Loisirs et loi du plaisir. Fausse oisiveté chez Giacomo Casanova

Par David Papotto
Publication en ligne le 17 juillet 2025

Résumé

Histoire de ma vie, Giacomo Casanova’s autobiography, written at the end of the Ancien Régime, is a colorful fresco of 18th-century society. Through his relentless pursuit of pleasures, the pen of the libertine memoirist reveals a life of freedom and enjoyment. But to gain access to the idleness of aristocratic libertines and imitate their parasitism, Casanova, who is a commoner, must employ a multitude of stratagems.

L’Histoire de ma vie, l’autobiographie de Giacomo Casanova, rédigée à la fin de l’Ancien Régime, est une fresque haute en couleur de la société du xviiie siècle. À travers sa recherche intarissable des plaisirs, la plume du libertin mémorialiste donne à voir une vie placée sous le signe de la liberté et de la jouissance. Mais pour accéder à l’oisiveté des aristocrates libertins et imiter leur parasitisme, Casanova, qui est roturier, doit user d’une multitude de stratagèmes.

Mots-Clés

Texte intégral

Introduction

1Dans l’Europe des Lumières, l’oisiveté fait partie des privilèges que la noblesse cultive avec soin. Elle est chantée comme l’un de ses fastes les plus précieux. Les petits-maîtres se lèvent après-midi car ils ont joué aux cartes jusqu’au matin, les principales affaires de la journée consistent à rendre visite à telle marquise ou tel comte au pied de son lit, y faire courbettes et ronds de jambes pour être invité au dîner du soir. On mange, on boit, on danse, on fait l’amour (c’est-à-dire qu’on joue au jeu de la séduction) et on fait l’amour (on « triomphe » de l’« adversaire » qu’on tentait de séduire ; voilà ce qu’il reste de l’activité guerrière). Le « parasitisme aristocratique » de l’Ancien Régime est réglé à l’horloge du plaisir, lequel se trouve dans la fête et la fainéantise1.

2Casanova, le célèbre aventurier séducteur, est roturier. Cette vie de débauche délectable n’est pas censée être la sienne. Pourtant, lorsqu’on lit l’Histoire de ma vie, son autobiographie rédigée au lendemain de la Révolution, on ne peut que constater l’accumulation des plaisirs et la recherche effrénée de la satisfaction des sens, qui rythment la narration du Vénitien. Plus que n’importe quelle autre mémoire de son siècle, le récit de vie de Casanova dépeint avec virtuosité l’oisiveté de la noblesse parisienne, mais aussi celle des patriciens de Venise, de la cour d’Autriche ou de la riche bourgeoisie de Hollande.

3Si Casanova préfère parfois la compagnie des servantes, des ouvrières, des prostituées ou des actrices, à celle de la « bonne compagnie », c’est toutefois à cette dernière qu’il adresse ses mémoires2. La lecture de l’Histoire de ma vie donne d’ailleurs l’illusion de suivre un homme qui fait partie intégrante de cette société. Or, il ne s’agit effectivement que d’une illusion. Pour être adopté par les cercles mondains de son temps, ne serait-ce qu’un instant et en un lieu donné, Casanova doit produire un effort constant. Il travaille ses relations. Son oisiveté apparaît alors comme un masque. Les flatteries, les lettres de recommandation, les intrigues, les escroqueries, les longs discours… tout cela est un labeur que le roturier de Venise doit accomplir pour s’octroyer le privilège de végéter et jouir parmi ceux dont il n’est pas censé être digne.

4Nous voudrions par conséquent étudier cette « fausse oisiveté » à laquelle se voue le narrateur de l’Histoire de ma vie. D’abord en retraçant quelques-unes des activités de plaisir qui habillent le récit : on se concentrera essentiellement sur les plaisirs de la chair et de la table (soulignant à quel point l’esthétique et l’idéologie libertines y prennent une place importante). Ensuite, nous verrons comment l’accès à cette vie de farniente, à première vue évidente, nécessite en réalité un effort constant et un calcul stratégique de la part du héros : entre polymorphie sociale, art du déguisement et maîtrise du langage, on verra que la célèbre séduction casanovienne ne sert pas uniquement l’amour, mais aussi l’ascension sociale. Enfin, dans une rapide conclusion, on apportera au concept de fausse oisiveté et à la dichotomie qui s’en dégage (entre statut fantasmé et statut réel), quelques éléments contextuels qui nous semblent importants.

Une vie placée sous le signe de la jouissance

Désir sexuel et conquêtes amoureuses

5Que ce soit sur le plan matériel ou sur le plan temporel, l’entreprise autobiographique est vouée à l’échec, si on considère que le récit doit contenir tous les évènements de la vie de son auteur. Pour parvenir à constituer un texte littéraire intégrant les moments les plus essentiels de sa vie passée, l’autobiographe doit choisir un axe narratif et l’articuler à partir de points d’ancrage spécifiques piochés dans le temps vécu. Dans l’avant-propos des Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand parle d’« une sorte d’unité indéfinissable »3. Pour Casanova, cette unité n’a rien d’indéfinissable. L’Histoire de ma vie est à l’image de son auteur ; véritable catalogue des jouissances en mouvement, la narration du Vénitien nous fait voyager à travers l’Europe des Lumières au gré de ses caprices. L’homme et sa plume sont guidés par le désir inaltérable de jouir ; pour l’avatar autobiographique il s’agit de jouir de l’instant, pour le vieux mémorialiste esseulé dans le château de Dux, il s’agit de « jouir […] par réminiscence »4.

