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Des traces toponymiques et lexicales du contrôle du territoire par l’Empire romain
Quintana / Canton
Des traces toponymiques et lexicales du contrôle du territoire par l’Empire romain
Par Philippe Hirou
Publication en ligne le 26 avril 2023
Résumé
The Latin word quintana, which is rarely found in the texts and is translated as 'market', seems to have originated in the Roman military camp: the market near the camp. But it seems to have left numerous toponymic traces, derived from the oral language, throughout the territory of the Empire. The study of the location of these toponyms shows that they are mainly linked to roads, ports and the outskirts of towns. The comparisons that can be made with words in the lexicon: cantine, canton, cantonnement, etc. show the coherence of this lexical family with the military domain, trade and the control of space. Their trajectory leads from the Roman period (quintana, market; quintanari, soldiers assigned to the trade routes) through the High Middle Ages (centena, territory and territorial militia, centenarius, master of the market, centenarium, guardhouse, fort) to the modern meanings of canton, territory of conscription and then of justice, which is thus much more than the banal "corner of the country" of Romance linguistics.
Le vocable latin quintana, peu présent dans les textes, traduit par « marché », paraît avoir son origine dans le camp militaire romain : le marché auprès du camp. Mais il semble avoir laissé de nombreuses traces toponymiques, issues de la langue orale, partout dans le territoire de l’Empire. L’étude de la localisation de ces toponymes montre qu’ils sont surtout liés aux voies, aux ports et aux abords des villes. Les rapprochements que l’on peut faire avec les mots du lexique : cantine, canton, cantonnement… montrent la cohérence de cette famille lexicale avec le domaine militaire, le commerce et le contrôle de l’espace. Leur trajectoire conduit de la période romaine (quintana, marché ; quintanari, soldats affectés aux voies commerciales) en passant par le haut Moyen Âge (centena, territoire et milice territoriale, centenarius, maître du marché, centenarium, poste de garde, fortin) jusqu’aux sens modernes du canton, territoire de conscription puis de justice, qui est donc bien plus que le banal « coin de pays » de la linguistique romane.
Mots-Clés
Table des matières
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Quintana / CantonDes traces toponymiques et lexicales du contrôle du territoire par l’Empire romain (version PDF) (application/pdf – 8,5M)
Texte intégral
Introduction
1Le contrôle de l’espace a été un souci constant de l’Empire romain, en rapport avec son importante extension territoriale. Il s’est appuyé sur le contrôle des routes et des déplacements, et sur un réseau d’établissements et de personnels militaires assurant des fonctions de police, de contrôle du commerce et de perception de taxes1. Cette activité essentielle est pourtant peu documentée par les textes et a laissé, en outre, peu de traces matérielles facilement interprétables. Elle est surtout connue de façon indirecte par la mention des personnels ou des activités exercées (stèles votives des beneficiarii, ostraca du désert égyptien…)2.
2Nous versons à ce dossier un autre ensemble de traces, très nombreuses, réparties sur l’ensemble du territoire de l’Empire : il s’agit des noms de lieux. Ce corpus toponymique, par les rapprochements qu’il permet, nous apporte également des éléments de réflexion concernant certaines origines lexicales. Nous verrons que des formes proches du mot quintana se sont transmises depuis l’Antiquité au Moyen Âge, jusqu’à nos jours. Cela peut donner une explication au problème soulevé par Marc Bloch à propos de la mystérieuse centaine mérovingienne et carolingienne3. Selon cette analyse, notre moderne « canton » pourrait ne pas être le banal « coin de pays » de la linguistique romane, mais plutôt l’héritier du contrôle étroit du territoire et du commerce par l’Empire romain.
1 Approche préalable : à propos du mot quintana
1.1 Tintignac - Quintiniacum
3Point de départ de notre recherche, le site de Tintignac à Naves (Corrèze) est un sanctuaire rural gallo-romain doté d’un théâtre et situé sur une importante route commerciale, dite la « route des métaux »4. La toponymie, depuis les travaux d’Henri d’Arbois de Jubainville, associe la terminaison -acum (ou -iacum) à « domaine de », ce qui ferait donc de Quintiniacum le « domaine de Quintinus »5. Mais, au xixe siècle, pour Maximin Deloche, il s’agit d’un camp césarien de la Guerre des Gaules6. Pour l’abbé Niel, c’est une station routière, dotée d’une garnison, à laquelle affluaient les marchands7.
4Un titre de vente de biens de 1297 porte la mention « vulgariter appellata de Quintinhac »8. Nous postulons que cette appellation, en langue « vulgaire », n’est pas issue du nom d’un quelconque notable, mais d’un terme de la langue courante : quintana9.
1.2 Quintana : le marché des camps romains ?
1.2.1 Les textes
5Le mot quintana apparait très peu dans les textes antiques. Son sens et son origine ont donc fait l’objet de conjectures. Le dictionnaire Gaffiot reprend les trois occurrences que l’on trouve dans les éditions faites à partir du xvie siècle, et la logique des discussions qui ont conduit à le relier à une via quintana des camps romains et à lui donner le sens de marché :
Quintana,ae f. (quintus) voie quintane [une rue transversale du camp romain, derrière le praetorium, dans laquelle se tenait le marché : P. FEST. 256] : LIV. 41, 2, 11/ [d’où] marché : SUET. Nero. 2610.
6Toutefois les textes originaux ne mentionnent jamais le terme via, mais uniquement quintana11. Dans le dictionnaire de Samuel Pitiscus, le terme quintana, seul, est assimilé à un « quartier » et non à une rue : « QUINTANA, la partie du camp des Romains ou se tenoient les Vivandiers qui vendoient toutes les denrées & les marchandises nécessaires […]. Ce quartier étoit derrière le Praetorium, & contigu au Quaestorium »12. Pour Alexander Adam, quintana et forum sont des termes équivalents : « Près de la tente du questeur était le FORUM, aussi appelé QUINTANA, où se tenait le marché et les assemblées »13. À l’article « Forum », le dictionnaire de Daremberg et Saglio assimile le forum à un champ de foire, une grande place, où se tient le marché. Il le relie aux carrefours routiers et aux sanctuaires, et en fait une des origines des agglomérations (Fig. 1)14.
Fig. 1 : Francfort / Heddernheim (Allemagne), plan du vicus de Nida avec son forum, au carrefour des voies, à proximité du camp militaire © Carsten Wenzel, Die Stadtbefestigung von NIDA-Heddernheim, Franfurt am Main, Museum für Vor und Frühgeschichte, 2000, p. 11 (voir l'image au format original)
7L’origine même du terme quintana, liée au chiffre cinq (« cinquième »), reste incertaine. Nous pensons qu’il a probablement une origine gromatique15. Il apparaît dans les textes des arpenteurs comme la « cinquième limite » : quintanus ou quintarius (Fig. 2)16. Isidore de Séville utilise le terme platea (« rue large »), à l’origine du mot « place »17. C’est peut-être un lieu central, au carrefour des voies, la place où l’on se rassemble. La groma, posée symboliquement au milieu du camp, comme au forum dans les villes, matérialisait d’ailleurs ce centre, au croisement des axes18. Peut-on rapprocher cela des traditions symboliques qui font du chiffre « cinq » le centre générateur de l’espace et le symbole de la perfection19 ?
Fig. 2 : Hygin l’Arpenteur, L’établissement des limites, manuscrit Arcenarius A, p. 138 (a) © Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, UR 4011, Besançon [en ligne] https://ista.univ-fcomte.fr/ed-src/gromatiques/hygin-cd/arcerianus-a/461-arcerianus_a_138a (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
1.2.2 Les mentions de quintana, quintanari sur les ostraca d’Égypte et de Lybie
8Si le terme forum est fortement présent dans les textes, quintana en est presque totalement absent, tout comme de l’épigraphie monumentale. Mais on le rencontre sur les ostraca, des notes consignées sur des tessons de poterie20. Ces documents nous introduisent à une autre forme de présence de l’armée, dans de petits forts répartis au long des routes sous la forme d’une police et de services de contrôle du commerce et de prélèvement de taxes.
1.2.2.1 Myos Hormos (Égypte) : quintana, la femme métamorphosée en taxe
9Hélène Cuvigny avait assimilé le terme quintana au nom propre d’une prostituée, avant de se rendre compte qu’il s’agissait d’une taxe s’appliquant sans doute aux transactions réalisées dans les espaces militaires, ici les forts contrôlant la route commerciale du désert oriental d’Égypte21. Elle pense que la taxe a pris, par métonymie, le nom qui désignait le marché22. Nous pouvons ajouter que lui-même a sans doute pris, par une autre métonymie, celui de la place du marché.
1.2.2.2 Bu Njem (Lybie) : quintanari, l’exercice du cinquième jour ?
10Les ostraca du fort de Bu Njem mentionnent fréquemment le terme quintanari comme l’affectation principale des soldats (Fig. 3). Nous pensons que Robert Marichal n’a pas su l’interpréter en suggérant des soldats « à l’exercice du cinquième jour »23. Nous proposons qu’il s’agissait plutôt de la mission principale qui justifiait leur présence : la surveillance de la route commerciale.
Fig. 3 : Ostracum de Bu Njem, rapport journalier © Robert Marichal, « Les ostraca de Bu Njem », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 123e année, n. 3, 1979, p. 436-452, Fig. 2, p. 439 [en ligne] https://doi.org/10.3406/crai.1979.13630 (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
1.2.3 Le centenarium, fortin de l’Antiquité tardive
11Le terme centenarium apparaît dans plusieurs inscriptions monumentales, au fronton de forts retrouvés en Algérie et en Tunisie, et désigne ces petits forts routiers à partir du iiie siècle. Il apparaît également dans la table de Peutinger, pour désigner une station routière : ad Centenarium24. On trouve aussi le terme burgus centenarius pour désigner des postes de garde, souvent avec une tour (Fig. 4). Difficile à expliquer, notons que le terme présente une grande proximité phonétique avec quintanari25.
Fig. 4 : Burgi avec tour. En Rhénanie : 1 ; sur la côte du Yorkshire : 2, 3, 4 (reconstitution) ; Tours de garde individuelles du limes : 5, 6, 7 8 (reconstitution), 9. Tours routières : 10, 11 © Raymond Brulet, « L’architecture militaire romaine en Gaule pendant l’Antiquité tardive », p. 155-179, Fig. 153, p. 156, dir. Michel Reddé, et al., L’architecture de la Gaule romaine. Les fortifications militaires, DAF 100, Bordeaux, Ausonius, 2006, 477 p. (voir l'image au format original)
1.2.4 La statio, les stationarii et la Quintaine de Saint-Léonard de Noblat
12Les ostraca font également mention de stationarii, généralement traduits par « gardes ». Pour Jérôme France et Jocelyne Nellis-Clément la statio est le plus petit niveau de représentation de l’Empire sur le territoire, avec quelques soldats affectés à des fonctions de surveillance, de police et parfois de prélèvement de taxes au plus près des populations26.
13En 315, au moment où l’Empire devient chrétien, Constantin interdit aux stationarii d’avoir une prison et d’y emprisonner quiconque27. Nous avons rapproché cette information d’une fête parvenue jusqu’à nous, en Limousin : la fête de la Quintaine de Saint-Léonard de Noblat. Saint-Léonard, qui évoque le latin legionari, est le patron des prisonniers et celui qui les libère. Lors de cette fête (appelée localement lo tinquano, avec une interversion des syllabes), une tour-prison, la « Quintaine », est consacrée dans l’église, puis détruite à coups de massue par de jeunes cavaliers sur le Champ Magne, le champ de foire (Fig. 5). L’argot ancien semble, lui aussi, avoir gardé une trace de quintana pour désigner la « prison », puisqu’il utilise le mot « canton »28.
