’une ville. Le chantier impacte le lieu du projet de construction, mais aussi ses abords immédiats et plus lointains, et ce, par l’achat de terrains, la réquisition de lieux, l’encombrement des routes puis des rues, la modification du paysage par l’extraction, etc. À la fin du xive siècle, la ville de Poitiers semble à la fois bouillonner, et même rayonner, face à l’entreprise de Jean de Berry pour mettre au goût du jour le palais, mais également tourmentée par les contraintes que génèrent un tel projet.
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Un chantier dans la ville, la reconstruction du palais de Poitiers sous Jean de Berry (version PDF) (application/pdf – 3,5M)
Texte intégral
1« Toute civilisation qui laisse sa marque dans le paysage a maîtrisé l’art d’extraire, de tailler la pierre, de bâtir »1. Le chantier, soit une des premières industries selon l’historiographie, est par essence un moyen de comprendre le développement urbain. Le présent article découle d’un travail de master centré sur le chantier de reconstruction d’une partie du palais de Poitiers situé au centre de la ville. Cette réédification est commandée par le prince Jean de Berry et elle affecte la tour au sud-est : tour Maubergeon, ainsi que le corps de logis accolé à la grande salle et à la tour occidentale. Sans revenir sur la longue histoire de ce lieu, qui est d’ailleurs encore à ce jour imprécise, le Poitou sort d’une période troublée par la guerre de Cent Ans. Occupée par les Anglais, la ville de Poitiers est libérée en 1372 et récupérée immédiatement par le duc dont l’apanage avait été spolié2.
2Cette reconstruction débute en novembre 1384 mais la fin est incertaine, sans doute la fin du xive ou début du xve siècle3. L’étude de ce chantier repose sur le croisement de trois types de sources : comptable, géologique et archéologique. L’état de l’art du site ne fait l’objet que d’une seule monographie, rédigée par Lucien Magne en 19044. Cependant depuis le départ des institutions judiciaires en 2019, un Programme collectif de recherche (PCR) est lancé sous la codirection de Nicolas Prouteau et Claude Andrault-Schmitt, avec en parallèle, des fouilles programmées depuis 2020 (Fig. 1)5.
Fig. 1 : Vienne (86), Poitiers, palais des comtes de Poitou-ducs d’Aquitaine © Héloïse Dupin (voir image au format original)
3Cet exposé est le moyen de prendre le contre-pied des présentations habituelles sur la construction médiévale. Il y sera développé des thématiques dites annexes : loges, ateliers, lieux de stockage, lieux d’approvisionnement en périphérie, transport, routes et itinéraires. Ces lieux et moyens interviennent dans la problématique de l’impact d’un chantier tel que celui-ci dans la fabrique urbaine de Poitiers6. Présentant d’ores-et-déjà la dualité de l’étude d’un évènement entre des éléments temporaires et d’autres permanents7.
Les loges, ateliers et lieux de stockage
4Selon Philippe Bernardi, le chantier est une notion plus large que l’on ne le pense, puisqu’il englobe le lieu principal de la construction ainsi que les annexes, synonyme d’« une réalité éclatée » ou d’« un chantier mosaïque » pour reprendre les expressions de son ouvrage Bâtir au Moyen Âge8. Dans le cas de Poitiers, ateliers et lieux de stockage sont parfois communs en fonction de leur spécialisation, ils seront analysés ci-dessous. L’objectif de cette partie est de cerner les lieux de travail des artisans du bâtiment dans la ville, aussi appelés annexes9. Comprendre les logiques de leur implantation permettrait de connaître les liens que le duc entretenait avec les institutions et les hommes de Poitiers. Ces lieux n’empêchent pas la présence de lieux de stockage annexes non mentionnés ou situés sur le lieu même du chantier. Leur connaissance est essentiellement permise par l’étude de la comptabilité du chantier et son croisement avec les données disponibles émanant d’autres disciplines, telles que les sources archéologiques (Fig. 2).
Fig. 2 : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Français 2609, xve siècle, f. 60v. Détail : Dagobert visitant le chantier de la construction de Saint-Denis © Gallica BnF (https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b10507341p/f134.item). Cette image illustre l’atmosphère d’un atelier de tailleurs de pierre dans un terrain vague avant acheminement sur le chantier. Un habit de fortune est visible pouvant être comparé avec l’aménagement du palissage dans le cimetière des Jacobins (voir image au format original)
5Le couvent des Cordeliers est l’atelier le plus proche du chantier. Il se situe au sud de la Tour Maubergeon. Des travaux archéologiques de grande envergure ont eu lieu sur le site en 2000 et à la lecture du rapport qui en émane, il a été identifié une phase d’expansion au xive siècle10. Par ailleurs, les informations recueillies sont bien maigres pour identifier l’atelier du chantier de Jean de Berry. Si l’on revient aux sources comptables, on observe premièrement que chaque livraison de pierres liée à la tour Maubergeon comme au palais est centralisée en ce lieu à l’oustel des frères meneurs ou encore du cordelliers de Poitiers. Elles précisent même que le cimetière était très utilisé, ce qui permet d’avancer qu’il aurait très bien pu servir de stockage et de lieu de travail libérant ainsi les lieux de pratique du culte. En plus d’accueillir un atelier, le site des Cordeliers est aussi le lieu de la première chambre de trait du chantier. La chambre de trait est une pièce servant au travail du maître d’œuvre11.