6Quoi qu’il en soit, c’est bien la recherche effrénée des plaisirs qui bâtit la narration de l’Histoire de ma vie. Mais de quelle nature sont ces plaisirs ? Dès sa préface, Casanova exprime ce qui a guidé son existence hédoniste :

Très sensible aux attraits de toute volupté, toujours joyeux et empressé de passer d’une jouissance à l’autre, et ingénieux à en inventer […] Cultiver les plaisirs de mes sens fut dans toute ma vie ma principale affaire : je n’en ai jamais eu de plus importante. Me sentant né pour le sexe différent du mien, je l’ai toujours aimé, et m’en suis fait aimer tant que j’ai pu. J’ai aussi aimé la bonne table avec transport, et passionnément tous les objets faits pour exciter la curiosité5.

7Ainsi, annonce-t-il dans le paratexte de sa vie que ce sont les « sens » qui ont motivé son existence, au-delà d’autres « affaire[s] » dont on peut deviner la recherche miséricordieuse, l’établissement familial ou la réussite professionnelle, qui seront tour à tour envisagés mais jamais menés à terme car toujours supplantés par le désir de réactualiser l’amour avec une nouvelle femme. D’un aspect formaliste, bien plus que la variation topique (donc de lieu) due à sa vie d’aventurier, c’est bien l’enchaînement des rencontres amoureuses qui structure l’intérieur des séquences ainsi que les séquences entre-elles. Philippe Sollers écrit dans son Casanova l’admirable que l’Histoire de ma vie « comporte ainsi au moins vingt romans excellents, et une centaine de nouvelles, toutes plus réussies les unes que les autres »6. En effet, chaque « séquence » correspond à une intrigue particulière et donne l’effet d’une œuvre autonome qu’on pourrait qualifier de roman ou de nouvelle. Mais ce que ne précise pas Philippe Sollers ici, c’est que la majorité de ces éléments autonomes sont construits autour d’un motif récurrent : celui d’un désir provoqué par la rencontre amoureuse et la volonté de le satisfaire au moyen d’un rapport sexuel. Ainsi la structure narrative des séquences répond-t-elle la plupart du temps au schéma suivant : [rencontre du personnage féminin] > [éveil des passions] > [séduction/ soudoiement] > [Coït consenti (la plupart du temps)7] > [courte idylle amoureuse] > [élément perturbateur] > [rencontre d’un nouveau personnage féminin ou changement de lieu].

8Dans ce schéma où séduction et érotisme prennent toute la place, les activités auxquelles se vouent l’aventurier et ses conquêtes répondent toutes à la nécessité du plaisir. Entre les scènes érotiques, il est essentiellement question de dîners, de fêtes, de danses, de jeux d’argent (de cartes surtout), de passage au théâtre ou à l’opéra, de promenades, de retraites à la campagne, etc. Si beaucoup des personnages féminins que Casanova rencontre sont en difficulté, sociale ou financière, il trouve toujours le moyen de les tirer de l’embarras pour les entraîner avec lui dans sa course à la jouissance. Et si, plus rare, les femmes dont il s’éprend sont issues de la caste aristocratique, qu’à cela ne tienne, il s’adapte à la sphère sociale de son choix pour vivre l’histoire d’amour vers laquelle son désir l’attire inévitablement. Le tableau que dresse Casanova de sa vie semble être celui d’une existence affranchie du labeur et dont la principale préoccupation est le tissage des intrigues amoureuses.

Plaisirs de la table

9De fait, l’influence des thèmes liés au libertinage est essentielle dans l’Histoire de ma vie, tant du point de vue du mode de vie du Vénitien que de celui du traitement narratif8. Les activités de plaisirs qui structurent l’autobiographie sont celles qu’on retrouve dans les livres de chevet de son auteur (Aloysia Sigea, Thérèse Philosophe, Dom B***). Ainsi, en tête de liste après le plaisir sexuel, c’est le plaisir gustatif qui occupe le plus le libertin. Comme l’écrit Michel Delon dans le chapitre du Savoir-vivre libertin qu’il consacre à l’omniprésence de la nourriture : « Le libertin est gastronome par l’importance qu’il accorde aux plaisirs de la bouche et par le lien qui s’établit fréquemment entre la table et le lit »9. A ce titre, la séquence de l’Histoire de ma vie avec la religieuse M.M au casin de Murano est particulièrement exemplaire.