Fig. 5 : Fête de la Quintaine à Saint-Léonard-de-Noblat (87, Limousin), destruction de la Quintaine (tour-prison) à coups de massue, sur le Champ Magne, photographie © Benoit Rocher [en ligne] http://benroc.com/albums/tirages-limitees/content/quintaine-27/ (consulté le 15 décembre 2022), voir aussi, Saint-Léonard-de-Noblat – La Quintaine, vidéo, 5’06 © Michel Ciria [en ligne] https://youtu.be/sgKlgKQqiUI (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
1.3 Des toponymes liés aux camps romains ?
1.3.1 Les sites de camps romains connus
14Sur la base, à la fois de cette association du mot avec le domaine militaire et de notre hypothèse de départ, à savoir que le mot quintana avait pu produire des noms de lieux tels que Tintignac (Quintinhac) (cf. 1.1), nous avons effectué un premier sondage sur des sites de camps connus par les données historiques et archéologiques, français, allemands, anglais et espagnols29. Ce sondage révèle de nombreux toponymes pouvant être issus du latin quintana.
Sites de camps romains |
Toponymes |
Remarques |
Figure |
Mainz / Mayence (Allemagne) |
Quintin (straße) |
La ville est née vers 12 av. JC d’un camp (Mongotiacum) dont l’axe est l’actuelle Quintinstraße, près de la cathédrale. |
|
Coventry (Grande-Bretagne) |
Quinton |
Nom d’un quartier à proximité du camp romain de Lunt daté de 60 ap. JC. |
|
Leintwardine (Grande-Bretagne) |
Kinton |
Nom d’un hameau à 100 m du camp de Leintwardine ; le village actuel se superpose au tracé d’un camp (ou station routière fortifiée) datant de 170 ap. JC |
|
Aulnay-de-Saintonge (Charente-Maritime) |
Pré Contau |
Nom de parcelle à 100 m du camp de Rocherou ; le camp, installé à un carrefour de voies a été créé vers 23 av. JC et abandonné vers 43 ap. JC. |
|
Strasbourg (Bas-Rhin) |
Contades, Krutenau rue Ste-Catherine |
Quartiers et rue autour du camp du 1er siècle ap. JC qui correspond au secteur de la cathédrale ; canabae identifiés lors des fouilles. |
|
Cardiff (Grande-Bretagne) |
Canton, Kanetune/Canetone, St-Canna |
Quartiers de la ville ; la ville s’est développée à partir d’un camp romain vers 50 ap. JC. Au Moyen Âge, Canton-Cross a été la plus grande place de marché du sud du Pays de Galles pendant des centaines d’années. |
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Birten (Allemagne) |
Xanten |
Camp de Castra vetera construit vers 15 av. JC ; marché le plus important de Germanie après Cologne. |
|
Leon (Espagne) |
Cantarranas (rue), Cantinas, Chantria (quartiers) |
Le camp correspond au quartier de la cathédrale ; la première installation de la Legio VI Victrix dont la ville tire son nom date de 29 av. JC et la ville se développe à partir de 69 ap. JC. |
15Tableau 1 : Sites de camps romains connus
Fig. 6 : Mainz / Mayence (Allemagne), Quintinsstraße et tracé du camp militaire romain, Philippe Hirou, sur fond © Contributeurs OpenStreetMap [en ligne] lien OSMap Mainz (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
Fig. 7 : Leintwardine (Grande-Bretagne), Kinton et tracé du camp militaire romain, Philippe Hirou, sur fond © Ordnance Survey © Mapbox © OpenStreetMap [en ligne] lien OS Leintwardine (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
1.3.2 Un camp romain inconnu au village de Quintaine (Clessé)
16Inversement, nous pensions peut-être possible d’identifier, grâce aux toponymes, des sites non encore connus. C’est le cas du village de Quintaine, à Clessé, en bordure de Saône, au nord de Mâcon (Fig. 8).
Fig. 8 : Quintaine (Clessé, 71), tracé (en jaune) du camp militaire romain supposé, y compris les axes internes, à partir du réseau des routes, chemins et limites parcellaires actuelles, Philippe Hirou, sur fond © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Quintaine (consulté le 15 décembre 2022).
17Le site a gardé les traces morphologiques d’un grand camp romain. La chapelle est dédiée à saint Trivier, dont le nom recouvre celui de la déesse des carrefours : Triviae30. Les toponymes « les Portes », « les Fosses », « les Prêtres » (praetorium), « les Prés Lion » (prata legionis) interrogent, au point qu’on peut se demander si ce site n’a pas déjà été reconnu par des antiquaires des siècles passés, puis oublié. Mais l’hagiotoponyme Saint-Trivier est forcément antérieur à la période moderne31. Une légende locale explique, avec une belle étymologie populaire, que le village a pris le nom de « Quintaine » parce que Trivier était un pèlerin qui venait d’Aquitaine.
18Ce possible camp est une découverte intéressante parce que, d’une part, il semble de dimensions très importantes (1200 m x 970 m) et que, d’autre part, sa localisation s’inscrit parfaitement dans le réseau des camps du nord-est de la Gaule et des axes routiers à partir desquels s’est effectuée la conquête (Fig. 9)32.
Fig. 9 : Localisation de Quintaine (Clessé, 71) © Philippe Hirou, sur la carte de localisation et de mise en réseau des camps (en noir) et postes de surveillance (en blanc) militaires reconnus à ce jour en Gaule septentrionale et orientale, fig. 75, p. 425, dans Mathieu Poux, « L’empreinte du militaire césarien dans les faciès mobiliers de La Tène finale, Caractérisation, chronologie et diffusion de ses principaux marqueurs », dir. Mathieu Poux, Sur les traces de César, Militaria tardo-républicains en contexte gaulois, Bibracte 14, Actes de la table ronde du 17 octobre 2002, Glux-en-Glenne, 2008, p. 299-432 © Mathieu Poux (voir l'image au format original)
19Cette carte fait apparaître que Quintaine est effectivement situé au carrefour de trois voies (triviae) : l’une vers le sud, Lyon et Vienne, l’autre vers le nord, Mirebeau, Langres et le Titelberg, et la troisième vers l’ouest, Bibracte, Alésia et la Manche.
2 La recherche des traces toponymiques du vocable quintana
2.1 Une brève introduction à la toponymie
20Les noms de lieux ou « lieudits » sont issus de la langue orale33. Leur fixation à l’écrit est généralement tardive34. Les linguistes se sont intéressés à la toponymie dès lors qu’ils ont reconnu dans celle-ci un domaine largement dominé par l’oralité et la langue populaire, pouvant donner des explications non présentes dans les textes35.
21C’est leur transmission qui justifie, selon nous, l’emploi du concept de « traces ». En effet, cette transmission s’accompagne de transformations, au gré des variations linguistiques, d’interversions de syllabes, mais aussi de remobilisation de sens nouveaux lorsque le sens initial a été oublié. Les linguistes parlent alors de « remotivation ». Les locuteurs n’aiment pas l’absence de sens et l’évolution vers une forme nouvelle avec un sens évocateur, voire une explication fondée sur un récit légendaire, est très courante36.
22À Cherbourg, selon une légende locale rapportée depuis le XVIIe siècle, le port Chantereyne (Fig. 13) tire son nom du souvenir des paroles du capitaine du navire qui venait d’échapper à la tempête, avec la reine Mathilde à son bord : « Chante Reine, voici la terre ! »37. Mais les nombreux « Chanteraine » sont plus souvent attribués au chant des grenouilles reinettes, sans que cela soit plus exact selon nous (Fig. 10)38.
Fig. 10 : Blason aux grenouilles de Chanteraine (55) © Wikimedia commons, libre de droits d’auteurs (voir l'image au format original)
23Ferdinand de Saussure pensait que l’évolution diachronique des mots est imprévisible et échappe aux lois et aux règles39. Il en est de même des toponymes40. On peut emprunter à la théorie des systèmes adaptatifs complexes des concepts applicables à ces changements, notamment la notion d’« attracteurs alternatifs »41. Le passage brutal d’un mot à un autre, lors de la remotivation, est un changement brusque d’état du système. Les mots et les sens nouveaux, ainsi que les récits explicatifs, sont des attracteurs qui orientent le changement puis stabilisent plus ou moins le nouvel état, en particulier, dans le domaine très instable de l’oralité42.
24Au haut Moyen Âge, le pouvoir chrétien a su capter ainsi, à son profit, des mots utilisés localement. On connaît le cas du Mont Helarius en Gévaudan, relaté par Grégoire de Tours. L’évêque de Javols, pour réorienter la ferveur populaire païenne pour le mont Hélarius, y a créé un culte de saint Hilaire de Poitiers, en jouant sur l’homophonie Hilarius / Helarius43.
25Notre hypothèse est donc qu'une fois leur sens premier oublié, des mots nouveaux ont remplacé quintana, quintanari et peut-être aussi centenarium, qui appartenaient sans doute au langage courant du Bas-Empire. Ces mots sont : Quintaine, Quentin (St-), Cantine, Canton et Canteraine (ou Chanteraine), Catherine (Ste-), Cantinière… Des formes plus amusantes se rencontrent aussi, comme « La Queue de Renard », « La Queue de la Reine » ou « Le Canton Ruineux »44 ! On y retrouve la sonorité des consonnes (q-d(t)-r-n), et les dernières syllabes inversées (n-r / r-n).
2.2 Notre méthode de recherche des toponymes
Nous avons développé une méthode pour rechercher, dans la base toponymique de l’Institut Géographique National [désormais IGN], les toponymes pouvant être issus de quintana45. Elle s’appuie sur les trois idées suivantes :
-
Établir un corpus primaire de mots : Quintaine, Cantine, Canton, Canteraine…
-
Utiliser leurs « squelettes consonantiques » pour identifier des variantes des mots (base phonétique plus stable que les voyelles) : q-n-t-n, c-n-t-n, etc46.
-
Rechercher les groupements géographiques de toponymes, sur l’hypothèse que des formes différentes peuvent avoir été produites au même endroit (par exemple Saint-Quentin/Chantereine, Quincy/Catin, Saint-Quentin/Cantine…)47.
2.3 QGIS et l’outil Topomine
26Sur la base de ces trois idées, l’outil Topomine mis au point par Éric Mermet (plateforme géomatique de l’EHESS à Paris), a été utilisé dans le système d’information géographique QGIS pour trouver des toponymes et leurs groupements dans un rayon de 2 km48. Cela a permis d’élargir considérablement les premières recherches manuelles par une recherche automatisée explorant la base de données constituée de 1,7 millions de noms de lieux issus des cartes au 1/25 000 de l’IGN49.
2.4 Examen critique
27Nous avons pleinement conscience que cette méthode n’est pas conforme aux règles et aux habitudes de la toponymie française50. Tout d’abord, fait paradoxal pour les noms de lieux, les études de toponymie sont généralement peu « géographiques ». La plupart des études ne localisent pas précisément les toponymes, car les auteurs s’intéressent principalement à leur forme linguistique51. Une difficulté supplémentaire vient du fait que, depuis ses débuts, la toponymie s’impose de recourir à des attestations anciennes des noms52. Or, celles-ci sont rares, en particulier pour les microtoponymes (les noms des parcelles cadastrales). Face aux 1,7 millions de noms de lieux de la base de l’IGN, on rassemblera avec peine quelques dizaines de milliers de noms attestés anciennement, plus ou moins bien localisés53. Les études toponymiques portent donc rarement sur de grandes quantités de données géolocalisées et on peut penser que, si c’était le cas, les résultats obtenus en seraient fortement modifiés54. Le travail mené en 2009 pour l’étude de la répartition ancienne du hêtre à travers ses traces toponymiques par Michel Tamine et le laboratoire COGIT de l’IGN fait figure d’exception55. Il nous a servi de modèle.