6Un autre ordre mendiant voisin reçoit aussi un atelier, il s’agit des Jacobins, autrement nommé les Dominicains. Un premier aperçu des sources comptables permet de conclure que ce lieu a été associé au travail du bois. Daté de novembre 1386, le feuillet 62v du registre KK 257b documente l’aménagement d’une palissade dans le cimetière des Jacobins pour le travail des charpentiers. Cette même source précise que c’est au cimetière qu’est livré le bois d’œuvre du chantier de la tour Maubergeon.
7Nous remarquons que les deux exemples précédents présentent le même point commun, celui du travail qui s’effectue dans le cimetière d’institutions religieuses urbaines. Il est connu que cet espace n’est pas uniquement réservé aux défunts en dépit de notre pensée contemporaine. Lieu de foire et de marché, ce lieu ne cessera d’être un « lieu de réunion privilégié » qui a eu la fâcheuse tendance à devenir un dépotoir : « en ville, tout espace libre l’était »12. Les cimetières paroissiaux semblent avoir été des lieux privilégiés pour ce type d’activité. La fabrique du chantier a donc pu aisément se développer sur ces terrains vagues sachant la cohabitation déjà évidente entre les institutions religieuses et le duc. Les synthèses sur le cimetière médiéval ont tendance à se concentrer sur les activités commerciales et publiques.
8Le lieu suivant, l’hôtel de Vivonne est l’atelier de Jean de Valence, ouvrier espagnol venu à la demande du duc pour faire des carreaux de faïence à émail stannifère. Cet hôtel particulier est uniquement cité dans l’historiographie de la ville pour le chantier ducal. Après une recherche sur la famille éponyme, probable fondateur de l’édifice, quelques éléments ont pu être dégagés. Seigneurs locaux, ils occupent des postes-clés de la ville : sénéchaux et lieutenants du roi. D’ailleurs, un membre de la famille de Vivonne « reçut le duc de Berri lorsque ce prince vient prendre possession de sa cité de Poitou »13. La proximité entre la famille de Vivonne et le duc apparaît clairement dans les sources. Ainsi, il est dès lors envisageable que l’hôtel susmentionné ait abrité les fours des céramistes du chantier. L’historiographie ne le situe pas, mais tous sont d’accord sur le fait que ce choix est étonnant. En effet, situé dans le quartier canonial densément peuplé et hautement inflammable, il est également éloigné des chantiers14. Cet exemple permet d’appréhender trois éléments dans le cadre d’un chantier urbain : les politiques locales, la compréhension d’aspects techniques et le contexte urbain médiéval.
9Le folio 43r fait mention d’un « Hôtel de feu M. Pierre Quentin », repéré par Lucien Magne qui ne s’attarde pas sur le sujet15. La seule information dont nous disposons à son propos est qu’il fût acheté par le sénéchal. Nous pouvons émettre l’hypothèse qu’à la mort de M. Quentin, le sénéchal a racheté son hôtel, tombant ainsi dans les biens de la sénéchaussée. Si des doutes persistent concernant l’identité de ce personnage, sa localisation est quant à elle inconnue à ce jour. Cet hôtel apparaît donc à part dans le maillage des lieux du chantier ducal, il permet sans doute de toucher du doigt la présence d’un artisanat urbain d’élite au sein d’un hôtel particulier dédié.
10Le dernier lieu, et non des moindres, du chantier dans la ville est la ‘maison’ de Guy de Dampmartin. Un logement est acheté par le sénéchal du Poitou, une lettre datée du 19 mars 1388 entre le duc et celui-ci en fait mention16. Une seconde maison et un verger viennent s’ajouter aux possessions du maître d’œuvre. L’ensemble se situe entre la maison de Guy de Dampmartin déjà établie et le cimetière des Jacobins. Magne propose de voir ce complexe nouvellement créé comme une « agence de travaux »17. Ce lieu majeur du chantier permet de mettre en avant le soin apporté par le maître d’ouvrage à ses employés. Il est donc évident que la logistique et l’organisation spatial des lieux du chantier sont des points fondamentaux (Fig. 3).