10Casanova loue un casin (repère libertin par excellence : les murs et plafonds sont recouverts de glaces, présence d’un boudoir, de sophas, de toilettes, d’une baignoire, ainsi que d’une bibliothèque contenant des livres érotiques et des gravures lascives)10. Un rendez-vous a été fixé avec son nouvel amour : M.M, une religieuse énigmatique, a priori issue d’une famille importante et qui sait user de ses avantages, même depuis son cloître, pour, par exemple, en sortir en catimini à la nuit tombée. La veille du rendez-vous, Casanova a dîné seul dans son casin afin de répéter le repas du lendemain avec son nouveau cuisinier français. Il faut que les mets servis soient parfaits. « Mieux que quiconque, écrit Michel Delon, il sait l’importance d’une bonne chère comme prélude à l’amour »11.

11Toutes les scènes au casin de Murano font se succéder dîners et scènes érotiques comme danse et contre-danse s’enchaînent naturellement dans un bal. C’est là un topos de la littérature libertine ; entre les « assauts », il faut reprendre des forces12. À l’écoulement excessif des fluides se succède l’ingurgitation de nourriture et d’alcool ; de « balsamiques », comme l’écrit Casanova. Parfois, le lien entre les deux isotopies est tel qu’il donne naissance à une forme d’amalgame, comme lors du fameux jeu des huîtres :

Après avoir fait du punch nous nous amusâmes à manger des huîtres les troquant lorsque nous les avions déjà dans la bouche : elle me présentait sur sa langue la sienne en même temps que je lui embouchais la mienne : il n’y a point de jeu plus lascif, plus voluptueux entre deux amoureux, il est même comique, et le comique n’y gâte rien, car les rires ne sont faits que pour les heureux. Quelle sauce que celle d’une huître que je hume de la bouche de l’objet que j’adore ! C’est sa salive. Il est impossible que la force de l’amour ne s’augmente quand je l’écrase quand je l’avale13.

12Le jeu des huîtres se répète et se décline à plusieurs reprises dans l’Histoire de ma vie. C’est un moyen pour le Vénitien de mêler habilement ses deux passions libertines. Ici, Casanova érotise l’acte gastronomique. Jeu synesthésique où les sens du gustatif et du génésique se confondent14. L’acte d’avaler se déploie dans sa dimension psychanalytique ; on absorbe une partie de l’autre pour le posséder et rassasier le désir comme s’il était appétit (Casanova est d’ailleurs très sujet à ce phénomène ; plus tôt dans le récit, il confectionne des dragées à partir des cheveux de Mme F. dont il est amoureux). On notera à cet égard que l’article « Erotique » de l’Encyclopédie parle « d’appétit corporel » ; le glissement sémantique, dans l’imaginaire du siècle, devient presqu’un lieu commun15.

13Le tout est narré comme une activité frivole ; celle du jeu « nous nous amusâmes », « le jeu le plus lascif », accompagné du rire et de l’effet « comique ». Mélanger le rire aux activités sexuelles est aussi un topos de la littérature libertine. Cette littérature transgressive a en effet pour mission de provoquer les deux réactions physiologiques que sont le rire et l’excitation sexuelle chez le lecteur. En ressort une forme d’insouciance et de légèreté. M. M la religieuse s’est enfuie du couvent pour rompre ses vœux dans les bras d’un bel inconnu… qu’importe si sa position sociale est gravement mise en danger : seul le plaisir compte.

14L’insouciance est accentuée par la présence d’alcool. Ici, c’est du punch, que Casanova aime préparer à base de vin de Champagne. Généralement, toutes les scènes de repas dans l’Histoire de ma vie (et elles sont nombreuses), font la part belle à Bacchus. Le récit autobiographique dépasse parfois ses limites quand la mémoire du Vénitien catalogue les vins consommés il y a des années aux quatre coins du monde (vin de Grave, Bourgognes, vin du Rhin, Clairet, Hermitage, Muscat de Lunel, Pontac, Tokai, Chianti, Orvieto, etc.)16.

15La modération n’est pas toujours de rigueur. Que ce soit en comité restreint ou lors de luxueux dîners mondains, on n’hésite pas à s’enivrer : « Le déjeuner commença que la compagnie était déjà grise. […] On ne but pas une seule goutte d’eau, car le Rhin, et le Tokai n’en souffrent point »17. La scène de dîner dont est tiré cet extrait dépeint une orgie culinaire d’une ampleur démesurée que Casanova organise à Brühl – qu’il écrit Bryl – en l’honneur de l’Electeur et à la demande de Madame X, maîtresse du Général Kettler, qui sera bientôt celle du Vénitien. Le dîner doit en imposer. Si le jeu des huîtres n’avait pour objectif que de séduire la femme convoitée, ici la séduction doit être double. Il s’agit également, pour Casanova, de convaincre la bonne société que sa place est en son sein : « Ce n’est parce qu’il n’est chevalier de Seingalt que par usurpation que Casanova a besoin d’organiser des déjeuners plus princiers que ceux que donnent les princes et de les détailler ensuite dans l’Histoire de ma vie »18.