28À l’inverse de la plupart des études de toponymie, nous avons pris le parti – selon une pratique courante en archéogéographie - de travailler sur les données contemporaines (les noms de lieux actuels de la base IGN)56. Nous attachons une grande importance à la localisation géographique des toponymes grâce au système d’information géographique (QGIS) car, outre leur proximité entre eux (cf. 2.2), elle permet d’étudier leur distance aux éléments du territoire : routes, ports, villes, et leur relation aux données archéologiques disponibles. Enfin, en recherchant des formes dérivées sur la base des squelettes consonantiques, nous attribuons de l’importance à la phonétique, comme le font certains toponymistes expliquant qu’il faut savoir « écouter les mots » pour mieux comprendre comment ils ont pu évoluer par la transmission orale57.
2.5 Quelques résultats
29On présentera un aperçu des résultats pour deux catégories de lieux. Un examen de la relation aux routes a donné des résultats significatifs. On étudiera plus particulièrement ici le cas de la Voie Domitienne. Les premières approches avaient également donné des résultats pour les ports. Ils sont confirmés par la recherche étendue et nous en présenterons une liste partielle.
2.5.1 La Voie Domitienne
30La Voie Domitienne (Via Domitia), construite à partir de 118 av. JC, franchit les Alpes au Col du Montgenèvre et traverse la Narbonnaise pour rejoindre la péninsule ibérique. Elle était jalonnée de stations routières. Le tableau ci-après met en correspondance vingt-quatre stations connues par les itinéraires (table de Peutinger, itinéraire d’Antonin) et les toponymes relevés dans la base IGN.
Nom actuel |
Nom antique connu |
Toponymes relevés |
Figure |
Col de Montgenèvre |
Summae Alpes |
Mont Quitaine, le Canton |
|
Briançon |
Brigantio |
Ste-Catherine |
|
La Roche de Rame |
Rama |
Coutin |
|
Embrun |
Eburodunum |
Chanterenne |
|
Gap |
Vapincum |
Cointe |
|
Monétier-Allemont |
Alabons |
La Cantonnière |
|
Sisteron |
Segustero |
La Contine, Chantereine, Chantemerle, Catin |
|
N.-D. des Anges (Aulun) |
Alaunium |
Le Champ du Roi, Canton Daulun (Cassini) |
|
St-Sauveur (Céreste) |
Catuiacia |
Chante-Perdrix |
|
Apt |
Apta Iulia |
Ste-Catherine, St-Quentin |
|
St-Rémy de Provence |
Glanum |
Chantarot |
|
Saint-Gabriel |
Ernaginum |
Mas des Cantarelles |
|
Beaucaire |
Ugernum |
Mas de Quittard, Cante-Perdrix |
|
Arles |
Arelate |
Les Cantarelles, Trinquetaille |
|
Bellegarde |
Pons Aerarius |
Le Contrac |
|
Nîmes |
Nemosus |
Castanet |
|
Castelnau-le-Lez |
Sextantio |
Clos Catrix |
|
Montbazin |
Forum Domitii |
Ste-Catherine, le Catau |
|
St-Thibéry |
Oppidum de Cessero |
Les Castans |
|
Béziers |
Baeterrae |
La Cartarié, rue Catinat |
|
Cuxac d’Aude |
- |
Ste-Catherine, les Vingt Cinq Cantons |
|
Château-Roussillon |
Ruscino |
El Contorn |
|
Elne |
Illiberis |
Les Cantaires, Camp del Rei |
|
Maureillas |
ad Centuriones / ad Centenarium |
Can Toé, mas d'en Conte |
31Tableau 2 : la Voie Domitienne
Fig. 11 : Col de Montgenèvre (05), Voie Domitienne, Summae Alpes, localisation des toponymes « Mont Quitaine » et « le Canton », de part et d’autre du col, sur fond © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Col de Montgenèvre (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
Fig. 12 : Cuxac-d’Aude (11), Voie Domitienne, localisation des toponymes « Les Vingt-Cinq Cantons » et « Ste-Catherine » © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Cuxac-d’Aude (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
32Comme on l’a mentionné précédemment, la présence dans un même lieu de plusieurs toponymes apparentés renforce l’hypothèse de leur origine liée à un vocable commun désignant ce lieu par le passé. Sur les vingt-quatre stations présentées, onze possèdent au moins deux toponymes proches géographiquement pouvant être rapportés à quintana.
33Ce constat permet aussi de renforcer l’hypothèse de l’origine de certains toponymes. L’association fréquente de l’hagiotoponyme Sainte-Catherine avec d’autres toponymes plus facilement identifiables comme Saint-Quentin (Apt), ou les Vingt-Cinq-Cantons (Cuxac-d’Aude) a renforcé l’idée que « Catherine » pouvait dériver de quintanari au même titre que « Cantereine », du fait de la forte attraction de l’hagionyme (cf. 2.1).
2.5.2 Les ports
34Que les ports, lieux militaires et de commerce, présentent aussi des toponymes ayant gardé la trace de quintana, n’est pas pour surprendre. Hélène Cuvigny, qui a étudié les ostraca du désert d’Égypte (cf. 1.2.2), mentionne le fait que la marine romaine avait fort à faire pour poursuivre les contrebandiers qui ne voulaient pas aller dans les ports « désignés », à savoir les ports contrôlés par l’armée et où les marchands devaient s’acquitter des taxes58.
2.5.2.1 Les ports de la Gaule
Ville actuelle |
Toponymes relevés |
Histoire antique |
Figure |
Bordeaux |
Ste-Catherine (rue) |
la rue Ste-Catherine est le cardo de la ville romaine |
|
Boulogne |
les Tintelleries, St-Léonard |
port et garnison militaire |
|
Brest |
la Cantine |
fort iiie s. |
|
Cherbourg |
Chantereyne, l’Amont Quentin (dit le Mont Catin) |
port de Corialo ? |
|
Douarnenez |
Coataner |
port antique iiie s. |
|
Fécamp |
la Queue de Renard, St-Léonard |
mal connue |
|
Fos-sur-Mer |
le Tonkin, Tenque |
port antique iers. av. J.-C. |
|
Honfleur |
Ste-Catherine (église), St-Quentin, Touques, St-Léonard (église) |
mal connue |
|
Istres |
Ste-Catherine, Quinsane |
villa de « Ste-Catherine » |
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La Rochelle |
Canton (place du), le Canton, l’Encan |
mal connue |
|
Lorient |
Ste-Catherine |
Mané-Véchen fin iie s. |
|
Narbonne |
la Cantine, Tintaine |
port antique majeur |
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St-Gilles-Croix-de-Vie |
la Cantinière |
port de Sidum |
|
St-Pierre-d’Oléron |
la Cotinière |
mal connue |
35Tableau 3 : Les ports de la Gaule
Fig. 13 : Cherbourg (50), localisation du Port Chantereyne (port antique de Corialo ?) et de l’Amont Quentin (appelé aussi localement le « Mont Catin » parce que les marins y rejoindraient les filles de joie) © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Cherbourg (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
Fig. 14 : Fécamp (76), localisation des toponymes « La Queue de Renard » et « Saint-Léonard » © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Fécamp (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
Fig. 15 : Narbonne (11), localisation des toponymes « La Cantine » et « Tintaine », de part et d’autre des entrées des étangs de Gruissan et de Bages, port(s) antique(s) de Narbonne © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Narbonne (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
2.5.2.2 Les « Cinque ports » du Kent (Grande-Bretagne)
36Les « Cinque ports » sont une confédération de villes portuaires du sud-est de l’Angleterre bénéficiant d’un statut particulier pendant le Moyen Âge. Le terme apparaît dans des chartes royales à partir de 1055. Le Kent, région à partir de laquelle Rome a conquis la Bretagne, est resté en contact étroit avec le continent pendant le haut Moyen Âge, par une intense activité commerciale et une circulation des hommes transmanche59. La Noticia Dignitatum et les données archéologiques montrent qu’un réseau de ports fonctionnait encore de part et d’autre de la Manche60.
37Nous formulons l’hypothèse que les « Cinque ports » ne tirent pas leur nom du fait qu’ils étaient « cinq », mais l’ont hérité du qualificatif quintana qui leur était donné, parce qu’il s’agissait de ports militaires et commerciaux importants à l’époque romaine. Hythe (Lemanis), Dover (Dubris) et Richborough (Rutupia) figurent dans l’itinéraire d’Antonin et dans la Noticia Dignitatum. Richborough est étroitement associé à Sandwich qui lui a succédé au haut Moyen Âge après l’ensablement du port antique61.
Ville actuelle |
« Cinque ports » |
Toponymes relevés |
Histoire antique |
Hastings |
port |
St-Leonards |
port antique |
New Romney |
port |
- |
- |
Hythe |
port |
St-Leonards |
portus lemanis (Lympne) |
Dover |
port |
Centenary cottages |
portus dubris |
Sandwich |
port |
Cottington hill |
port du haut Moyen Âge |
Richborough |
ville associée |
port antique |
38Tableau 4 : les « Cinque ports » du Kent (Grande-Bretagne)
3 La transmission du terme quintana entre l’Antiquité et le Moyen Âge
39Loin d’être la période de déclin qu’on décrivait autrefois, la fin de l’Antiquité est une période de transition importante pendant laquelle institutions, lois, usages, mots… ont été repris, transformés et transmis62. C’est un fait essentiel à prendre en compte pour comprendre comment ils sont ensuite parvenus jusqu’à nous63.
3.1 Les emporia et ports francs
40Quentovic et Dorestad sont les deux sites majeurs du commerce du nord de l’Europe pendant le haut Moyen Âge.
3.1.1 Quentovic
41Selon les études, Quentovic serait le « port sur la Canche » (Quantia)64. Mais il pourrait être aussi quinta(na) vicus, la ville-marché, ou le port-marché (wic a le sens de « port »). Près de la Calotterie, où on situe généralement Quentovic, on trouve le toponyme « la Canteraine ». Ce site de marais est propice au recourt explicatif aux « grenouilles qui chantent » (cf. 2.1 et note 38), mais l’association des deux noms (Quentovic et Canteraine) nous semble un indice à prendre en compte (Fig. 16).
Fig. 16 : Quentovic (Montreuil-sur-Mer, 62), localisation du toponyme « la Canteraine » à proximité du site supposé de Quentovic, le plus important port et emporium mérovingien et carolingien © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Quentovic (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
3.1.2 Dorestad
42Dorestad (Wijk bij Duurstede, en néerlandais) est un autre emporium franc situé sur le Lek, dans la continuité du Rhin inférieur, à proximité d’Utrecht aux Pays-Bas. On y trouve également un toponyme tout proche : le village de Cothen (Fig. 17).
Fig. 17 : Wijk bij Duurstede / Dorestad (Pays-Bas), localisation du toponyme « Cothen » à proximité du site de Dorestad, second port et emporium mérovingien et carolingien © Contributeurs OpenStreetMap [en ligne] lien OSMap Dorestad (consulté le 15 décembre 2022) (voir l'image au format original)
43Ces deux ports portent donc la trace de quintana. On ne leur connaît pas d’antécédents antiques, à la différence des « Cinque ports », mais le terme antique s’est peut-être transmis à ces sites du haut Moyen Âge, jusqu’à les désigner dans la langue courante.
3.2 Centena, centenarius, centenarium
44Nous allons maintenant aborder des mots que l’on rencontre dans des textes de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge. Ces trois mots, très proches et certainement très liés, continuent à poser question aujourd’hui. On persiste parfois à chercher leur origine dans le chiffre 100 (cent hommes, etc.) et dans des traditions germaniques65 66. Nous pensons pour notre part qu’ils sont des héritages de l’Antiquité romaine et des termes quintana / quintanari.
3.2.1 Le centenarium - poste de garde routier
45Pour rappel, le terme désigne un poste de garde routier de l’Antiquité tardive et nous le rapprochons de la forme quintanari des ostraca, et du contrôle des routes et du commerce (cf. 1.2.3).