Fig. 3 : Localisation des ateliers dans la ville de Poitiers (SIG) © Héloïse Dupin (voir image au format original)
11L’ensemble que formaient les Cordeliers, les Jacobins et la maison de Guy de Dampmartin composait une véritable ‘entreprise’ dans la ville, et cela au pied du chantier. Les ateliers situés dans les complexes monastiques ou dans leur environnement proche devaient sans aucun doute générer de nombreuses perturbations imposées par le duc, comme déjà évoqué pour l’hôtel de Vivonne. Il en va de même pour les deux autres propriétés qui devaient faire partie des possessions de la sénéchaussée, investi par Jean de Berry. Une véritable industrie du bâtiment est déployée, sans compter les autres chantiers urbains qu’ils soient ducaux, municipaux ou religieux. Par exemple, pour la construction du château triangulaire au nord de la ville, à la confluence du Clain et de la Boivre, l’abbaye de Montierneuf est réquisitionnée à cet effet18. À Poitiers, la période entre la fin du xive et le début du xve siècle devait être très opulente. La ville devait rayonner par tant de changements.
Les périphéries : lieux d’approvisionnement en pierre
12Les périphéries sont connues pour être en échange perpétuel avec leur centre urbain. La périphérie est appréciée par l’analyse des mentions liées à la pierre. Par ailleurs, ce secteur d’activité provoque par essence la disparition de traces antérieures au profit de l’extraction récente toujours plus large et profonde. L’extraction, ou le fait de « retirer de son milieu », se divise en plusieurs étapes : la découverte, l’abattage ou débitage, et la taille19. La ville de Poitiers et ses alentours sont une réserve de matériaux lithiques, pouvant correspondre à la définition des grands centres carriers proposée par Jacqueline et Claude Lorenz en 199320. Pour reprendre leur expression, le grand « centre carrier » s’oppose aux petites carrières locales et peut atteindre le million de mètres cube de pierre extraite. La répartition des sites « sans être régulière, constitue vaguement une trame ; les carrières étant séparées de quelques dizaines de kilomètres […] des centres urbains » (Fig. 4)21. Ce chantier ne sort pas de la norme : en février 1385, les carriers et d’autres intervenants partent à la recherche de la meilleure pierre, au regard de leur mention : pour visiter les pearrières […] lesquelles [ser]oient plus proffitables pour tirer pearre pour la tour de Mauberjon22. Comme la pearrière est le terme utilisé pour désigner ces lieux d’approvisionnement suivi d’un toponyme, cette terminologie varie selon les zones géographiques23. L’analyse des toponymes, aussi controversé soit-elle, peut-être d’une grande aide. Le mot laveria, dérivant du latin médiéval signifiant carrier et tailleurs de pierre peut se rattacher au lieu d’extraction des Lourdines24. Ainsi, l’activité exercée a fini par devenir un marqueur toponymique. De plus, les derniers supports de recherche possibles sont les documents cartographiques modernes. Plus tardifs, les cadastres napoléoniens sont aussi pertinents, car ils regorgent de lieux disparus, comme le cas du « trait blanc » pouvant signifier la carrière par l’usage de la couleur blanche comme métaphore du calcaire en sous-sol25. Cet espace se trouve dans la zone présumée de Breuil-l’Abbesse, carrière abondement exploitée du chantier ducal.
Fig. 4 : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Français 22971, Le secret de l'histoire naturelle contenant les merveilles et choses mémorables du monde, 1401-1500, f. 53r. Détail : scène d’extraction de la pierre © Gallica BnF (https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b52508970d/f111). Cette enluminure est l’une des rares illustrant une carrière médiévale dont nous distinguons le front de taille avec des traits horizontaux faisant penser aux différents bancs de pierre (voir image au format original)
13L’analyse des comptes révèle huit toponymes de lieux d’approvisionnement. Tous sont déjà connus de l’historiographie, que ce soit par Lucien Magne, Robert Favreau ou encore Thomas Rapin. L’une des deux carrières en périphérie immédiate de la ville se situe au lieu-dit la Cueille, toponyme reconnu pour faire référence à une colline, par ailleurs surnommé « Porte de Paris »26. Les sources comptables de la fin du xive siècle la placent au-dessus de Saint-Ladre près de la route direction Mirebeau27. Ce lieu fournit majoritairement en pierre de tout-venant pour les fondations28. On comprend alors que cette carrière de « pierre de Poitiers » n’intéresse que pour sa proximité, permettant l’acheminement de grosses quantités de moellons29. Le second gisement dans la périphérie de la ville se trouve au lieu-dit Les Dunes. Ce site n’avait pas été identifié dans les premiers travaux de Lucien Magne, à cause d’un problème d’orthographe du nom écrit : dubbes. Ce sont les travaux de Robert Favreau dans les années 1970 qui identifient pour la première fois cette carrière dans les sources comptables30. Les pierres de la périphérie de Poitiers sont un second choix pour les constructions du duc au xive siècle, mais à la période romane les églises de la capitale poitevine sont constituées en grande partie de ces pierres à silex31. Aucune qualité de pierre n’était recherchée aux Dunes, ni même à la Cueille, la proximité et l’avantage quantitatif y étaient privilégiés (Fig. 5)32.