16Ce besoin de « consommation de prestige », calqué sur le modèle social de la cour, est, comme l’a théorisé Norbert Elias, le seul moyen admis pour les aristocrates (et ceux qui veulent se faire passer pour) de dépenser leur argent : « Les riches et les puissants des sociétés de cour employaient en général tous leurs revenus à des fins de représentation »19.

17L’illusion de noblesse que Casanova provoque autour de lui et sa capacité à passer parmi les puissants quand il le désire, atteint sans doute un point d’acmé en France, au moment de « la petite Pologne ». Ces « petites maisons », qu’on appelle également « folies », très en vogue sous la Régence et qui reprennent du service dans la deuxième moitié du siècle, portent bien leur nom : il s’agit d’y dépenser sans compter, de « céder au faste et au spectaculaire » pour faire de l’oisiveté un luxe dont on se vante et qui permet d’asseoir sa position sociale20. Casanova écrit : « En attendant je me divertissais, et le plaisir que me faisait la grande dépense ne me permettait pas de penser à l’avenir » (on retrouve l’idée d’insouciance)21. Or, pour rappel, le titre de Casanova est usurpé ; il n’a ni terre ni rente. Comment alors parvient-il à dépenser avec encore plus de prodigalité qu’un sujet de cour, et cela sans donner non plus l’impression d’appartenir à la classe de la « bourgeoisie professionnelle »22 ?

Façonner l’oisiveté

L’illusion professionnelle

18La gestion de l’argent chez Casanova est le premier élément qui nous permet de briser l’illusion d’oisiveté aristocratique qui se dégage de l’Histoire de ma vie. La récente édition de l’œuvre dirigée par Jean-Christophe Igalens et Erik Leborgne aux éditions Robert Laffont met l’accent sur un système de dépense astronomique, au moyen de notes de bas de pages qui convertissent les échanges commerciaux détaillés par Casanova, en une équivalence approximative en euros. Ainsi peut-on en conclure qu’à certains moments de sa vie, l’homme a été « riche à millions »23. Cette richesse est l’une des clefs essentielles de son apparente oisiveté. Or, pour accéder à une telle opulence, il lui a fallu, en diverses occasions, se faire passer pour ce qu’il n’était pas.

19Sa première fortune lui vient de son protecteur Bragadin, sénateur à Venise auquel le jeune Casanova vient un jour en aide. Le voyant frappé d’apoplexie, il appelle un médecin, le conduit dans ses appartements et veille à son chevet. Puis, voyant que le traitement au mercure imposé par le médecin empire l’état du patient, Casanova décide de s’improviser docteur, ce qui sauve en effet la vie du sénateur. L’ascension sociale est fulgurante : « Me voilà devenu médecin d’un des plus illustres membres du sénat de Venise »24. Au départ, il se considère lui-même comme un « hardi charlatan », puis, enorgueilli, il se prend au jeu : « Ce seigneur m’écoutait comme un oracle. Ses deux amis étonnés me prêtaient la même attention. Cette subordination m’ayant augmenté le courage, je parlais en physicien, je dogmatisais, et je citais des auteurs que je n’avais pas lus »25. Véritable caméléon, Casanova a la capacité de s’inventer une identité professionnelle en un clin d’œil, et surtout d’y exceller. Ses autres sources importantes de rémunérations suivront toutes cette démarche aventurière. Il s’inventera mathématicien pour établir un système de loterie en France, puis grand magicien membre des Rose-croix et maîtrisant l’alchimie, pour soutirer de l’argent à la mordue de philosophie occulte Mme d’Urfé, ou encore génie de la Kabbale pour séduire de gros investisseurs à la bourse d’Amsterdam (et en profiter pour séduire leurs filles). Son extraordinaire polymorphie construite à partir d’un jeu d’acteur dont il est parfois lui-même la dupe et d’une érudition peu commune, lui permettent de jouir de la fortune d’autrui26. L’illusion est l’arme avec laquelle il poursuit sa quête de reconnaissance sociale. Du gain à la dépense, l’homme aux mille visages et aux mille ruses ne cesse de jouer des rôles.

L’art du travestissement

20Mais l’argent ne fait pas tout. Le masque n’est pas toujours une métaphore ; il est parfois réellement un déguisement. L’habit fait le moine, dans l’Histoire de ma vie. Casanova le comprend très tôt aux côtés de Steffano, moine mendiant « qui ne s’était fait moine que pour vivre sans fatiguer son corps »27 et qui, au nom de Saint François, n’hésite pas à voler ses bienfaiteurs28.

21Les deux premiers tomes des mémoires ont des allures de roman picaresque ; les péripéties s’enchaînent à toute vitesse et Casanova, moitié arlequin, moitié picaro, use de l’art du déguisement pour toujours retomber sur ses pattes. Un « singulier accident » se produit alors qu’il attend son passeport pour quitter le royaume d’Autriche ; fugitif malgré lui il se réfugie à Bologne où :

Réfléchissant qu’il n’y avait plus d’apparence que je pusse faire fortune en qualité, et en état d’ecclésiastique, j’ai formé le projet de m’habiller en militaire dans un uniforme de caprice […] Venant de deux armées, où je n’avais vu autre habit respecté que le militaire, j’ai voulu devenir respectable aussi29.