3.2.2 La centena - territoire de justice et groupe armé
46La centena (centaine) apparaît dans les textes mérovingiens et carolingiens, notamment la loi salique, et semble désigner à la fois un territoire (une circonscription judiciaire) et un groupe d’hommes avec des fonctions de police, dirigé par un centenarius67. On trouve, associés aux centenae, des territoires de quintana68. L’explication classique, périmètre de 5 milles autour d’une cité, semble peu satisfaisante. Les deux termes quintana et centena sont quasi homophones. Nous pensons qu’ils ont la même origine, le second s’étant substitué au premier, tout en conservant un sens similaire lié au contrôle du territoire et à la police, en particulier sur les routes.
3.2.3 Le centenarius - chef de milice et / ou maître du marché
47Chef de la centaine (cf. ci-dessus), le centenarius apparaît aussi dans des sources carolingiennes comme le maître du marché, avec également des fonctions de justice69. Ceci le relie directement à l’un des principaux sens du mot quintana : le marché, ou la place du marché (cf. 1.2.1).
3.3 La quintaine médiévale
48Recherchant le sens du mot quintanari apparaissant sur les ostraca de Bu Njem (cf. 1.2.2.2), Robert Marichal écrivait : « […] il faudrait à cette occasion parler de la quintaine médiévale, mais cela demanderait un exposé spécial »70. La difficulté nous semble provenir de la métonymie qui, là encore, comme pour la taxe dont parle Hélène Cuvigny (cf. 1.2.2.1), a conduit à dénommer « quintaine » le jeu pratiqué, voire l’objet servant de cible (généralement représenté comme un mannequin pivotant : le « faquin »), alors que le mot désigne certainement à l’origine le lieu où il est pratiqué : le champ de foire, la place, où se tient également le marché (Fig. 18)71. Le texte de Mathieu Paris que nous avons déjà évoqué est clair à ce sujet : vers 1250, les jeunes londoniens s’adonnent à un jeu équestre « ad stadium, quod vulgariter Quintena dicitur » (sur l’espace que l’on appelle communément Quintaine)72. Il est intéressant de noter que les joutes nautiques en ont également gardé la trace : on appelle « tintaine » la pièce du bateau, la planche, sur laquelle se tiennent les jouteurs, dans les joutes languedociennes, par exemple à Sète (Fig. 19).
Fig. 18 : Représentation théâtrale du xviie siècle du jeu de la quintaine médiévale, « Entrée des médecins courans la quintaine », dessin, atelier de Daniel RABEL, 1625 © Gallica.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France (voir l'image au format original)
Fig. 19 : Bateau de la joute nautique languedocienne, à Sète (34). La « tintaine » est la planche sur laquelle se tiennent les jouteurs. Fêtes de la Saint-Louis, Sète, 24 août 2019, photographie © Philippe Hirou (voir l'image au format original)
4 Des étymologies et des traces lexicales
49Dans cette dernière partie, nous verrons que des traces lexicales de quintana existent, aux côtés des traces toponymiques, avec des sens liés à l’armée, à la route, à la place, au marché, aux poids et mesures, aux taxes… Et ce, de surcroit, dans plusieurs langues. La cohérence de cet ensemble lexical nous permet de poser la question de la validité d’étymologies encore couramment admises. Mais surtout, elle renforce encore l’image de relations étroites entre l’armée, le contrôle de l’espace et celui du commerce, que nous avons déjà perçue dans les chapitres précédents.
4.1 L’étymon kanthos, coin
50On doit au philologue allemand, Friedrich Christian Diez, fondateur de la linguistique romane, le rapprochement des formes « canton » et « cantine » avec le grec kanthos et l’allemand kante : coin, bord73. Selon cette étymologie, le canton est donc un « coin de pays » et la cantine, un « recoin ». Émile Littré mettait déjà en doute cette étymologie dans la première édition de son dictionnaire, à l’article « cantine » :
d’après Diez, du même radical que cantone, coin, recoin, d’où cantine ; […] mais d’après Tardieu, de quintana, lieu dans les camps romains où l’on vendait toute sorte de choses, et dont le nom était passé dans le langage vulgaire ; […] cette étymologie très probable suppose une interversion des voyelles.
51Néanmoins, il reprend curieusement les arguments de Diez (coin) à l’article « canton »74.
52On peut noter aussi, avec un certain amusement, que si le Larousse étymologique et historique du français (2011) donne encore « coin de pays » pour « canton », en renvoyant à l’italien « cantone, augmentatif de canto, coin », de son côté, le Dizionario etimologico italiano de Battisti et Alessio (1950) indiquait que cette étymologie était très incertaine, à la fois par le sens et par la forme75.
53Walther von Wartburg, dans son monumental Dictionnaire étymologique et historique du galloroman, le Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW), classe également sous l’étymon canthus (All. Kante), bord, coin, toutes les formes qui nous intéressent, dont « canton » et « cantine »76. Plusieurs formes régionales qu’il présente, en particulier pour la Saintonge et le Poitou, nous permettent pourtant de faire un rapprochement avec le sens de quintana77 :
-
Canton : marché, carrefour dans une ville, dans un bourg, place principale dans les bourgades, place où les femmes se réunissent pour filer et pour causer,
-
canton : carrefour, quartier d’une ville,
-
cantonnière : femme qui va causer et filer sur la place du bourg.
54Ajoutons, à l’appui de notre hypothèse, que la graphie « quanton » (non reprise par von Wartburg), se rencontre en Saintonge dans un texte de 1593 qui cite les places publiques des quartiers de la ville où les condamnés seront exécutés et leurs dépouilles exposées78.
4.2 La place
55Le sens de « place » se retrouve donc fréquemment dans des mots que l’on peut rapprocher de quintana (cf. 1.2.1) :
-
canton : carrefour, place, marché (en Saintonge et Poitou)79,
-
s’accantouner : se rassembler en foule sur la place (en Saintonge)80,
-
parler à la cantonnade : parler à un ensemble de personnes rassemblées (sur la place).
56Mais aussi, avec un sens plus architectural, au centre d’un bâtiment, dans l’espace oriental :
-
qantinar : cour, atrium, place enclose (Talmud, ier-vie siècles)81,
-
khan (en perse) : caravansérail (construit autour d’une place centrale, comme le centenarium) ; synonyme du terme manzil, très proche du latin mansio (relai routier). Relais sur les routes commerciales, les khan étaient aussi souvent des places de marché reputées82.
57L’espagnol des Asturies utilise quintana pour la « place du village » et possède une expression imagée pour désigner celui qui fanfaronne en public, littéralement le « coq de la place du village » : gallu la quintana83.
4.3 Le marché et le commerce
4.3.1 L’encan (inquant) / la vente aux enchères
58Le mot qui désigne la vente aux enchères, aujourd’hui écrit « encan » en français (mais « enquant » en vieux français), inquant en occitan, encant en catalan, paraît clairement lié à quintana. L’étymologie romane se réfère au latin médiéval « inquantum » (pour combien)84. Mais cette formule n’est pas présente dans les textes dans ce contexte85. Nous pensons plutôt que la préposition « in », apparue en latin médiéval, désigne le lieu : « in quint(ana) », la vente qui se déroule sur la place publique. Le mot équivalent en espagnol (castillan) se réfère clairement à l’armée romaine : subasta, enchères en espagnol, signifie littéralement « sous la lance » (sub hasta), la « haste », qui était notamment l’emblème de la fonction des beneficiarii86.
4.3.2 Les taxes / le droit de quintaine sur la vente du vin
59Au moyen Âge et à la période moderne, le terme de « quintaine », ou « droit de quintaine » se rencontre, dans les coutumes et droits seigneuriaux, pour encadrer la vente du vin : taxe sur les ventes, interdiction de vente à certaines périodes, ou vente réservée au seigneur ou à certains établissements monastiques87. Nous pensons que cela autorise un rapprochement avec le terme « cantine ». Il désigne encore aujourd’hui, dans la marine américaine (canteen), un affermage du droit de la fourniture de vin, et autres produits, aux soldats de l’armée (voir ci-après 4.4 et note 91). Nous avons vu que l’armée romaine affermait une taxe, dénommée quintana, pour les ventes réalisées dans le marché du camp (cf. 1.2.2.1 et note 22).
4.3.3 Les poids et mesures
60De nombreux mots qui désignent des unités de mesure, ou des opérations comptables, semblent appartenir à la même famille lexicale :
-
quinter (ou cunter) : calculer, dénombrer, faire le compte, mesurer88,
-
quintar (dans l’Amérique espagnole) : peser et marquer l’or des mines et acquitter le droit de quint royal,
-
кантар (kantar) en bulgare : balance romaine89,
-
quintal / qintar (en arabe) : poids de cent livres,
-
kentènarion (à Byzance) : cent unités90.
61Dans les deux derniers cas, il semble que l’attraction du nombre « cent » a joué un rôle dans la trajectoire des mots. Nous ne pourrons aborder, dans le cadre de cet article, la question de la proximité phonétique, et des variations de la prononciation régionale, des mots : quint, cinq, cent (et quintaine, centaine)91. Les questions phonétiques sont néanmoins certainement importantes, en particulier sur le plan diachronique, pour expliquer ce que nous constatons sur le plan lexical et sémantique92.
4.4 L’armée
62En français moderne, les termes qui se rapportent à l’armée sont principalement : « canton », « cantonnement », « cantine ». L’espagnol a conservé une forme en « quint- » :
-
quintar (espagnol) : tirer au sort les conscrits ; el quinto : le conscrit93,
-
canton militaire (sous Louis XV) : le terme apparaît dans l’ordonnance de 1726 qui institue des milices tirées au sort94,
-
canton (argot, 1628) : prison ; cantonniers : prisonniers95,
-
cantonnement : la répartition des troupes dans les quartiers, les villages,
-
cantine (Littré, 1873) : lieu où l’on vend à boire dans les casernes, les prisons96,
-
cantonera (argot espagnol), cantonière / quantonière : prostituée97,
-
cantinière : la femme qui tient la buvette ambulante (la « cantine »)98 ; la confusion avec la femme publique de l’argot est grande, voir la célèbre chanson « La vivandière », dans laquelle la cantinière se prénomme Catin99.
Conclusion
63Les mots du lexique et les noms de lieux dialoguent entre eux au fil du temps. Ils forment une famille lexicale où les toponymes désignent des lieux, en relation avec leur histoire. Il faut les lire comme des traces.
64Quintana, ce mot de la langue commune (vulgariter dicitur), semble avoir été polysémique et avoir désigné, avec ses dérivés, des réalités différentes, mais proches, autour de la place où l’on se rassemble, du marché, de son contrôle par les militaires de l’Empire, des taxes prélevées sur le commerce. De nombreux toponymes en ont gardé la trace aux lieux de ces points de rassemblement, sur les routes, dans les ports, aux cols des montagnes… Ils reprennent souvent des mots du lexique qui, d’après leur forme et leur sens, ont probablement la même origine antique : la cantine, le canton…
65C’est sans doute par l’intermédiaire du haut Moyen Âge, nourri de nombreux héritages de la période antique, que cette famille de mots nous a été transmise, avec divers changements. De nombreux mots présents dans les textes de cette époque en gardent, eux-aussi, la trace : centena, centenarius… Notre moderne « canton », qui était il n’y a pas si longtemps, avec ses juges de paix, une circonscription judiciaire comme la centaine mérovingienne, est donc très certainement l’héritier, au moins pour sa forme lexicale, du contrôle de l’espace par l’Empire romain. Il est bien plutôt le lieu central et le point de convergence des hommes, au carrefour des routes, la place publique et le marché, que le banal « coin de pays » de la linguistique romane.
Bibliographie
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Sources
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Saint-Léonard-de-Noblat, La Quintaine, vidéo, 5’06 © Michel Ciria [en ligne] : https://youtu.be/sgKlgKQqiUI (consulté le 15 décembre 2022).