Fig. 5 : Localisation des carrières avec des cercles de distances par rapport à la ville de Poitiers (SIG) © Héloïse Dupin (voir image au format original)
14À près de 5 à 10 km de la ville se situent deux autres espaces d’approvisionnement, au nord et à l’est de la ville. Chardonchamps, sur la commune de Migné-Auxances au nord de Poitiers, est peut-être le plus exploité pour les chantiers de Jean de Berry. Sa mise en activité débute certainement peu de temps avant la fin du xive siècle avec les chantiers ducaux. Les chantiers du duc de Berry sont un véritable tremplin pour l’utilisation de cette pierre qui est aussi largement employée dans le chantier du château de Poitiers. Sur la commune de Mignaloux-Beauvoir, la carrière suivante est au Breuil-l’Abbesse, citée précédemment. Le toponyme n’a aucun lien avec l’extraction ou la pierre, il fait référence au propriétaire de la métairie du Breuil qui était dès le xiiie siècle l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers33. Cette carrière est citée pour la première fois pendant le chantier du duc et ce n’est pas étonnant car elle est découverte par Colinet de Saint-Riquier, « pionnier » qui serait l’équivalant du terrassier actuel, le 24 février 138534. En outre sur la commune de Chasseneuil-du-Poitou, on note la carrière de Bonnillet. Ce lieu est reconnu très tôt pour la qualité de sa pierre, les romains l’exploitaient déjà et le tracé d’une voie antique est avéré à proximité35. Le lieu d’extraction suivant est les Lourdines situées sur la commune de Migné-Auxances comme Chardonchamps, soit à 7 km de la ville de Poitiers. Son exploitation est très précoce puisque dès l’Antiquité son usage est reconnu36. Le chantier de Jean de France a fait appel à cette carrière, pour autant les quelques références analysées ne la citent pas. Le dernier lieu de la périphérie proche est Ensoulesse sur la commune de Montamisé. Si ce site peut correspondre au toponyme Soulasse présent dans les comptes, les chercheurs restent tout de même prudents37. On recense peu de données historiographiques sur ce lieu (Fig. 6).
Fig. 6 : Vienne (86), Montamisé, carrière d’Ensoulesse © Héloïse Dupin (voir image au format original)
15Le dernier site, et le plus éloigné, est Lavoux à près de 14 km de Poitiers. Jean de Berry fait une large importation de cette pierre. Des quartiers, marches, voussures et éléments de sculpture font partie des livraisons et sont parfois quantifiés38. Malheureusement, la production industrielle contemporaine et le manque de précision des sources du xive siècle ne permettent pas d’identifier le lieu précis de cette activité.
16Moellon et pierre de taille, cette première catégorie se doit d’être proche du chantier afin d’économiser des frais et du temps de transport. Les Lorenz nous précisent que les carrières doivent généralement se situer dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, équivalant à une journée de charroi en plaine pour être rentable, mise à part des importations de matériaux d’exception39. En sachant cela, il est aisé de comprendre les attentes des carrières de cette construction. La Cueille se voit cantonnée à la livraison de tout-venant tandis que des qualités différentes sont recherchées dans d’autres lieux. Les carrières de la ville et celles des périphéries sont distinguées par une recherche d’économie ou au contraire d’ostentation de la part du duc.
Les transports, les routes et les itinéraires
17Du retour jusqu’au cœur de la ville depuis la périphérie, il se pose la question des modes de transport, des routes et des itinéraires. Les « marchands carriers », pour reprendre une expression de l’historiographie, assurent pour la plupart l’acheminement de leur production. Le commanditaire a su mettre en place les moyens suffisants pour faire venir les matériaux adéquats par le biais du transport terrestre. Il faut avoir à l’esprit que ce type de transport est très coûteux contrairement au transport fluvial ou maritime. Cependant, le Clain n’a pas été utilisé au regard de la comptabilité. Cette documentation déjà évoquée est aussi riche de détails. Du départ à l’arrivée, la mention s’organise entre le nom du roulier40, l’appellation « trait et assemilhé », le ou les lieux de carrière, les produits quantifiés ou non, parfois l’usage de précis du bloc, « rendu conduit et livré », le lieu d’arrivée des livraisons, et se termine en indiquant le prix à l’unité puis le prix payé en fin de ligne.
