- Accueil
- > Les Annales
- > n° 3
- > Editorial
Editorial
Par Manon Durier
Publication en ligne le 02 avril 2015
1Fidèle à sa promesse, l’association Janua continue de publier ses Annales… annuellement ! La précision de l’agenda de la mise en ligne est quasi minutée : chaque numéro paraît pendant que se déroule la journée d’étude qui sera éditée dans l’opus suivant. Que dire de la thématique du troisième numéro ? Il est dédié, en conformité avec la ligne éditoriale de la revue, à la méthodologie de recherche appliquée aux sociétés antiques et médiévales. Cette année, les conférenciers ont répondu à une problématique nouée autour de la notion de fonction. Voici l’appel à communication que nous leur avions proposé pour ouvrir la discussion :
Fondamentale pour définir le rôle d’un document dans une société, la notion de fonction mérite une réflexion sur les enjeux de sa définition. Les dictionnaires de la langue française stipulent qu’une fonction est une « action particulière d'une chose dans un ensemble » (Robert, 2010). Cependant, il peut être utile de distinguer les fonctions initiales d’un document, c'est-à-dire les effets souhaités lors de sa réalisation ou de sa mise en œuvre, des rôles qui ont pu lui être assignés au cours du temps.
Les fonctions doivent assurément être différenciées des usages qui, parfois imprévus et souvent plus nombreux, dépassent couramment les vocations initiales de l'objet. Lorsqu’une fonction a été identifiée, on peut également affiner l’analyse en cherchant ce qui, à l’intérieur de celle-ci, relève de la norme (définie par une communauté, intégrée par chacun de manière plus ou moins inconsciente et complète) et ce qui relève de l’intention (finalité consciente recherchée par l’individu ou le groupe d’individus à l’origine du document).
Cette réflexion sur la raison d’être d’un artefact peut intervenir à toutes les étapes de la recherche : lors de la définition du sujet (choix d’un type de source), au cours de l’analyse (vérification d’hypothèses antérieures, élaboration d’une typologie), en conclusion (résultats). Bien qu’incontournable, le recours à la notion de fonction pose de nombreuses questions méthodologiques.
Les fonctions d’un document étant rarement explicitées par son créateur, il importe alors de déterminer comment le chercheur peut les établir. Pour cela, il doit disposer d’informations sur l’environnement matériel de son objet d’étude (lieu de production et de réception), mais aussi sur son environnement culturel (autres productions intellectuelles, connaissances techniques, pratiques sociales associées).
Mais comment corréler ensuite la connaissance du contexte avec les caractéristiques internes d’un document (matériau, forme, décor, contenu sémantique) sans glisser vers la surinterprétation ? À quel point peut-on connaître l’intention de l’auteur d’un objet ou d’un texte ?
Une fois ce minutieux examen achevé, il reste à établir la place que doit occuper ce type d'interprétation au sein d’une étude. Les fonctions reconnues pour un document ou pour un ensemble de documents sont-elles communes à d’autres types de sources ? Sont-elles nécessairement complémentaires ou peuvent-elles être indépendantes, voire contradictoires ? Sont-elles représentatives d’un discours normatif ou de pratiques isolées ? Ont-elles varié selon les époques ? Sont-elles plus importantes que les significations portées par un document ou que les pratiques qu’il a suscitées ? Suffisent-elles pour révéler la pluralité des usages qui ont pu se développer autour de l’objet étudié ?
2Comme toujours dans les Annales de Janua, l’objectif n’est pas d’esquisser une synthèse. Notre ambition est, en un sens, à la fois plus exigeante et plus pragmatique : il s’agit d’inciter les lecteurs à réfléchir sur leurs propres pratiques, à partir d’éclairages précis sur différents types de sources. Toutes les éditions mettent en effet en regard des documents, issus d’horizons temporels et géographiques variés, pour permettre une comparaison fructueuse entre les modes d’interprétation choisis. La finesse des analyses établies par les six jeunes chercheurs publiés dans le numéro 3 souligne à la fois l’importance et l’ambivalence de la notion de fonction. Chaque article peut donc être consulté pour lui-même ou pour être mis en relation avec les autres.
3Au terme d’une année d’échanges fructueux entre les auteurs, les membres du comité scientifique et l’équipe éditoriale, j’ai le plaisir de renouveler ici mes remerciements auprès de chacun des acteurs du projet. Rudi Beaulant, Clément Bellamy, Lucie Carpentier, Barbara Couturaud, Nicolas Delferrière et Clément de Vasselot ont travaillé et retravaillé leur article avec beaucoup de sérieux et de compétence : la qualité de leurs analyses constitue le principal fondement de la publication. Je les remercie pour le temps qu’ils ont consacré à la préparation de leur texte ainsi que de leurs illustrations. Les remarques, annotations et précisions détaillées dans les expertises ont également été indispensables pour accompagner les auteurs dans une démarche de communication scientifique. Ma reconnaissance s’adresse donc à Nadine Dieudonné-Glad, Yves Lafond, Claire Lamy, Cinzia Pignatelli, Gislaine Stouder, Cécile Treffort et Cécile Voyer . Le processus d’édition des textes n’aurait pu être achevé sans l’aide précieuse d’Annick Gagné, Juliette Kocher et Maé Sybéril pour les relectures, ainsi que celle de Vanessa Ernst-Maillet pour la mise en ligne : vous avez toutes les quatre ma gratitude. Outre les acteurs de la publication, je souhaite également remercier chaleureusement celles qui ont organisé la journée d’étude préalable aux actes – Pauline Maouchi, Aurore Ménudier, Julie Métois et Maé Sybéril – ainsi que Cécile Treffort, qui nous a fait l’amitié d’en prononcer l’introduction. Pour conclure, saluons enfin l’université de Poitiers, le CESCM ainsi qu’HeRMA, remarquables institutions qui ont apporté à l’ensemble du projet l’aide – financière, technique mais aussi humaine – nécessaire.