Documents annexes
- Fig. 1 : Francfort / Heddernheim (Allemagne), plan du vicus de Nida avec son forum, au carrefour des voies, à proximité du camp militaire © Carsten WENZEL, Die Stadtbefestigung von NIDA-Heddernheim, Franfurt am Main, Museum für Vor und Frühgeschichte, 2000, p. 11
- Fig. 2 : HYGIN L’ARPENTEUR, L’établissement des limites, manuscrit Arcenarius A, p. 138 (a) © Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, UR 4011, Besançon [en ligne] https://ista.univ-fcomte.fr/ed-src/gromatiques/hygin-cd/arcerianus-a/461-arcerianus_a_138a (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 3 : Ostracum de Bu Njem, rapport journalier © Robert MARICHAL, « Les ostraca de Bu Njem », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 123e année, n. 3, 1979, p. 436-452, Fig. 2, p. 439 [en ligne] https://doi.org/10.3406/crai.1979.13630 (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 4 : Burgi avec tour. En Rhénanie : 1 ; sur la côte du Yorkshire : 2, 3, 4 (reconstitution) ; Tours de garde individuelles du limes : 5, 6, 7 8 (reconstitution), 9. Tours routières : 10, 11 © Raymond BRULET, « L’architecture militaire romaine en Gaule pendant l’Antiquité tardive », p. 155-179, Fig. 153, p. 156, dir. Michel REDDE, et al., L’architecture de la Gaule romaine. Les fortifications militaires, DAF 100, Bordeaux, Ausonius, 2006, 477 p.
- Fig. 5 : Fête de la Quintaine à Saint-Léonard-de-Noblat (87, Limousin), destruction de la Quintaine (tour-prison) à coups de massue, sur le Champ Magne, photographie © Benoit ROCHER [en ligne] http://benroc.com/albums/tirages-limitees/content/quintaine-27/ (consulté le 15 décembre 2022), voir aussi, Saint-Léonard-de-Noblat – La Quintaine, vidéo, 5’06 © Michel CIRIA [en ligne] https://youtu.be/sgKlgKQqiUI (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 6 : Mainz / Mayence (Allemagne), Quintinsstraße et tracé du camp militaire romain, Philippe HIROU, sur fond © Contributeurs OpenStreetMap [en ligne] lien OSMap Mainz (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 7 : Leintwardine (Grande-Bretagne), Kinton et tracé du camp militaire romain, Philippe HIROU, sur fond © Ordnance Survey © Mapbox © OpenStreetMap [en ligne] lien OS Leintwardine (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 8 : Quintaine (Clessé, 71), tracé (en jaune) du camp militaire romain supposé, y compris les axes internes, à partir du réseau des routes, chemins et limites parcellaires actuelles, Philippe HIROU, sur fond © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Quintaine
- Fig. 9 : Localisation de Quintaine (Clessé, 71) © Philippe HIROU, sur la carte de localisation et de mise en réseau des camps (en noir) et postes de surveillance (en blanc) militaires reconnus à ce jour en Gaule septentrionale et orientale, fig. 75, p. 425, dans Mathieu POUX, « L’empreinte du militaire césarien dans les faciès mobiliers de La Tène finale, Caractérisation, chronologie et diffusion de ses principaux marqueurs », dir. Mathieu POUX, Sur les traces de César, Militaria tardo-républicains en contexte gaulois, Bibracte 14, Actes de la table ronde du 17 octobre 2002, Glux-en-Glenne, 2008, p. 299-432 © Mathieu POUX
- Fig. 10 : Blason aux grenouilles de Chanteraine (55) © Wikimedia commons, libre de droits d’auteurs
- Fig. 11 : Col de Montgenèvre (05), Voie Domitienne, Summae Alpes, localisation des toponymes « Mont Quitaine » et « le Canton », de part et d’autre du col, sur fond © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Col de Montgenèvre (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 12 : Cuxac-d’Aude (11), Voie Domitienne, localisation des toponymes « Les Vingt-Cinq Cantons » et « Ste-Catherine » © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Cuxac-d’Aude (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 13 : Cherbourg (50), localisation du Port Chantereyne (port antique de Corialo ?) et de l’Amont Quentin (appelé aussi localement le « Mont Catin » parce que les marins y rejoindraient les filles de joie) © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Cherbourg (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 14 : Fécamp (76), localisation des toponymes « La Queue de Renard » et « Saint-Léonard » © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Fécamp (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 15 : Narbonne (11), localisation des toponymes « La Cantine » et « Tintaine », de part et d’autre des entrées des étangs de Gruissan et de Bages, port(s) antique(s) de Narbonne © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Narbonne (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 16 : Quentovic (Montreuil-sur-Mer, 62), localisation du toponyme « la Canteraine » à proximité du site supposé de Quentovic, le plus important port et emporium mérovingien et carolingien © Géoportail IGN [en ligne] lien géoportail Quentovic (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 17 : Wijk bij Duurstede / Dorestad (Pays-Bas), localisation du toponyme « Cothen » à proximité du site de Dorestad, second port et emporium mérovingien et carolingien © Contributeurs OpenStreetMap [en ligne] lien OSMap Dorestad (consulté le 15 décembre 2022)
- Fig. 18 : Représentation théâtrale du XVIIe siècle du jeu de la quintaine médiévale, « Entrée des médecins courans la quintaine », dessin, atelier de Daniel RABEL, 1625 © Gallica.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France
- Fig. 19 : Bateau de la joute nautique languedocienne, à Sète (34). La « tintaine » est la planche sur laquelle se tiennent les jouteurs. Fêtes de la Saint-Louis, Sète, 24 août 2019, photographie © Philippe HIROU
Notes
1 Jérome France, « L’empereur romain et le contrôle de l’espace », dans Il princeps romano: autocrate o magistrato? fattori giudirici e fattori sociali del potere imperiale da Augusto a Commodo, dir. Jean-Louis Ferrary et John Scheidr, Pavia, IUSS, 2015, p. 731-776.
2 Jocelyne Nélis-Clément, Les Beneficiarii : militaires et administrateurs au service de l’empire (1er s. a. C.-vie s. p. C.), Bordeaux, Ausonius, 2000, 558 p.
3 « Il est d’ailleurs incontestable que la centaine forme une des constitutions* les plus mystérieuses du droit mérovingien et carolingien » Marc Bloch, « L’origine et la date du Capitulare de villis », Revue Historique, t. 143, 1923, note 3, p. 54 (* peut-être une erreur de l’éditeur pour « institutions »).
4 Christophe Maniquet, Le sanctuaire antique des Arènes de Tintignac, Limoges, Culture et Patrimoine en Limousin, 2004, 123 p. ; Fabien Loubignac, « L’occupation du sol de la Protohistoire à l’Antiquité autour du site des Arènes (Naves, Corrèze) », Travaux d’Archéologie Limousine, t. 34, 2014, p. 43-66.
5 « Dès le sixième siècle on a dû former des noms de lieu en ajoutant -iacus à un nom d’homme », dans Recherches sur l’origine de la propriété foncière et des noms de lieux habités en France (période celtique et période romaine), dans Henri d’Arbois de Jubainville, Paris, Thorin, 1890, p. xvii. Il a repris cette idée de son maître Jules Quicherat, pour étayer sa théorie de l’origine de la propriété foncière, Jules Quicherat, De la formation française des anciens noms de lieu, Paris, Franck, 1867, 167 p. ; Michel Roblin a montré que ce n’était pas une règle absolue et que de nombreux noms de lieux en -(i)acum sont formés sur des noms communs, Michel Roblin, Le terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque : peuplement et défrichement dans la Civitas des Parisii (Seine, Seine-et-Oise), Université de Paris, Paris, Picard, 1951, en part. p. 38. Dans son compte-rendu de cet ouvrage, quoique plus nuancé, Albert Dauzat lui-même indique qu’il y a effectivement des exceptions, Albert Dauzat, « Comptes-rendus », Revue internationale d’Onomastique, 3e année, n. 3, 1951, p. 231-236.
6 Maximin Deloche, Études sur la géographie historique de la Gaule et spécialement sur les divisions territoriales du Limousin au Moyen Âge, Paris, Imprimerie Impériale, 1861, p. 488.
7 Abbé Niel, « Les origines de Tulle », Bulletin de la société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, Tulle, 1887, p. 404-405.
8 Maximin Deloche, (op. cit. n. 1), p. 503.
9 Amédée Tardieu pensait que quintana était un mot passé dans le langage courant (voir 4.1). Notons que le latin médiéval vulgariter n’a pas la connotation péjorative de « vulgaire » en français moderne, mais désigne simplement la langue commune, parlée par le peuple. Une citation de Mathieu Paris le laisse penser également, à propos du jeu auquel s’adonnent les jeunes londoniens « sur un espace que l’on appelle communément Quintena » (ad stadium, quod vulgariter Quintena dicitur), Matthaei (Mathieu) Paris, Monachi alabnensis, Angli Historia Major, a Guilielmo Conquaestore, ad ultinum annum Henrici tertii, Londini, 1571, p. 1151.
10 « Quintana », dans Dictionnaire illustré latin-français, Félix Gaffiot, Paris, Hachette, 1934, p. 1302. La première référence est celle du De verborum significatione de Sextus Pompeius Festus (Festus Grammaticus) qui est un texte de la fin du iie siècle ap. J.-C. qui nous est parvenu partiellement et très mutilé. Les notes de l’édition faite par André Dacier en 1681 donnent une idée des discussions qui avaient lieu alors autour des occurences du mot. Le terme « porte quintane » a semble-t-il été ajouté et il postule une « voie quintane » d’où lui semble provenir le terme quintana, sans que le mot via n’apparaisse explicitement. La traduction française de M. A. Savagner, Panckoucke, 1846, sans le dire, reprend ces discussions autour du texte et s’éloigne du texte original, à savoir : Quintana porta : « On appelait ainsi, dans un camp, la porte située derrière le prétoire, et où se tenait le marché́ pour les choses de première utilité » ; Quintana : « On nomme ainsi, dans un camp, un espace laissé derrière le prétoire, où l'on vend le butin et les captifs, et où l'on établit le marché́ pour les choses de première nécessité ; ce nom lui vient de ce qu'on y arrive par la voie Quintane ». La deuxième référence est celle du texte de Suétone (70-130 ap. JC) à propos de Néron qui vend aux enchères, chez lui, le butin de ses rapines dans la ville : « Quintana domi constituta ubi partae et ad licitationem diuidendae praedae pretium absumeretur ». L’article « Quintaine » du TLFi en donne une traduction du xvie siècle : « Il constitua a sa maison les quintanes, cest a scavoir qu’il feist tenir le marché́ », trad. G. Michel. Enfin, la troisième référence est le texte de Tite-Live : « Praetorio dejecto, direptis, quae ibi fuerunt, ad quaestorium forum quintanamque hostes pervenerunt ». Là encore certaines traductions font référence à une via quintana alors que le terme via n’est pas explicite dans le texte, comme celle de M. Nisard, Paris, Firmin Didot, 1864 : « L'ennemi abat le prétoire, pille tout ce qu'il y trouve, et arrive au forum questorien et à la via quintana » (Les italiques sont de l’éditeur).
11 Pour Michel Reddé, il s’agit d’« interprétations un peu abusives » et d’ajouts des traducteurs, Michel Reddé, « Les camps militaires républicains et augustéens : paradigmes et réalités archéologiques », Saragosse, SALDVIE, n. 8, 2008, p. 61-71, en part. p. 61-62.
12 « Quintana », dans Dictionnaire des Antiquités romaines, vol. 2, Samuel Pitiscus, Paris, Delalain, 1765, p. 410.