18En ce qui concerne les véhicules, ils sont soit nommés, c’est le cas pour le tombereau ou le charroi qui sont inscrits en toutes lettres, soit signifiés par la charge du véhicule, à l’exemple de la charrette. Les réflexions sur les moyens de transports vont au-delà du chantier, car « toute charrette à usage agricole pouvant […], comme en attestent nombre de réquisitions, servir à transporter des matériaux de construction ou de déblais » (Fig. 7)41.
Fig. 7 : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Français 2092, 1317, f. 2v. Détail : saint Denis devant Fescennius © Gallica BnF (https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b84478804/f14.item). La dernière image illustre un charroi rentrant dans une ville. L’iconographie des véhicules de livraison semblent se contenter du charroi (voir image au format original)
19Il se pose la question des routes et des chemins. Ces problématiques affluent dès la sortie de la carrière, une unique mention documente cette dernière pour ce travail : A Colinet de S[aint] Riquier pionner pour avoir descouvert la pierr[ier]e42 du Breuil l’Abbasse c’est assavoir […] jusques au long de la pierr[ier] et pour avoir fait le chemin pur aller a la d[icte] piarr[iere] pour que[rir] la pierre le quel chemin […]. Concernant la suite du trajet, il est fort probable que les routes actuelles suivent leurs ancêtres modernes, médiévales voire antiques, confirmé dans le cas du site de Bonnillet qui semble être utilisé depuis l’Antiquité43. Les routes sont un point non-négligeable du bon fonctionnement d’un chantier. Une distinction est sans doute à voir dans la gestion des réseaux urbains et les périphéries. Le contexte bourguignon conserve notamment de multiples mentions de travaux par le duc sur les réseaux routiers et les ponts en amont sur le chantier de la Chartreuse de Champmol, contemporain du chantier poitevin44. À Poitiers, malgré l’absence de sources précises, un travail plus large de récolement de documents contemporains des chantiers a été mené. En sachant, que « le pavement des rues est à la charge de ceux qui ont maisons, vergers ou autres bien le long de la rue », « chacun en droit soi » comme retrouvé dans la documentation de la ville45. En 1452, un carrefour en lien avec l’actuelle rue des Flageolles non pavée devenait problématique en hiver comme en temps de pluie et plus encore si deux charrettes voulaient se croiser46. En lien avec le chantier, la ville intervient très largement au cours des années 1387 et 1389, où « furent pavées la plus grande partie des rues de la ville »47. Ce lien avait été souligné par Robert Favreau, tout en invitant à prendre ces mentions avec prudence au vu du contexte de développement urbain. Les ponts sont aussi sujets à des travaux entre 1380 et 1388, demandant l’intervention de charpentiers. Un document de novembre 1386 exprime le mécontentement des habitants de la ville dont les ponts sunt rompuz de jour en jour par des charroiz et autre (t)abus de bestes chevalines qui passent par-dessus48.
20En ayant à l’esprit les problèmes évoqués, il est donc possible d’émettre des hypothèses concernant les itinéraires des transporteurs qui œuvraient entre les carrières et les ateliers. Trois semblent se dégager au regard de la localisation des lieux et l’analyse des réseaux modernes consignés dans les premiers atlas du xviiie siècle. Le choix d’implantation des carrières est toujours en marge d’un réseau routier déjà établi : voie romaine puis routes royales49. Les trajets courts sont privilégiés, moins de 30 km pour une journée de charroi en plaine50. Ce critère est à mettre en corrélation avec le développement de « centre carrier », dans un rayon de 10 km autour de la ville51. Ces trajets se découpent en trois, deux au nord de part et d’autre du Clain et un dernier vers l’est, définis selon les secteurs carriers et les habitudes de mutualisation des livraisons observées dans la comptabilité. Ils se limiteront à la périphérie en général car l’appréhension des itinéraires urbains demande une parfaite connaissance du parcellaire médiéval.
21Au sein même de la ville, un dernier type de déplacement est aussi pertinent à observer. Faisant écho aux lieux d’ateliers du chantier, notamment l’atelier de Vivonne. La rue de la Cathédrale n’est quant à elle pas héritée de l’Antiquité mais une création médiévale reliant le palais et l’édifice religieux. Il serait mal venu d’ignorer ce circuit de livraison intra-urbain. Les zones d’ateliers de la périphérie immédiate du palais devaient fourmiller de véhicules. Au-delà des transports de matériaux, les interactions entre les sites de production et les chantiers devaient très largement être répandues. Par ailleurs, ne faudrait-il pas parler des chantiers au pluriel ? Les équipes étaient en grande partie communes et les échanges devaient aussi être monnaie courante.