22Ce n’est pas plus compliqué : de curé à militaire il n’y a finalement qu’un choix de tissus bien assortis. Son goût pour le déguisement lui permettra également de conclure sa célèbre évasion de la prison des Plombs ; se faisant passer pour un fêtard oublié dans le palais des Doges, on vient tout simplement lui ouvrir la porte. De fait, le travestissement au xviiie siècle semble dépasser le cadre de la fiction. Les femmes s’habillent en hommes, les hommes en femmes, les princes deviennent des valets et les valets des princes ; on se déguise en maître à chanter, en moine, en soldat… ce sont-là des lieux communs du théâtre ; de Marivaux à Beaumarchais l’art carnavalesque du changement d’apparence pour faire avancer l’intrigue est un ressort populaire très apprécié. Ce que nous apprennent les récits de vie c’est que ce ressort, au même titre que les passages secrets, les objets à double fonds, les rêves prémonitoires, les apparitions fantomatiques, sont autant d’éléments improbables que les autobiographes assurent avoir vécus. La fiction et le réel s’inspirent l’un l’autre et leur rapport d’influence est indémêlable. La question n’est pas de savoir si tout cela est vrai ; l’objectif, pour le mémorialiste, est que l’effet escompté agisse pleinement sur son public, que ce dernier soit un personnage féminin qui attise son désir, ou le lecteur même de son livre. La finalité est avant tout la séduction, et le travestissement en est l’un des outils essentiels.

23À propos du soin que Casanova accorde à sa tenue, Corine le Bitouzé interroge en effet : « Sans un habit approprié, comment entrer dans la société des puissants, où l’élégance masculine est encore synonyme de luxe et de raffinement, comment participer à leurs bals et s’asseoir à leurs tables de jeu, comment les duper, comment les séduire ? »30.

Maîtriser le langage

24Mais parfois, les mesures prises pour briller au près des grands semblent insuffisantes, comme lorsqu’à Marseille Casanova entreprend de faire de Rosalie une fausse noble. Ce qui la trahit est sa manière de parler : elle « grassey[e] »31. Les connaissances et les vêtements ne suffisent alors plus : pour que l’illusion soit totale, il faut ajouter un facteur déterminant, celui d’une maîtrise du langage.

25« L’alphabet est public, et chacun est maître de s’en servir pour créer une parole, et la faire devenir son propre nom » écrit Casanova pour justifier l’arbitraire de son patronyme : Chevalier de Seingalt32. L’homme s’invente un titre et s’invente un nom ; il est libre de le faire au nom de la liberté du langage. Il sait manier la création par le Verbe. Tout comme il utilise la Kabbale pour séduire les puissants, il utilisera son éloquence et ses talents de conteur pour divertir, pour se faire aimer et des femmes, et de la bonne société.

26Ses histoires ont un effet illocutoire sur ses auditeurs. De simples mots permettent d’obtenir la reconnaissance de l’allocutaire et bien souvent aussi d’obtenir des faveurs intimes : la production par le langage donne alors naissance à l’acte plus prosaïque de reproduction par les corps. Pour y parvenir, il faut maîtriser aussi bien le fond que la forme. La matière dont se sert Casanova pour mesmériser son auditoire, est de deux ordres. Il y a les histoires extraordinaires ; comme son évasion des Plombs et son duel contre l’aristocrate Polonais Braniski, histoires qui font vite le tour de l’Europe et dont il fera ses premiers essais autobiographiques. Et puis, il y a les narrations de ses amours passées, dont il se sert pour séduire ses nouvelles conquêtes, lesquelles sont loin de s’en offusquer, au contraire : la matière d’amour excite le désir33. Voilà pour le fond. Quant à la forme, l’aventurier doit se soustraire aux codes de l’expression mondaine. La bienséance oblige à « gazer ». Le verbe est la parfaite métaphore du substantif dont elle est tirée ; la gaze est un fin tissu qui laisse deviner les formes qu’il recouvre sans en dévoiler tout à fait le secret. « Dites ; mais ne nommez pas les choses par leur nom : c’est le principal », affirme Mme F., à qui il fait sa cour34. C’est le style qu’il choisira d’ailleurs pour l’écriture de l’Histoire de ma vie. Il s’agit de suggérer plutôt que d’être « trop peintre »35. À cette fin, c’est toute la panoplie du vaste univers de l’implicite qui est convoquée. Non-dire formel tronquant les mots graveleux avec des points ou des étoiles (« maquereau » devient « macq… » ; « putain » devient « put… », « une chaude-pisse » devient « une ch… »)36. Sur le plan temporel on sait user avec délicatesse de sommaires ou d’ellipses nocturnes qui ont également l’avantage d’épurer la répétition inhérente au genre (« J’ai passé avec cette fille une nuit fort agréable. Le matin tout son équipage est venu. »)37. Du côté sémantique, les périphrases et circonlocutions, les allusions et les sous-entendus sont légion. Et bien sûr, l’usage de métaphores stéréotypées dont les romans sentimentaux du xviiie siècle ne font jamais l’économie : traditionnelle isotopie du feu, métaphores guerrières, culinaires et agricoles, ou encore détournement du lexique clérical (on « sacrifie » les jeunes vierges sur des « autels ensanglantés », etc.). Tout cela est pourtant plus que parlant. Le non-dire est tout sauf une censure du sens ; au contraire il ouvre une infinité des possibles. Celles et ceux qui écoutent les discours tantôt lascifs tantôt suggérés du Vénitien, comme Mme F. – et comme le lecteur d’ailleurs – ne sont pas dupes. La « chose » peut se passer du « mot »38. Le génie de la prose est de faire travailler le lecteur à ses dépens ; qu’il se représente lui-même l’hypotypose suggérée par le narrateur prudent. Jean-Christophe Igalens écrit à propos du non-dire casanovien :