13 Alexander Adam, Antiquités romaines, t. 2, Paris, Verdière, 1818, p. 154.
14 « Dans le sens le plus simple, un forum est une place découverte. […] des champs de foire situés dans la campagne, généralement au bord des routes et à portée de plusieurs centres d’habitations, furent aussi appelés fora, parce qu’ils étaient une grande place », « Forum », dans Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, Charles Victor Daremberg et Edmond Saglio, Paris, Hachette, 1873-1917, p. 1277 [en ligne] URL : https://dagr.univ-tlse2.fr/consulter/1541/FORUM (consulté le 20 juin 2022).
15 Michel Reddé signalait que, dans les descriptions qu’en fait Polybe, un camp est surtout une organisation de l’espace, Michel Reddé, cours du 5 février 2015, École Pratique des Hautes Études, Paris, notes personnelles.
16 « Quintarios claudere » est l’opération de vérification de la perfection de l’implantation réalisée par les arpenteurs, qui se fait sur les cinquièmes limites, Anne Roth Congès, « Modalités pratiques d’implantation des cadastres romains : quelques aspects (Quintarios claudere. Perpendere. Cultellare. Varare : la construction des cadastres sur une diagonale et ses traces dans le Corpus Agrimensorum) », MEFRA, 108, 1, 1996, p. 299-422, en part. p. 303-304. Je remercie Sandrine Robert de m’avoir signalé cet article essentiel.
17 « Quintana pars plateae (quinta) est, qua carpentum progredi potest » (la quintaine est l’espace large où les charriots peuvent circuler), nous avons mis quinta entre parenthèses car il semble être un ajout des éditeurs anciens, Isidore de Séville, Étymologies Livre 15 - Les constructions et les terres, éd. et trad. Jean-Yves Guillaumin et Pierre Monat, Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2004, p. 11.
18 Hyginus Gromaticus, De limitibus 144 : « Sic in castris groma ponitur in tetrantem, qua velut ad forum conveniatur » (C’est ainsi que, dans les camps aussi, la groma est placée au carrefour où convergent les voies, comme au forum), cité par Rudolf Felmann, « Principia et praetorium », dans Les fortifications militaires. L’architecture de la Gaule romaine, Michel Reddé et al., Paris, Maison des sciences de l’homme, Documents d’Archéologie Française (DAF 100), 2006, p. 98.
19 « Cinq », dans Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Paris, Laffont [2e éd.], 1982, p. 254.
20 On y consignait des informations de faible importance, non destinées à être conservées. On les retrouve dans les dépotoirs des forts militaires. Hélène Cuvigny, « Les ostraca du désert Oriental », L’Histoire, Sophia Publications, 2017, p. 30-31.
21 Hélène Cuvigny, « Corrigenda 1. Quintana, la femme métamorphosée en taxe », La route de Myos Hormos, FIFAO 48 [2e éd.], 2006, p. 689-694.
22 « Dans le titre miςθωτης κουιντανης, dont l'équivalent latin devait être conductor quintanae, quintana signifie ‘‘marché du camp’’ et peut-être aussi par métonymie l'ensemble des taxes frappant les transactions commerciales à l'intérieur du camp », Ibid., p. 691.
23 « Une des nouveautés de nos rapports est le mot quintanari ; c’est l’un des services les plus importants : sur vingt-trois rapports complets, il n’y en a que cinq où il n’y ait pas de quintanari, et c’est le service qui mobilise les plus gros effectifs. […] je croirais volontiers que les quintanari sont des soldats à qui est imposé l’exercice du cinquième jour », Robert Marichal, « Les ostraca de Bu Njem », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 123e année, n. 3, 1979, p. 436-452, en part. p. 439, 442 et 443.
24 La station de Maureillas, près du franchissement des Pyrénées, sur la Voie Domitienne. La station est dénommée ad Centuriones par l’Itinéraire d’Antonin.
25 L’idée est répandue que ce nom provient de la taille de la garnison : « […] le mot centenarium, dont on considère qu’il désigne un fortin capable d’abriter une centaine d’hommes », Siegmar Von Schnurbein, « 2.1 Formes, taille, terminologie, configuration générale », dans Les fortifications militaires… (op. cit. n. 2), en part. p. 68 et 156. Mais Paul Gauckler rejetait cette explication, ainsi que celle des dimensions du bâtiment : Paul Gauckler, « Centenarius, un terme d’art militaire », Mélanges Perrot, Paris, Fontemoings, 1903, p. 125-131, en part. p. 127-129. Compte-tenu de leurs dimensions, et des témoignages des ostraca, les garnisons de ces fortins ne devaient guère dépasser quelques dizaines de soldats, mais était-ce le rang de leur commandant (centenarius) ?
26 Jérome France, Jocelyne Nélis-clément, « Tout en bas de l’empire. Les stations militaires et douanières, lieux de contrôle et de représentation du pouvoir », dans La « statio » : archéologie d’un lieu de pouvoir dans l’empire romain, Bordeaux, Ausonius éditions, 2014, p. 116-241. Je remercie Jérome France de m’en avoir partagé le texte avant publication.
27 Jocelyne Nélis-Clément, Les beneficiarii… (op. cit. n. 3), p. 333.
28 « Canton », dans Argoji, dictionnaire d’argot classique : 33 000 termes publiés entre 1827 et 1907, Charles Boutler, 2010, 698 p. [en ligne] URL : http://www.russki-mat.net/page.php?l=FrFr&a=C (consulté le 20 juin 2022). Cela va dans le sens d’un usage du mot dans le langage populaire. Les prisonniers sont dénommés les « cantonniers » (qui étaient peut-être en effet employés à entretenir les routes ?) et le geôlier est le « comte du canton ». On trouve bien sûr quelques tentatives d’explication basées sur l’étymologie romane « coin » (canthus) (cf. 4.1) : « C’est dans les coins qu’on est à l’ombre ».
29 La liste n’est évidemment pas exhaustive et vise à donner des exemples de lieux et de toponymes. Il y en a beaucoup d’autres, notamment, en Grande-Bretagne, de nombreux toponymes « Quinton » volontiers assimilés localement à Queen town.
30 Biviae, Triviae, Quadriviae sont les déesses des carrefours, généralement assimilées à Diane. La relation entre le carrefour et la place où l’on se rencontre et on parle de choses communes, voire vulgaires, se retrouve dans le mot « trivial » : « commun, banal, familier » et « de la croisée de chemin, de la place publique, grossier, vulgaire », dér. de trivium « carrefour (de trois voies) », « Trivial », dans Trésor de la langue française informatisé (TLFi), Centre National de ressources Textuelles et Lexicales [en ligne] URL : https://www.cnrtl.fr/etymologie/trivial (consulté le 15 décembre 2022).
31 S’agissant du remplacement du nom de la divinité Triviae par un saint chrétien homonyme, qui a probablement été effectué dès le haut Moyen Âge, voir ci-après, note 43, le récit de Grégoire de Tours pour le mont Helarius et Saint-Hilaire en Gévaudan.
32 La carte (Fig. 9) établie par Mathieu Poux, a été reprise par Michel Reddé dans « Militaires romains en Gaule civile », Cahiers du centre Gustave Glotz, 20, 2009, p. 173-183, en part. p. 175. Nous avons signalé le site de Quintaine aux deux auteurs.
33 Pour Gérard Chouquer, le « lieudit cadastral » (il écrit « lieudit » sans tiret) apparaît aux ixe et xe siècles à une période où les grands bénéficiaires font pression sur les souverains pour faire évoluer la concession (tenure) privée de la terre vers le jus proprietatis. Gérard Chouquer, Dominer et tenir la terre dans le haut Moyen Âge, Tours, Presses universitaires François Rabelais, 2020, p. 421.
34 Blandine Vue analyse la transcription des microtoponymes (noms des parcelles et quartiers de parcelles couvrant généralement 30 à 40 ha) entre les chartes médiévales et les cadastres (cadastre napoléonien et moderne), en s’appuyant également sur une enquête orale auprès des habitants de Neuilly-Lévêque. Blandine Vue, Microtoponymie et archéologie des paysages à Neuilly-Lévêque, du xiiie au xxe siècle : comportement des microtoponymes au fil des siècles : le nom, l'espace, l'homme qui le nomme, thèse de doctorat, Université de Nancy 2, 1997. https://www.theses.fr/1997NAN21013.
35 « Rien ne fourniroit tant de mots que le recueil des noms géographiques d’un pays, si on parvenoit à démêler leur signification. […] Le principal vocabulaire actuel d’une langue abolie c’est la table géographique des noms de lieux » Charles de Brosses, Traité de la formation mécanique des langues et des principes physiques de l’étymologie, Paris, Saillant, t. 1, 1765, 559 p. ; on trouve une intéressante synthèse historiographique sur la toponymie au début de la thèse : Xavier Gouvert, Problèmes et méthodes en toponymie française. Essais de linguistique historique sur les noms de lieux du Roannais, thèse de doctorat, Paris, Univ. Paris-Sorbonne (Paris IV), 2008, p. 30-135.
36 « […] par tous les moyens disponibles, la communauté linguistique attribue un nouveau sens à certains noms de lieux devenus opaques ». L’auteur de ces lignes, Andres Max Kristol, ajoute que le moyen le plus fréquent est la « paronymie », c’est-à-dire le rapprochement entre une forme ancienne qui n’est plus comprise et une forme moderne qui lui ressemble, et que « […] les ‘‘légendes onomastiques’’ (légendes fondatrices, hagiotoponymiques, explicatives) […] [servent à] procurer une nouvelle « justification » à la forme telle qu’elle est désormais perçue et comprise ». Si ces remotivations ont traditionnellement mauvaise presse en linguistique diachronique, l’auteur les considère comme l’expression de la créativité linguistique humaine et comme des indices pour l’étude des mots. Andres Max Kristol, « Motivation et remotivation des noms de lieux : réflexions sur la nature linguistique du nom propre », dans Jean-Noël Pelen (dir.), « Récit et toponymie », Rives méditerranéennes, 11, 2002, p. 105-120, https://doi.org/10.4000/rives.121, 34, 40 (consulté le 20 juin 2022).
37 Récit légendaire de la fondation de l’abbaye Notre-Dame du Vœu par Mathilde l’Empresse, petite fille de Guillaume le conquérant, qui revenait d’Angleterre. Ce récit a été rapporté par plusieurs auteurs à partir du xviie siècle.
38 L’historien de Cherbourg, Robert Lerouvillois, qui défendait cette origine du nom, a intitulé Chante-Grenouille le tome 1 des Chroniques de l’Astrolabe, Isoète, Cherbourg, 1992. Près de la ville romaine de Nasium (Naix-aux-Forges), la commune nouvelle de Chanteraine a créé récemment un blason avec trois grenouilles (Fig. 10).
39 « On ne parle de loi que lorsqu’un ensemble de faits obéissent à la même règle, et malgré certaines apparences contraires, les évènements diachroniques ont toujours un caractère accidentel et particulier », Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, (1916) 2016, p. 187.
40 Pour Alain Catherinet, le toponyme est un « micro-récit de tous les possibles ». À Langres, le « vico Radulfi Faÿssetel » (1222) est devenu « Raoul le Faisses », puis la « Ruelle [aux] Faisses », et enfin la « Rue aux Fées » (1458). Alain Catherinet, « La rue aux fées de Langres, l’apport de la toponymie aux sciences historiques », dans Espace représenté, espace dénommé. Géographie, cartographie, toponymie, dir. Jean-Charles Herbin et Michel Tamine, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2007, p. 59-78.
41 Evangelos Drymbetas, « L’incertitude dans les phénomènes non linéaires : la théorie du chaos », dans Risque, nature et société, Actes du séminaire « Delphes I », Paris, éditions de la Sorbonne, 1996 [en ligne] URL : https://books.openedition.org/psorbonne/32043 (consulté le 20 juin 2022).
42 Voir le concept de « résilience » que mobilise Sandrine Robert pour étudier la transmission et les changements dans les formes du paysage. Sandrine Robert, La résilience, persistance et changement dans les formes du paysage, ISTE éditions, 2021, 288 p., en part. p. 209 et suiv.