22Le présent développement a eu pour but de se questionner sur le transport de façon très large : les routes, les véhicules et les itinéraires ont été évoqués. Ces données sont cependant très éparses dans l’historiographie du chantier et demanderaient des approfondissements. La connaissance du parcellaire médiéval est très inégal, souvent liée à des études ponctuelles de quartiers.
Conclusion
23Un chantier se lit à travers de multiples facteurs, majoritairement par l’étude du monument en lui-même, la recherche des styles convoqués et l’identification des artisans et des commanditaires ayant intervenu, entre autres. Par ailleurs, ce développement, qui s’inscrit dans la thématique de la ville au travers de sa matérialité, permettait de faire intervenir des thématiques annexes du chantier.
24L’objectif de cet article était de parler d’un chantier de construction sans même le convoquer. L’évènement, qu’est la construction d’un monument, provoque de grands changements dans le paysage. Ils sont urbains par le biais des loges, des ateliers et des lieux de stockage, mais aussi périphériques pour les espaces d’approvisionnement en pierre et mixtes par la thématique du transport, reliant la campagne à la ville. Les traces de cet impact sont très fugaces, la documentation médiévale étant lacunaire. Ces premières observations sont le résultat d’une analyse très fine de la comptabilité du chantier du palais de Poitiers et le croisement avec d’autres données disparates. Contrairement à un travail à pied d’œuvre, ces éléments connexes sont des fenêtres ouvertes sur la compréhension de la ville médiévale. Il présente l’intérêt d’élargir la compréhension d’un monument à son environnement immédiat comme étendu. En outre, comment Jean de Berry a pu proposer la réédification du palais dans une ville comme Poitiers à la fin du xive siècle ?
Bibliographie
Sources
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Le palais comtal de Poitiers et ses abords (ix-xvi s.), rapport d’année probatoire de PCR et de fouille programmée 2019, dir. N. Prouteau et C. Andrault-Schmitt, Poitiers, 2 vol. , 2020.
Le palais comtal de Poitiers et ses abords (ixe-xvie s.), rapport intermédiaire du PCR et fouille programmée 2020-2021, dir. N. Prouteau, Poitiers, 2 vol. , 2022.
Le palais comtal de Poitiers et ses abords (ixe-xvie s.), rapport intermédiaire du PCR et fouille programmée 2022, dir. N. Prouteau, Poitiers, 2 vol. , 2023.
Catherine Provost, Les travaux communaux dans la ville de Poitiers à la fin du xive siècle : les réparations de fortifications et de voirie et la construction du Gros Horloge de 1380 à 1390, à partir des manuscrits de la série J des archives communales (Casier 25, n° 1 à 30 ; Casier 27, n° 185 à 358), sous la direction de C. Treffort et R. Rech, 2 vol. , Mémoire de maîtrise d’histoire médiévale, Université de Poitiers, CESCM, 2003.
Thomas Rapin, Les chantiers de Jean de France, duc de Berry : Maîtrise d’ouvrage et architecture à la fin du xive siècle, thèse de doctorat, Université de Poitiers, CESCM, 2010, vol. 1, p. 26. Disponible sur : http://theses.univ-poitiers.fr/notice/view/9482
Alain Salamagne Construire au Moyen Âge : les chantiers de fortifications de Douai, Arras, Presses Universitaires du Septentrion, 2001.
Outils
Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, dir. Jacques Levy et Michel Lussault, Paris, Belin, 2013.
Dictionnaire du Moyen Français, version 2020. ATILF - CNRS & Université de Lorraine. Site internet : http://www.atilf.fr/dmf
Dictionnaire historique, bibliographique et généalogique des familles de l’ancien Poitou, t. 2, par Henri Beauchet-Filleau, Imprimerie de A. Dupré, 1840.
Documents annexes
- Vienne (86), Poitiers, palais des comtes de Poitou-ducs d’Aquitaine © Héloïse Dupin
- Fig. 2 : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Français 2609, XVe siècle, f. 60v. Détail : Dagobert visitant le chantier de la construction de Saint-Denis © Gallica BnF
- Fig. 3 : Localisation des ateliers dans la ville de Poitiers (SIG) © Héloïse Dupin
- Fig. 4 : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Français 22971, Le secret de l'histoire naturelle contenant les merveilles et choses mémorables du monde, 1401-1500, f. 53r. Détail : scène d’extraction de la pierre © Gallica BnF
- Fig. 5 : Localisation des carrières avec des cercles de distances par rapport à la ville de Poitiers (SIG) © Héloïse Dupin
- Fig. 6 : Vienne (86), Montamisé, carrière d’Ensoulesse © Héloïse Dupin
- Fig. 7 : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Français 2092, 1317, f. 2v. Détail : saint Denis devant Fescennius © Gallica BnF
Notes
1 La pierre dans le monde médiéval, dir. D. James-Raoul et C. Thomasset, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2010, p. 9.