Casanova ne nie pas le sexe, pas plus qu’il n’occulte les manifestations les plus concrètes du corps : il substitue aux effets qu’exigerait une lecture excitante, visant à provoquer des réponses physiologiques, la représentation de la culture des plaisirs. Celle-ci suppose une érotique différente, moins descriptive et davantage ancrée dans une relation de complicité tacite avec le lecteur39.

27Une fois de plus un travail à plein temps ; entre retenue, stratégie de la réception, maîtrise des codes de bienséance et séduction, Casanova ne semble rien laisser au hasard quand il s’agit de plaire.

Conclusion

28Il ressort de cet examen de la loi du plaisir casanovien, une dichotomie frappante du personnage ; tant dans son aspiration sociale (ne préfère-t-il pas la compagnie des femmes dans le besoin à celles des dames du monde ?), que dans sa conception des sociétés dans lesquelles il évolue (si séduire les grands et amasser de l’argent lui est si facile, pourquoi ne se fixe-t-il jamais, comme Voltaire a su le faire, par exemple ?).

29Une réponse à cette contradiction a été excellement proposée par Alexandre Stroev : Casanova est ce qu’il appelle un « aventurier des Lumières ». Aventurier, au xviiie siècle, est un statut social observable (donc réel même si informel), il est toléré (pour certains essentiel), il est parfois même fantasmé40. Parmi ses caractéristiques fondamentales, « [l]’aventurier est partout étranger, écrit Alexandre Stroev. C’est son atout et son défaut principal. On dirait d’ailleurs que le passage d’une frontière anoblit : un simple roturier devient comte »41. Ce sont des marginaux. La destinée de l’aventurier est de « n’avoir rien, [de] fuir le travail et la famille et [de] considérer le monde entier comme sa patrie »42.

30L’oisiveté de Casanova contraste avec son instabilité sociale, due à sa qualité d’aventurier (de « chevalier de fortune », dit-on aussi). Toujours en action, l’aventurier ne peut se complaire dans le farniente, quand bien même il exècre, comme les aristocrates, l’idée de travail. Les choses doivent paraitre naturelles ; les occasions se présentent d’elles-mêmes et il faut s’en saisir au moment opportun. Les conclusions de séquences de l’Histoire de ma vie où Casanova songe à se marier, puis y renonce au nom de sa « liberté », sont nombreuses. C’est là une des conditions sine qua non de l’aventurier : « J’ai aimé les femmes à la folie, mais je leur ai toujours préféré ma liberté », confesse-t-il43.

31Casanova est contre-révolutionnaire. Il écrit ses mémoires durant la Terreur, depuis le côté allemand de la frontière. Ses correspondances attestent de sa réticence, voire de sa peur, face aux évènements qui bouleversent Paris. Il faut dire que la Révolution, au nom de la liberté du peuple, détruit par la violence et par le soulèvement général, l’univers que Casanova a mis toute sa vie à séduire par ses talents, sa délicatesse et sa volonté propre. Alexandre Stroev écrit encore au sujet de l’aventurier : : « Il lutte pour la liberté, l’égalité et la fraternité, mais pour lui seul »44.

32Du reste, le lien qu’entretient le Vénitien avec le pouvoir monarchique pose question. Raphaëlle Brin et Florence Balique relèvent :

Le discours casanovien apparaît à cet égard profondément ambigu : s’il allègue explicitement sa soumission à l’ordre monarchique, l’écrivain met aussi en évidence le caractère fragile et arbitraire de son assise. Sous couvert de défendre des positions conservatrices, il participe à une forme de désacralisation de l’autorité politique45.