43 Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum, 2, M. G. H., Script. rer. merovingic., t. 1, Hanovre, 1884, p. 749 ; « L’évêque recourt à une technique d’oblitération-remplacement [par un] jeu de quasi-homonymie ou homophonie », Pietro Boglioni, « Du paganisme au christianisme. La mémoire des temps et des lieux », Archives de sciences sociales des religions, n. 144, 2008, p. 75-92, p. 79. https://doi.org/10.4000/assr.17883 (consulté le 20 juin 2022) ; l’épisode a été relaté également par Edouard Salin, La civilisation mérovingienne, d’après les sépultures, les textes et le laboratoire, t. 1, Paris, Picard, 1949, p. 83.
44 « Curieusement, si les premières motivations du nom de lieu sont souvent banales, les noms remotivés se caractérisent souvent par une grande originalité, des images fleuries et des trouvailles étonnantes », Andres Max Kristol, « Motivation et remotivation des noms de lieux… » (op. cit. n. 4) [en ligne] 35. Voici la localisation des exemples cités : « la Queue de Renard » à Fécamp (Calvados), « la Queue de la Reine » à St-Aignan-des-Gués (Loiret) et « le Canton Ruineux » près de Nogent-sur-Seine (Aube).
45 La base de données des toponymes de l’IGN était encore récemment appelée BDnyme. Elle est devenue aujourd’hui la « couche toponymes » de la BDtopo.
46 Nous avons mis en œuvre cette idée à la suite d’échanges avec Éric Mermet, ingénieur d’études de la plateforme géomatique de l’EHESS, et Catherine Dominguès, chargée de recherche au laboratoire COGIT de l’IGN. Voir : Catherine Dominguès et Iris Eshkol-Taravella, « Écriture des toponymes en français : variations entre normes et usages », Cahiers de lexicologie, n. 110, 2017, p. 151-170, en part. p. 170.
47 L’intérêt de ces rapprochements géographiques est connu des toponymistes, quoiqu’assez peu utilisé : « Il faut insister sur l’importance d’un regard attentif sur le voisinage immédiat d’un toponyme. Un seul nom voisin peut éclairer ou renforcer une hypothèse. C’est ce qu’a fort bien montré Guy Villette avec l’exemple de Marboué (Eure-et-Loir), Marboetum vers 1100, probable domaine de Marbod et dont le nom se retrouve dans un hameau voisin, le Croc-Marbod », Stéphane Gendron, L’origine des noms de lieu en France, essai de toponymie, Errance, 2008, [2e éd.], p. 40.
48 Blandine Vue a développé l’idée que des familles de toponymes proches géographiquement, jusqu’à 2 km entre eux, pouvaient se rapporter à un même toponyme « mère ». Blandine Vue, Microtoponymie et archéologie des paysages… (op. cit. n. 5), p. 75.
49 Topomine permet la recherche itérative de toponymes à l’aide d’opérateurs spécifiques aux chaînes de caractères. Il permet également de rechercher des toponymes dans un rayon géographique donné. De nouvelles approches géographiques des toponymes se développent actuellement grâce à cet outil disponible [en ligne] URL : https://paris-timemachine.huma-num.fr/topomine-recherche-iterative-de-toponymes/ (consulté le 15 décembre 2022).
50 Notamment à cause d’une approche essentiellement géographique des toponymes (entretien avec Sébastien Nadiras, responsable du centre d’onomastique des Archives nationales, 2014).
51 Les actes du colloque de Reims de la Société française d’Onomastique, en 2005, en témoignent puisque, malgré son thème et intitulé, très peu de communications portent sur la géographie des toponymes et aucune ne les cartographie. Jean-Charles Herbin et Michel Tamine, Espace représenté, espace dénommé. Géographie, cartographie, toponymie, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2007, 398 p.
52 « Quant à la méthode, elle tient essentiellement dans un principe que l’on retrouve dans l’Avant-propos des Noms de lieux de la France qui reproduit la leçon du 5 décembre 1889 : ‘La seule méthode véritablement scientifique consiste à rechercher les formes anciennes de chacun de ces noms’. […] La phonétique ne vient qu’en second lieu ». Jacques Chaurand, préface à Auguste Longnon, Les noms de lieu de la France, leur origine, leur signification, leurs transformations, Paris, Honoré Champion, 1999, p. iii.
53 Néanmoins un travail de collecte et de géolocalisation des attestations anciennes, le Dictionnaire topographique de la France, a été entrepris par Sébastien Nadiras [en ligne] URL : https://dicotopo.cths.fr (consulté le 15 décembre 2022).
54 L’historien Alain Guerreau signalait, en 2014, les riches possibilités offertes par l’exploitation de grandes bases de données, comme le ficher Fantoir, avec les systèmes d’information géographique : « Le fichier FANTOIR est d’une richesse indicible ; la possibilité d’en exploiter les données numériquement et cartographiquement à l’aide d’outils libres puissants ouvre des perspectives que l’on a du mal à imaginer ; […] il reste juste à souhaiter que toutes celles et ceux qui peuvent en tirer parti - géographes, philologues, toponymistes, historiens… - puissent s’en saisir pour en faire surgir la masse énorme d’informations qu’il recèle ». Alain Guerreau, « FANTOIR géolocalisé : mode d’emploi simplifié Les possibilités du fichier national Fantoir des voies et lieux-dits », Bulletin du centre d’étude médiévales d’Auxerre BUCEMA, Hors-série n. 9, Géolocalisation et sources anciennes, 2016, p. 16 [en ligne] URL : http://cem.revues.org/13835 (consulté le 15 décembre 2022).
55 L’étude a extrait de la base de données toponymique de l’IGN plus de 6100 toponymes liés au hêtre.
56 Voir Sources et techniques de l’archéogéographie, dir. Sandrine Robert, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2011, et Sandrine Robert, La résilience… (op. cit. n. 6), p. 71.
57 « Si l’on prononce à haute voix […] ‘‘Raoul le Faisses / Fée’’ (avec finale -es muette), on constate qu’elle est très voisine de cette autre forme intermédiaire : ‘‘Ruelle [aux] Fées’’ (toujours prononcée à haute voix) » et « Autrefois, dans les communautés rurales, la transmission des noms de lieux (ou microtoponymes) se faisait traditionnellement par voie orale ; aussi est-il important, dans tout travail sur la matière toponymique […] de raisonner à haute voix afin de mieux comprendre les phénomènes linguistiques de la transmission populaire […] », Alain Catherinet, « La rue aux fées de Langres », (op. cit. n. 7), p. 72 et note 43.
58 Cette mention apparaît dans le texte anonyme le Périple de la mer Érythrée. Hélène Cuvigny, communication orale, « Pourquoi les textes sur ostraca trouvés dans les forts romains du désert de Bérénice n’en disent-ils par davantage sur le commerce érythréen ? », séminaire de Jean-Pierre Brun, Techniques et économies de la méditerranée antique, Collège de France, Paris, 3 décembre 2013, vers 25’, URL : https://www.college-de-france.fr/site/jean-pierre-brun/seminar-2013-12-03-10h00.htm (consulté le 15 décembre 2022).
59 Robin Fleming, « The movement of people and things between Britain and France in the late and post-Roman periods », dans The Oxford Handbook of the Merovingian World, dir. Bonnie Effros et Isabelle Moreira, Oxford, Oxford University Press, 2020, p. 370-388.
60 Des estampilles CL. BR / CLAS. BRIT ont été retrouvées à Richborough, Dover, Lympne, Hastings (Beauport park), Folkestone, Boulogne…, Barbara Delacroix, « Les phares romains de la façade atlantique – Manche – Mer du Nord : amers, marqueurs d’une navigation côtière extra-méditerranéenne », dans Anciens peuplements littoraux et relations Homme / Milieu sur les côtes de l’Europe atlantique, Marie-Yvane Daire et al., Oxford, Archaeopress (BAR international series 2570), 2013, p. 223-231, en part. p. 224.
61 Richborough est très probablement le lieu du débarquement des légions de Claude lors de la conquête de la Bretagne en 43 ap. JC. Le fort de Rutupiae existe encore au iiie siècle. Sandwich (sand-wic) signifie littéralement : « le port dans les sables ». Tony Wilmot, « Roman Richborough », Historic England Research, 16, 2020, p. 6-15 [en ligne] URL : https://historicengland.org.uk/images-books/publications/historic-england-research-16/he-research-16/ (consulté le 15 décembre 2022).
62 Bonnie Effros et Isabelle Moreira, « Introduction », The Oxford Handbook of the Merovingian World, (op. cit. n. 8), p. 3-34, en part. p. 3.
63 Sur la question de la transmission qui s’accompagne de transformations (« transformission ») et le concept de résilience en archéogéographie, voir Sandrine Robert, La résilience…, (op. cit. n. 6), en part. p. 92-93. « […] la résilience est un principe de stabilité dans le changement jusqu’à un point de rupture ou bifurcation », Gérard Chouquer, « Glossaire », 81, p. 302, dans Gérard Chouquer (dir.), « Objets en crise. Objets recomposés. Enjeux et contours de l’archéogéographie », Études rurales, 167-168, 2003 [en ligne] URL : https://doi.org/10.4000/etudesrurales.2928 (consulté le 15 décembre 2022). Voir aussi : « […] le système ne se répète pas à l’identique ; il se pérennise en se transformant ». Gérard Chouquer, L’étude des paysages : essai sur leurs formes et leur histoire, Paris, Errance, 2000, 208 p., p. 109-110. Nous pensons que ces principes, appliqués par Gérard Chouquer et les archéogéographes principalement aux formes du paysage, s’appliquent aussi à la linguistique, aux toponymes et aux mots du lexique. Gérard Chouquer appelle d’ailleurs lui-même à en renouveler l’approche dans son traité d’archéogéographie, voir : « Leur [les noms de lieux] particularité est de constituer une mémoire des lieux transmis, transformée, fluctuante, qui repose sur des modes de désignation et de caractérisation qui sont ceux de la population et non ceux de l’historien ou de l’anthropologue », « 14. La naturalisation des noms des lieux : lieudits et toponymes », Gérard Chouquer, Traité d’archéogéographie. La crise des récits géohistoriques, Errance, 2008, p. 125.
64 Hubert Le Bourdellès, « La toponymie de Quentovic », dans Quentovic. Environnement, archéologie, histoire. Actes du colloque international de Montreuil-sur-Mer, Étaples et Le Touquet et de la journée d’études de Lille sur les origines de Montreuil-sur-Mer (11-13 mai 2006 et 1er décembre 2006), éds. Stéphane Lebecq, Bruno Béthouart, Laurent Verslype, Lille, Université Charles-de-Gaulle-Lille 3, p. 237-240.
65 « La centena et le centenarius ont-ils été repris au Bas-Empire ou hérités des Barbares ou forgés par eux ? », Léopold Génicot, « La centena et le centenarius dans les sources ‘belges’ antérieures à 1200 », dans Aux sources de la gestion publique (tome 1) : enquête lexicographique sur fundus, villa, domus, mansus, dir. Elizabeth Magnou-Nortier, Lille, Presses universitaires de Lille, 1993, p. 85-102, en part. p. 86.
66 « La centaine, dont l’origine romaine ou germanique est encore discutée, serait au départ un groupe d’hommes armés cantonné dans un lieu donné et dirigé par un centenarius. Elle correspondrait aux Huntari germaniques […]. Elle aurait été préférentiellement installée dans des endroits stratégiques, près des routes ou des cours d’eau navigables. Cette militia aurait eu des fonctions de police et/ou de justice », Jean-François Boyer, Pouvoirs et territoires en Aquitaine du viie au xe siècle. Enquête sur l’administration locale, Stuttgart, Franz SteinerVerlag, 2018, p. 376.