2 Robert Favreau, La ville de Poitiers à la fin du Moyen Âge : Une capitale régionale, 2 t., Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4e série, t. XIV, 1977-1978.
3 Paris, Arch. nat., KK 256, KK257a et KK257b.
4 Lucien Magne, Le palais de Poitiers, Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts, 1904.
5 Le palais comtal de Poitiers et ses abords (ix-xvi s.), rapport d’année probatoire de PCR et de fouille programmée 2019, dir. N. Prouteau et C. Andrault-Schmitt, Poitiers, 2 vol., 2020 ; Le palais comtal de Poitiers et ses abords (ixe-xvie s.), rapport intermédiaire du PCR et fouille programmée 2020-2021, dir. N. Prouteau, Poitiers, 2 vol., 2022 ; Le palais comtal de Poitiers et ses abords (ixe-xvie s.), rapport intermédiaire du PCR et fouille programmée 2022, dir. N. Prouteau, Poitiers, 2 vol., 2023.
6 Hélène Noizet, « Fabrique urbaine », dans Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, par Jacques Levy et Michel Lussault, Paris, Belin, 2013, p. 389-391.
7 Ibid.
8 Philippe Bernardi, Bâtir au Moyen Âge (xiiie-milieu xvie siècle), Paris, CNRS (Biblis, n. 92), 2014, p. 46 et 55.
9 Ibid.
10 La fouille de l’îlot des Cordeliers, Poitiers (86-194-113 AH) (Vienne), autorisation n° 98/78 du 18/05/1998 au 31/12/1998, dir. A.-M. Jouquand, et al., Poitiers, SRA Poitou-Charentes, 2000, p. 260.
11 Marcel Aubert, « La construction au Moyen Âge », Bulletin Monumental, 119, n. 1, 1961, p. 32.
12 Danièle Alexandre-Bidon et Cécile Treffort, « Un quartier pour les morts : images du cimetière médiéval », dans À réveiller les morts : La mort au quotidien dans l’occident médiéval, dir. D. Alexandre-Bidon et C. Treffort, Lyon, Presses universitaires de Lyon, Association des amis des bibliothèques de Lyon, 1993, p. 253‑273.
13 Dictionnaire historique, bibliographique et généalogique des familles de l’ancien Poitou, t. 2, par Henri Beauchet-Filleau, Poitiers, Imprimerie de A. Dupré, 1840, p. 811-819.
14 L. Magne (op. cit. n. 4), p. 52. Voir également Cent maisons médiévales en France (du xiie au milieu du xvie siècle) : Un corpus et une esquisse, dir. Y. Esquieu et J.-M. Pesez, Paris, CNRS éditions (Monographie du CRA), 1998, p. 287 et Thomas Rapin, Les chantiers de Jean de France, duc de Berry : Maîtrise d’ouvrage et architecture à la fin du xive siècle, thèse de doctorat, Université de Poitiers, CESCM, 2010, vol. 1, p. 26. Disponible sur : http://theses.univ-poitiers.fr/notice/view/9482
15 L. Magne (op. cit. n. 4), p. 52 ; Paris, Arch. nat., KK 256, fol. 43r.
16 Paris, Arch. nat., J 182, n° 111, éd. T. Rapin, (op. cit. n. 14), p. 577-581.
17 Ibid.
18 Arch. Nat. KK 257, fol. 7r, éd. Héloïse Dupin, La mise en œuvre de la pierre sur le chantier du palais de Poitiers, sous Jean de Berry : Matériaux, techniques, décor, commande et topographie du chantier, mémoire de Master 2, Université de Poitiers, 2023, vol. 2 [mémoire non publié].
19 P. Bernardi (op. cit. n. 8), p. 135.
20 Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes, II, Actes du 117e Congrès national des sociétés savantes, Section des sciences et Section d’histoire des sciences et techniques, Clermont-Ferrand, 26-30 octobre 1992, dir. J. Lorenz, Paris, Éditions du CTHS, 1993, p. 19.
21 Ibid., p. 25.
22 Arch. Nat. KK 256, fol. 52v, éd. H. Dupin (op. cit. n. 18).
23 « perrière », Dictionnaire du Moyen Français, version 2020 ATILF – CNRS & Université de Lorraine. Disponible sur : http://www.atilf.fr/dmf/definition/perrière
24 François Blary et Jean-Pierre Gely, Pierres de construction : de la carrière au bâtiment, Aubervilliers, Éditions du Comité des travaux historiques et Scientifiques (CTHS Orientations et méthodes, n. 34), 2020, p. 48 et 49.