33Mais l’ambiguïté casanovienne, celle-là même qui le fait passer d’une strate sociale à une autre sans jamais s’y attarder, et que Alexandre Stroev a justifiée en rappelant les caractéristiques des « aventuriers des Lumières », a sans doute, selon-nous, une autre explication. La recherche des plaisirs n’est pas, chez Casanova, qu’une simple marotte. Elle définit et justifie son existence. C’est le désir d’aimer et d’être aimé qui le fait passer d’un pays à l’autre et d’une compagnie à l’autre, fréquenter aussi bien les servantes et les prostituées que la société de cour ou les petits-maîtres. C’est la nécessité d’amour qui lui permet d’appréhender le monde dans toute sa complexité. En cela, Casanova, toute individuelle que fut sa vie, représente une part de la société et un moment de l’histoire des idées. Comme le chantait joliment La Mettrie :

Ne perdons point le temps en regrets frivoles ; et tandis que la main du printemps nous caresse encore, ne songeons point qu’elle va se retirer ; jouissons du peu de moments qui nous restent ; buvons, chantons, aimons qui nous aime ; que les jeux et les ris suivent nos pas ; que toutes les voluptés viennent, tour à tour, tantôt amuser, tantôt enchanter nos âmes ; et quelque courte que soit la vie, nous aurons vécu46.

Outils

Bibliographie

Sources

François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, vol. 1, Paris, Ministère de l’Éducation Nationale, 1972.

Casanova, Histoire de ma vie, 3 vol., éd. Gérard Lahouati et Marie-Françoise Luna, Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade, n. 132, n. 137, n. 147), 2013-2015.

Casanova, Histoire de ma vie, 3 vol., éd. Jean-Christophe Igalens et Érik Leborgne, Paris, Robert Laffont (Bouquins), 2013-2018.

Julien Offray de La Mettrie, L’art de jouir, Paris, Éditions Bossard, 1921.

Études

Raphaëlle Brin, « Quelques observations sur le traitement narratif du viol dans l’Histoire de ma vie de Casanova et Monsieur Nicolas de Rétif de la Bretonne », Études rétiviennes, 53, 2021.

Raphaëlle Brin, « ‘On m’accusera d’être trop peintre là où je narre plusieurs exploits d’amour’ : Casanova et l’écriture érotique », dans Casanova « Écrire à tort et à travers », dir. Raphaëlle Brin, Paris, Classiques Garnier, 2016.

Raphaëlle Brin et Florence Balique, Casanova. Histoire de ma vie, Paris, Atlande (Clefs concours-Lettres xviiie siècle), 2020, p. 116.

Michel Brix, Libertinage des Lumières et guerre des sexes, Paris, Éditions Kimé, 2018.

Michel Delon, Le savoir-vivre libertin, Paris, Hachette, 2000.

Norbert Elias, La société de cour, trad. Pierre Kamnitzer et Jeanne Etore, Paris, Flammarion, 1985.

Jean-Marie Goulemot, Ces livres qu’on ne lit que d’une main : Lectures et lecteurs de livres pornographiques au xviiie siècle, Paris, Éditions Alinea, 1991.

Jean-Christophe Igalens, L’écrivain en ses fictions, Paris, Classiques Garnier, 2013.

Ilona Kovacs, « Les festins de Casanova », dans Casanova, la passion de la liberté, dir. Chantal Thomas et Marie-Laure Prevost, Paris, Seuil, 2011.

Didier Masseau, Fêtes et folies en France à la fin de l’ancien régime, Paris, CNRS Editions, 2018.

Philippe Sollers, Casanova l’admirable, Paris, Plon, 1998.

Alexandre Stroev, Les aventuriers des Lumières, Paris, PUF, 1997.

« Érotisme », dans Encyclopédie de l’Académie des sciences [En ligne]. URL : http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/article/v5-1841-2/?query=app%C3%A9tit%20corporel (Consulté le 25 juin 2024).

Notes

1 Michel Delon, Le savoir-vivre libertin, Paris, Hachette, 2000, p. 39

2 Casanova, Histoire de ma vie, vol. I, Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade, 132), 2013, p. 6.

3 Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, vol. I, Paris, Ministère de l’Éducation Nationale, 1972, p. 6.

4 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 12.

5 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 8-9.

6 Philippe Sollers, Casanova l’admirable, Paris, Plon, 1998, p. 117.

7 À ce sujet voir : Raphaëlle Brin, « Quelques observations sur le traitement narratif du viol dans l’Histoire de ma vie de Casanova et Monsieur Nicolas de Rétif de la Bretonne », Études rétiviennes, 53, 2021. Voir également Michel Brix, Libertinage des Lumières et guerre des sexes, Paris, Éditions Kimé, 2018, p. 192-196.

8 Casanova se qualifie lui-même de « grand libertin » : Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 898 et 905.

9 M. Delon, Le savoir-vivre… (op. cit. n. 1), p. 166.

10 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 778.

11 M. Delon, Le savoir-vivre… (op. cit. n. 1), p. 173.

12 Ibid., p. 177.

13 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 795.