67 Ibid., p. 376.
68 Ibid., p. 463.
69 « […] le centenarius était avant tout un officier d’administration. C’était lui qui avait la police et l’organisation du marché aussi bien que la justice ; c’était par ses soins et par les soins des telonearii, ses subordonnés, que les tonlieux étaient perçus », Paul-Louis Huvelin, Essai historique sur le droit des marchés et des foires, Paris, Université de Paris, 1897, p. 196.
70 Robert Marichal, « Les ostraca de Bu Njem »… (op. cit. n. 9), p. 443.
71 Les récits des premiers tournois, qui n’emploient d’ailleurs pas encore le mot, les situent « à la croisée des chemins », et la « lice » était alors un espace très large et non limité. La relation avec le lieu où se tiennent marchés et foires apparaît clairement dans le neuvième canon du concile de Clermont, en 1130 : « […] nous interdisons le plus fermement du monde la tenue de ces abominables marchés ou foires où les chevaliers ont coutume de s’assembler pour mesurer leurs forces et leur audace », Richard Barber et Juliette Barber, Les tournois, Paris, 1989, p. 26-27.
72 Matthaei (Mathieu) Paris, Angli Historia Major, (op. cit. 10), p. 1151. Quintena désigne ici clairement, en 1250, l’espace où l’on s’affronte (stadium). La traduction anglaise de Giles (1852) est inexacte puisqu’elle fait de la quintaine le jeu lui-même : « […] in the game which is commonly called ‘Quintain’ ». À l’inverse, la traduction française de Huillard-Bréholles (1840) est plus rigoureuse en utilisant le terme de « lice » pour stadium : « […] dans la lice qu’on appelle vulgairement Quintaine ».
73 « Canton », dans Dictionnaire étymologique de la langue française tiré de la grammaire des langues romanes, trad. Friedrich Christian Diez, Ernest Hauschild, Hinrichs, Leipsic, 1843, p. 24.
74 « Cantine », « Canton », dans Dictionnaire de la langue française, Émile Littré, t. 1, Paris, 1873, p. 474. Amédée Tardieu est un archiviste paléographe français, diplomé de l’École des chartes, bibliothécaire de l’Institut de France en 1858, qui ne faisait sans doute pas autorité face à Friedrich Christian Diez, le père de la philologie romane.
75 « Canton », dans Dictionnaire étymologique et historique du français, Jean Dubois, Henri Mitterand et Albert Dauzat, Paris, Larousse, (1964) 2011, 1280 p. ; « Cantina : Etimol. incerta ; un rapporto con ‘canto’ non è evidente né per il senso, né per la forma » (Cantina : étymologie incertaine ; une relation avec ‘canto’ n’est pas évidente, ni par le sens, ni par la forme.), « Cantina », dans Dizionario etimologico italiano, Carlo Battisti et Giovanni Alesio, Firenze, Barbèra, 1950, p. 728.
76 « Canthus », dans Dictionnaire étymologique et historique du galloroman - Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW), Walther von Wartburg, Bâle, Zbinden, 1922-1967, p. 227-229.
77 Pierre-Henri Billy, avec qui nous avons échangé au début de notre recherche, considérait alors le rattachement de ces mots à quintana comme strictement impossible, ce qui est exact si l’on s’en tient à la philologie romane admise.
78 « […] au quanton des Forges d’icelle, et là avoir le-dit Rolland la teste tranchée sur un échaffault, pour être mise au plus apparent et eminent lieu de la dicte ville », Daniel Massiou, Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge et de l’Aunis, Paris, Pannier, 1840, p. 518-519.
79 « Canthus », dans Dictionnaire étymologique…, Walther von Wartburg, (op. cit. n. 11), p. 231.
80 Id.
81 Charles Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, t. V, Paris, Leroux, 1903, p. 196.
82 « Khan », dans A Trade Routes' Glossary: Architectural, Geographical, and Historical Terms Relating to Long Distance Trade, Communication, and Pilgrimage Route, T. Matthew Ciolek, Old World Trade Routes (OWTRAD) Project, Canberra, 2009 [en ligne] URL : http://www.ciolek.com/OWTRAD/trade-routes-glossary.html#K (consulté le 15 décembre 2022).
83 « Quintana », dans Diccionariu de la Llingua Asturiana, par Coll., Uviéu, Academia de la llingua asturiana, 2000, p. 1006.
84 Voir « Encan », dans Trésor de la langue Française informatisé, ATILF, CNRS/Université de Lorraine [en ligne] URL : https://www.cnrtl.fr/etymologie/encan# (consulté le 15 décembre 2022). Voir aussi : « C’est la criée où les choses se vendent au plus offrant & dernier enchérisseur. Il semble que Ragueau, dans son Indice, le veuille dériver de Quintana qui étoit une porte dans le camp des Romains où les choses se mettoient aux enchères, mais je crois que nous l’avons formé d’inquantum, c’est-à-dire, pour combien, parce que le crieur proclame pour combien on veut donner la chose », « Inquant, ou enquant », dans Dictionnaire étymologique de la langue françoise, Gilles Ménage, Briasson, 1750, vol. 2, p. 84. Von Wartburg le rattache à quantus (combien), voir « inquant », dans Dictionnaire étymologique…, Walther von Wartburg, (op. cit. n. 11), p. 1419.
85 La forme inquantum apparaît dans des textes médiévaux, savants ou religieux, par exemple chez Saint-Thomas d’Aquin, pour « en tant que » : « et sic, inquantum accedunt ad naturam formarum accidentalium » (ainsi, en tant qu’elles s’approchent de la nature des formes accidentelles), Saint-Thomas d’Aquin, Le mélange des éléments, à maître Philippe, Paris, Vivès, 1857, édition numérique, 2007, op. 32, 69 885 [en ligne] URL : http://docteurangelique.free.fr (consulté le 15 décembre 2022).
86 « Cet objet symbolique et religieux représente en quelque sorte la puissance de Rome, de ses dieux et de ses autorités partout où elle est transportée ». Jocelyne Nélis-Clément, Les Beneficiarii…, (op. cit. n. 3) [en ligne] URL : https://books.openedition.org/ausonius/3971, 27 (consulté le 15 décembre 2022) et peut-être l’emblème de leur autorité sur le contrôle des ventes.
87 Par exemple : « Les Quintaines. Et ban de non vendre vin en détail et broche à Chalons par certains jours par les particuliers : mais par le Roy, Évêque ou Chapitre seulement […] », dans Glossaire du droit françois contenant l’explication des mots difficiles qui se trouvent dans les ordonnances de nos roys, dans les coustumes du royaume, dans les anciens arrests et les anciens titres donné cy-devant au public sous le nom d'Indice des droits royaux et seigneuriaux, François Ragueau, Vol. 2, Paris, Guignard, 1570, p. 265.
88 « Quinter l’or et l’argent. C’est le marquer après l’avoir essayé & pesé, & en avoir fait payer le droit de quint au Roi », dans Dictionnaire universel de commerce, Jacques Savary Des Bruslons, t. 3, Paris, Estienne, 1741 ; le TLFi donne : « 1. Ca 1100 intrans. cunter « calculer » (Roland, éd. J. Bédier, 2759) ; mil. xiie s. trans. Cunter « dénombrer, faire le compte de » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, CXVI, 4) », « Compter », Trésor de la langue française informatisé, (op. cit. n. 12) [en ligne] http://atilf.atilf.fr/tlfi.htm (consulté le 15 décembre 2022).
89 « Kантар », dans Wiktionnaire [en ligne] URL : https://fr.wiktionary.org/wiki/кантар (consulté le 15 décembre 2022).
90 Gilbert Dagron, Cécile Morisson, « Le Kentènarion dans les sources byzantines », Revue numismatique, 6e série, t. 17, 1975, p. 145-162.
91 À titre d’exemple, encore aujourd’hui, le locuteur du dialecte picard, au nord de la France, prononcera « centaine » avec le son « k » au début du mot, comme s’il prononçait « quantaine » (information de Sandrine Robert, 2015) ; au sud-ouest, le locuteur du dialecte gascon prononcera, en revanche, « centaine » comme « saintaine » ou « ceinture », avec le même son ouvert que dans « quintaine » (observations personnelles en gascogne toulousaine, 2007 à aujourd’hui).
92 Voir, à propos de la transmission orale, 2.4 et note 57. Alain Catherinet précisait, en matière de toponymes, qu’il y avait des interactions, et une évolution parallèle, dans le domaine de l’écrit. Il est possible qu’il en soit de même, en dehors des toponymes, pour les mots d’usage courant « On le voit, nous sommes ici dans un processus d’évolution parallèle entre une pratique orale de tous les jours et une pratique écrite issue des chancelleries locales […] », Alain Catherinet, « La rue aux fées de Langres… », (op. cit. n. 7), p. 73.
93 « quintar (de « quinto ») […] 2 Decidir por sorteo qué mozos han de prestar el servicio militar », dans Diccionario del uso del espanol, María Moliner, 2e éd. , Madrid, 1998, p. 840.
94 « Chapitre II Milices de France Organisation et recrutement Ordonnance de 1726 ART. 1er – On lèvera dans toutes les généralités du royaume un corps de milices […]. Ces levées formeront 100 bataillons. Chaque bataillon sera de 6 compagnies de 100 hommes. […] ART. 2 – Chaque généralité sera divisée en cantons militaires […] ART.5 - Tous les habitants de la paroisse, depuis l’âge de 16 ans jusqu’à 40 ans, non mariés, doivent tirer au sort entre eux », dans Armée française : les régiments sous Louis XV, Lucien Mouillard, Paris, Baudoin, 1882 [en ligne], http://pfef.free.fr/Anc_Reg/Unif_Org/Mouillard/Mouillard_L1c02.htm (consulté le 15 décembre 2022).
95 « Canton », dans Argoji, dictionnaire d’argot classique […], Charles Boutler, (op. cit. n. 13) [en ligne].
96 « 1. Lieu où l’on vend à boire dans les casernes, les prisons, etc. Il y a des cantines ambulantes qui suivent les troupes en marche. 2. Petite caisse divisée en compartiments qui sert à transporter des flacons de vin et d’autres liqueurs. Remarque : Il ne faut pas employer cantine pour cruche, ni dire : remplissez cette cantine », « Cantine », dans Dictionnaire de la langue française, Émile Littré, Paris, 1873.
97 « Cantonera », dans Gran diccionario del argot El Sohez, Delfin Carbonell Basset, Barcelone, Larousse, 2000, 776 p. et « Cantonière », dans Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, Edmond Huguet, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, t. 2, 1932, p. 78.
98 Émilie Robbe, « La vivandière et la cantinière dans les collections du musée de l’Armée » [en ligne] https://collections.musee-armee.fr/la-vivandiere-et-la-cantiniere-dans-les-collections-du-musee-de-larmee/ (consulté le 15 décembre 2022).
99 Gil Mihaely, « L’effacement de la cantinière ou la virilisation de l’armée française au xixe siècle », Revue d’histoire du xixe siècle, 30, 2005, (26) [En ligne] https://journals.openedition.org/rh19/1008?&id=1008 (consulté le 15 décembre 2022) et « Vivandière du régiment, c’est Catin qu’on me nomme, je vends, je donne et bois gaîment mon vin et mon rogomme. J’ai le pied leste et l’œil mutin […] soldats, voilà Catin ! », Pierre-Jean de Béranger, Œuvres complètes, Paris, H. Fournier, t. 1, 1839, p. 272-274 [en ligne] https://fr.wikisource.org/wiki/Œuvres_complètes_de_Béranger/La_Vivandière (consulté le 15 décembre 2022).
Pour citer ce document
Des traces toponymiques et lexicales du contrôle du territoire par l’Empire romain», Annales de Janua [En ligne], Les Annales, n° 9, mis à jour le : 13/11/2023, URL : https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr:443/annalesdejanua/index.php?id=3190.
Quelques mots à propos de : Philippe Hirou
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