25 Poitiers, Arch. dép. de la Vienne, FRAD086_cadastre, Mignaloux-Beauvoir (Vienne, France), 1819, 4 P 1052-1058. Disponible sur : https://archives-deux-sevres-vienne.fr/ark:/28387/vtaf6ccdbc67c6c9d89/daogrp/0/1
26 La cathédrale Saint-Pierre de Poitiers : Enquêtes croisées, dir. C. Andrault-Schmitt, La Crèche, Geste, 2013, p. 89.
27 « La piarrière de la Cueilhe qui sciet au-dessus S[aint] Ladre près du chemin de Mirebelois », Arch. nat. KK 257b, fol. 27r, éd. H. Dupin (op. cit. n. 18).
28 « […] pierres appelées libbes neccessaires pour massonner et emplir les fondemens de la tour de Maubergeon […] en la piarrière de la Cueilhe […]. », Arch. nat., KK 257b, fol. 27r, éd. H. Dupin (op. cit. n. 18).
29 Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes… (op. cit. n. 20), p. 13.
30 R. Favreau (op. cit. n. 2).
31 La cathédrale Saint-Pierre de Poitiers : Enquêtes croisées (op. cit. n. 26). Voir également Brigitte Boissavit-Camus, « L’art de bâtir », dans Le Baptistère Saint-Jean de Poitiers : de l’édifice à l’histoire urbaine, dir. B. Boissavit-Camus, Turnhout, Brepols, 2014, p. 293-358 et Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-la-Grande : L’œuvre romane, Paris, Poitiers, Picard, CESCM, 2002.
32 Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes… (op. cit. n. 20), p. 13.
33 Yvonne Labande-Mailfert, Histoire de l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers : Quatorze siècles de vie monastique, Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4e série, tome XIX, 1986, p. 121.
34 Paris, Arch. nat., KK 257a, fol. 38.
35 Chantal Lambare-Vannieuwenhove, L’occupation du sol des communes de Jaunay-Clan, Chasseneuil-du-Poitou, Migné-Auxances, Vouneuil-sous-Biard, Biard, Fontaine-le-Comte et Croutelle (Vienne) de l’Âge du Fer au Haut Moyen Âge, T.E.R. de Master 1 d’archéologie, Université de Poitiers, 2009, vol. 1 [mémoire non publié], p. 9, d’après les travaux de Gaillard (1919).
36 Ibid.
37 La cathédrale Saint-Pierre de Poitiers : Enquêtes croisées (op. cit. n. 26) p. 90.
38 Alain Salamagne, « Quartiers : Bloc de pierre, pierre de petit appareil », dans A. Salamagne, Construire au Moyen Âge : les chantiers de fortification de Douai, Arras, Presses Universitaires du Septentrion, 2001.
39 Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes… (op. cit. n. 20), p. 21.
40 Marcel Girault, Attelages et charrois au Moyen Âge, Nîmes, C. Lacour (Colporteur), 1992, p. 9-16.
41 P. Bernardi (op. cit. n. 8), p. 105.
42 « Perrière », dans Dictionnaire du Moyen Français, version 2020 ATILF – CNRS & Université de Lorraine. Disponible sur : http://www.atilf.fr/dmf/definition/perrière.
43 C. Lambare-Vannieuwenhove (op. cit. n. 35).
44 Marion Foucher, La pierre et les hommes en Bourgogne : Archéologie et histoire d’une ressource en œuvre du Moyen Âge à l’Epoque Moderne, thèse de doctorat, Université de Bourgogne - Dijon, ARTEHIS, 2014, vol. 1, p. 480. Disponible sur : https://theses.fr/2014DIJOL034/document
45 Robert Favreau, Poitiers à la fin de la guerre de Cent Ans : l’apport des sources financières avec l’édition des comptes de 1448-1455, Poitiers, SAO, « Archives historiques du Poitou », 2022, p. 39.
46 Ibid., p. 40.
47 Ibid., p. 225.
48 Catherine Provost, Les travaux communaux dans la ville de Poitiers à la fin du xive siècle : Les réparations de fortifications et de voirie et la construction du Gros Horloge de 1380 à 1390, à partir des manuscrits de la série J des archives communales (Casier 25, n° 1 à 30 ; Casier 27, n° 185 à 358), thèse de doctorat, Université de Poitiers, CESCM, 2003, vol. I, p. 27 et vol. II, texte 4, p. 40.
49 F. Blary et J.-P. Gely, (op. cit. n. 24), p. 121. Voir également Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes… (op. cit. n. 20), p. 22.
50 Ibid., p. 21.
51 Ibid., p. 25.
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