14 Entre autres, Brillat-Savarin a théorisé l’idée d’un sixième sens lié aux plaisirs de la chair : « Enfin le génésique ou amour physique, qui entraîne les sexes l’un vers l’autre, et dont le but est la reproduction de l’espèce. […] Et si le goût, qui a pour but la conservation de l’individu, est incontestablement un sens, à plus forte raison doit-on accorder ce titre aux organes destinés à la conservation humaine », cf. Brillard-Savarin, Physiologie du goût ou méditations de gastronomie transcendante [1826], Paris, Classique Garnier, 2014, p. 17.

15 http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/article/v5-1841-2/?query=app%C3%A9tit%20corporel.

16 Ilona Kovacs, « Les festins de Casanova », dans Casanova, la passion de la liberté, dir. Chantal Thomas et Marie-Laure Prevost, Paris, Seuil, 2011, p. 204-205.

17 Casanova, Histoire de ma vie, vol. II, Paris, Robert Laffont, 2017, p. 312.

18 M. Delon, Le savoir-vivre… (op.cit. n. 1), p. 169.

19 Norbert Elias, La société de cour, trad. Pierre Kamnitzer et Jeanne Etoré, Paris, Flammarion, 1985, p. 55.

20 Didier Masseau, Fêtes et folies en France à la fin de l’ancien régime, Paris, CNRS Éditions, 2018 p. 127.

21 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 17) p. 214.

22 Norbert Elias, La société… (op. cit. n. 20), p. 48.

23 Casanova, Histoire, vol. II (éd. cit. n. 17), p. 739.

24 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 405.

25 Ibid.

26 Un épisode emblématique de cet effet est celui de l’orage et du Dieu vengeur. Casanova escroque une famille en se faisant passer pour un magicien capable de déterrer un trésor sous leur maison. Le rituel magique commence, quand soudain une tempête se lève. Casanova, pris à son propre jeu, est accablé d’épouvante. Son « incrédulité » laisse place à « une puissante idée superstitieuse ». Cf. Casanova, Histoire…, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 496-497.

27 Casanova, Histoire…, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 165.

28 Ibid., p. 173.

29 Casanova, Histoire…, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 282.

30 Corine Le Bitouzé, « Toujours soigné comme un Narcisse », dans Casanova, la passion de la liberté, dir. Chantal Thomas et Marie-Laure Prevost, Paris, Seuil, 2011, p. 48.

31 Casanova, Histoire, vol. II (éd. cit. n. 17), p. 640.

32 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 465.

33 « Comment plaît-on aux dames ? Essentiellement en leur parlant d’amour ; c’est ça, la galanterie de l’âge classique à l’âge libertin » écrit Michel Brix (qui éprouve une particulière aversion pour Casanova). Cf. Michel Brix, Libertinage des Lumières et guerre des sexes, Paris, Éditions Kimé, 2018, p. 35.

34 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 360.

35 L’expression est de Casanova. À ce sujet, nous renvoyons à l’article de Raphaëlle Brin, « ’’On m’accusera d’être trop peintre là où je narre plusieurs exploits d’amour’’, Casanova et l’écriture érotique », dans Casanova « Écrire à tort et à travers », dir. Raphaëlle Brin, Paris, Classiques Garnier, 2016.

36 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 471 et 480.

37 Casanova, Histoire…, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 473.

38 Voir Le Mot et la Chose, le célèbre poème de l’abbé de Lattaignant.

39 Jean-Christophe Igalens, L’écrivain en ses fictions, Paris, Classiques Garnier, 2013, p. 275.

40 « Ce parasite est nécessaire au bon fonctionnement du mécanisme social, c’est la graisse qui huile les rouages de l’État », cf. Alexandre Stroev, Les aventuriers des Lumières, Paris, PUF, 1997, p. 13.

41 Ibid., p. 21.

42 Ibid., p. 12.

43 Casanova, Histoire, vol. I (éd. cit. n. 2), p. 832.

44 A. Stroev, Les aventuriers (op. cit. n. 43), p. 26.

45 Raphaëlle Brin et Florence Balique, Casanova. Histoire de ma vie, Paris, Atlande (Clefs concours – Lettres xviiie siècle), 2020, p. 116.

46 Julien Offray de La Mettrie, L’art de jouir, Paris, Éditions Bossard, 1921, p. 197.

Pour citer ce document

Par David Papotto, «Loisirs et loi du plaisir. Fausse oisiveté chez Giacomo Casanova», Annales de Janua [En ligne], n° 11, Les Annales, mis à jour le : 17/07/2025, URL : https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr:443/annalesdejanua/index.php?id=3699.

Quelques mots à propos de :  David Papotto

Statut : Doctorant - Laboratoire : Écritures, Université de Lorraine - Directeur de recherche : Nicolas Brucker - Titre de la thèse : Écriture du désir et autobiographies à la fin de l’Ancien Régime - Thématiques de recherche : Littérature érotique, libertinage, écrits du moi, XVIIIe siècle, Casanova, Rétif de La Bretonne - Contact : papotto.david@gmail.com

Droits d'auteur

This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License CC BY-NC 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-nc/3.0/fr/) / Article distribué selon les termes de la licence Creative Commons CC BY-NC.3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-nc/3.0/fr/)